Le rapport Sauvé estime à 216.000 le nombre de personnes majeures ayant fait l'objet d'abus sexuels pendant leur minorité de la part de clercs ou de religieux catholiques en France de 1950 à 2020. Les associations de victimes, comme en Vendée, se félicitent de ce premier pas.
Le nombre de victimes grimpe à "330.000 si l'on ajoute les agresseurs laïcs travaillant dans des institutions de l'Eglise catholique" (aumôneries, enseignants dans les écoles catholiques, mouvements de jeunesse), a ajouté Jean-Marc Sauvé en rendant publiques les conclusions de la commission qu'il préside.
Aprés deux ans et demi d'enquête, la publication de ce volumineux rapport de plus de 2000 pages marque d'abord une première réparation symbolique pour les associations de victimes.
Une première réparation morale
Jean-Pierre Sautreau est le fondateur du Collectif des victimes de violences sexuelles en Vendée.
Lui-même a été victime d'abus sexuels dans son enfance au séminaire de Chavagnes-en-Paillers en Vendée, il a publié deux livres qui ont contribué à lever le tabou sur les agissements des pédocriminels au sein de l'Eglise.
"Pour les victimes le fait que ce rapport existe c'est une première forme de reconnaissance de la réalité des actes" précise Jean-Pierre Sautreau.
"La victime se trouve toujours au moment de la prise de parole un peu seule" ajoute t'il.
"Or à partir du moment où un tel rapport est publié, on se trouve solidaire de dizaines de milliers de victimes. On a 3000 abuseurs, déjà moralement et psychologiquement on a une forme de réparation" conclut le fondateur du Collectif des victimes de violence sexuelle en Vendée.
Egalement membre du Collectif des victimes de violences sexuelles en Vendée, Jean-René tenait lui à assister directement à la remise du rapport Sauvé en se rendant à Paris.
"C'était très solennel avec des prises de parole des uns et des autres", précise-t-il au téléphone après la fin de la conférence de presse.
"Je ne dirais pas que je suis déçu mais j'aurai aimé qu'il parle davantage du passé plutôt que de l'avenir" détaille le secrétaire du Collectif des victimes de violences sexuelles en Vendée.
"Monsieur Sauvé a passé plus de temps sur les recommandations pour que ce qui s'est passé ne se reproduise pas" explique-t-il "c'est très important aussi bien sûr, mais ça m'a laissé sur ma faim".
Un côté systémique dans les agressions
"Ce qu'il faut faire, c'est que nous étudions le rapport qui nous a été remis" précise Jean-René.
"Il y est question entre autres du petit séminaire de Chavagnes-en-Paillers. D'ailleurs je viens de parler à Monsieur Portier, membre de la CIASE qui est passé dans tous les diocèses concernés pour recueillir les documents" ajoute-t-il.
"Il vient de me dire qu'il a trouvé énormément de choses qui lui permettent de dire qu'il y avait un côté systémique dans les agressions".
L'Église catholique a manifesté "jusqu'au début des années 2000 une indifférence profonde, et même cruelle à l'égard des victimes" de pédocriminalité, a affirmé Jean-Marc Sauvé, le président de la Commission qui a enquêté sur son ampleur.
De 1950 aux années 2000, "les victimes ne sont pas crues, entendues, on considère qu'elles ont peu ou prou contribué à ce qui leur est arrivé", a-t-il ajouté, en rendant publiques les conclusions de ses travaux, devant l'épiscopat, les ordres
religieux et des responsables d'associations de victime.
Une institution indépendante por réparer
"Réparer" le mal fait aux victimes implique "la reconnaissance de la qualité de victime des personnes, par une institution indépendante mise en place par l'Eglise", a estimé Jean-Marc Sauvé.
"La question de l'indemnisation n'est pas un don, c'est un dû", a-t-il ajouté, plaidant pour cette solution plutôt qu'un allongement des délais de prescription.
Jean-René, membre du Collectif des victimes de violence sexuelle en Vendée acquiesce à ce point du rapport : "Nous sommes dans une société où lorsqu’il y a préjudice il faut qu'il y ait réparation au préjudice" assène-t-il.
"Qui dit réparation au préjudice dit une réparation par espèces sonnantes et trébuchantes. Donc, plus ils verseront d'argent plus ils reconnaitront le mal qui a été fait" termine Jean-René.
Le fondateur du Collectif des victimes de violences sexuellse en Vendée rajoute quant à lui :"Bien sûr on ne va pas réparer les vies gâchées, on ne va pas réparer un cancer, un divorce etc."
"N'empêche qu'être reconnu victime à sa juste valeur, à sa juste mesure ça peut quand même aider beaucoup à repartir dans la vie" conclut Jean-Pierre Sautreau.
Tous les membres du collectif qu'il a fondé doivent se réunir en fin de semaine à La Roche sur Yon pour étudier en détail le rapport Sauvé.
Ils ont prévus d'organiser la suite de leur combat pour la reconnaissance des abus sexuels qu'ils ont subi de la part de prêtres catholiques alors qu'ils étaient jeunes enfants.
Pour l'instant officiellement 135 personnes ont été reconnues victimes d'abus sexuels en Vendée pour 45 abuseurs.
Les faits remontent pour les plus récents aux années 70 ils sont donc sont tous prescrits.