Des zones humides en danger. Une étude pour faire le point sur la biodiversité dans les marais du littoral Atlantique

Les marais du littoral Atlantique sont notre Amazonie locale ! Il faut donc les protéger. Mais ce sont aussi des territoires façonnés par l'être humain et qui sont aujourd'hui menacés du fait du changement climatique. D'où l'idée du projet baptisé "Mavi", comme "maintenir les marais vivants". Illustration dans le marais doux de la Vacherie sur la commune de Champagné-les-Marais, en Vendée.

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Le marais de la vacherie est une réserve naturelle voulue par la Région des Pays de la Loire. Elle s'étend sur 180 hectares gérés par la Ligue de Protection des Oiseaux en partenariat avec les éleveurs locaux.

C'est là que, la veille, l'équipe de l'INRAE, l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement, avait posé trois filets dans cette zone marécageuse.

L'équipe commence ce matin-là par trier et catégoriser les espèces récoltées dans les filets, puis pèse et mesure ce qu'elle a afin d'avoir une idée des volumes présents dans cette parcelle de marais. On observe également les possibilités d'hybridation entre espèces.

Des espèces exotiques invasives 

L'un des premiers constats, c'est la bonne acclimatation, malheureusement, de certaines espèces invasives, comme l'écrevisse de Louisiane qui contribue à détériorer le marais.

"L'écrevisse de Louissiane va perforer les berges en faisant des trous, explique Vincent Boutifard, ingénieur d'étude à l'INRAE. Ce qui va contribuer à l'écroulement des berges et à une mauvaise stabilisation du marais.  Et elle va manger de tout, végétaux, animaux, c'est une espèce problématique pour les marais."

Son collègue Ludovic Pepin, technicien de recherche à l'INRAE,  tient lui dans sa main une autre espèce envahissante et posant problème au marais : le Gambusie.

"C'est un poisson exotique envahissant qui vient d'Amérique du Nord, de Floride essentiellement, précise-t-il. C'est un poisson qui a été importé dans les années 30-40 pour lutter contre le moustique. Il se nourrit beaucoup de larves de moustiques, mais pas seulement. Quand il a été importé, c'était pour lutter contre le paludisme."

Une fausse bonne idée que cette importation, car le Gambusie se nourrit aussi beaucoup d'œufs de libellule et de poissons. Il met en danger la biodiversité locale.

"Il ne faut pas s'endormir"

Une fois les données récoltées, il faut remettre le produit de la pêche à l'eau. Mais seulement ce qui est originaire de cette région, et très précisément à l'endroit où cela a été pêché. Les espèces exotiques invasives, elles, ne seront pas remises à l'eau.

Le projet Mavi, maintenir les marais vivants face aux changements climatiques est un projet porté par l'INRAE et financé par la Région Nouvelle Aquitaine et l'Agence de l'eau Adour-Garonne. Cette étude s'intéresse à comprendre comment la gestion de l'eau dans les marais doux (dont l'eau est consommable par les animaux malgré un reliquat de sel) impacte la biodiversité et le stockage du carbone. 

"Ça permet d'évaluer notre travail, explique Victor Turpaud, Conservateur de la réserve naturelle régionale du marais de la Vacherie. On met en place des gestions qui sont favorables, mais il ne faut pas s'endormir puisque les choses évoluent en permanence. Le climat évolue très vite, il faut se préparer à la suite."

Trois ans d'étude

Cinq sites représentatifs des marais locaux ont été identifiés pour cette étude, en Vendée et en Charente-Maritime.

"On a eu des changements importants, constate Vincent Boutifard, notamment la sécheresse de 2022 avec des marais qui se sont asséchés très tôt dans l'année et qui ont causé des difficultés pour la biodiversité, notamment les poissons. Mais également pour les activités agricoles."

Dans le détail, il est encore trop tôt pour savoir précisément quelles espèces ont été les plus impactées. Il faudra attendre la fin de cette étude qui est prévue sur trois ans. Une période nécessaire pour avoir des résultats significatifs. Mais déjà des dysfonctionnements du milieu ont été constatés.

Des déséquilibres dus aux changements climatiques

"Les premiers résultats montrent une très forte dégradations des zones humides avec énormément d'espèces exotiques envahissantes dans les fossés, révèle Vincent Boutifard. Il y a des problèmes, des déséquilibres induits par le réchauffement climatique, l'activité humaine ou l'introduction d'espèces exotiques envahissantes qui vont complètement perturber le milieu." 

Ce que l'on peut craindre, c'est que le rôle "écosystémique" des marais se dégrade, par exemple, qu'ils ne puissent plus jouer leur fonction de filtration de l'eau ou de stockage de l'eau lors de périodes très humides.

"On est dos au mur, déplore Vincent Boutifard. L'effondrement de la biodiversité à l'échelle locale, voire internationale, est présent. Les espèces exotiques envahissantes peuvent faire proliférer des maladies qui vont contaminer soit l'homme, soit les animaux avec l'élevage."

"On prend des périodes très difficiles"

"Depuis les cinq dernières années, on prend des périodes très difficiles, confirme le conservateur de la réserve naturelle. Des grandes sécheresses et, au contraire, des submersions très rapides. Il faut à la fois être capable de conserver de l'eau en été pour l'abreuvement des animaux ou pour répondre aux cycles biologiques, mais il faut aussi être capable d'évacuer l'eau quand elle est en quantité beaucoup plus importante."

Une bonne nouvelle tout de même : l'équipe de l'INRAE a pu constater la présence de l'anguille européenne dans la réserve naturelle du marais de la vacherie, une espèce classée en danger critique d'extinction.

Olivier Quentin avec Marion Naumann.

Voir le reportage de Marion Naumann, Elodie Berthe et Alexis Le Grand

durée de la vidéo : 00h02mn06s
Etude de la biodiversité dans le marais vendéen ©France Télévisions Marion Naumann, Elodie Berthe et Alexis Le Grand

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