Tempête Xynthia, 10 ans après : à La Faute-sur-Mer, "On n'oubliera pas, c'est pas possible, mais la vie continue"

C’était dans la nuit du 27 au 28 février 2010, une tempête exceptionnelle qui a notamment soufflé sur la région des Pays de la Loire, au point de tuer 31 personnes, dont 29 sur la seule commune de La Faute-sur-Mer, en Vendée. Au total, 47 personnes périront lors de cette nuit de cauchemar.

Le 27 février 2010, les autorités lancent l'alerte rouge, l'annonce est fortement relayée dans les médias. Tout le monde se prépare à des vents violents. Erreur, en réalité, le danger vient de la mer.

En Vendée, le Lay sépare la commune de La Faute-sur-Mer de celle de l’Aiguillon-sur-Mer. Et il se jette dans l’océan Atlantique un peu plus bas. Comme cela arrive souvent quand il y a un fort coefficient de marée, la mer rentre un petit peu dans le lit de la rivière. 

Sauf que ce soir-là, la combinaison d'un coefficient de marée de 102, avec des vents à près de 160 km/h, plus une dépression atmosphérique qui vient des Açores fait que l'eau arrive dans la rivière plus violemment que d’habitude, au point de la faire déborder. Des centaines de maisons sont ainsi la proie des eaux, prenant littéralement au piège chez eux des habitants qui dormaient.
 

"Heureusement, parce que là on serait mort" 

Un lotissement est particulièrement touché : celui des Flots Bleus, à la Faute-sur-Mer. Construit entre la mer et l'estuaire, le quartier se retrouve pris en étau lorsque la mer monte. Les digues sont submergées, les habitants encerclés.

"On ne s'attendait sûrement pas à une submersion marine, on pensait à un coup de vent", se rappelle Thierry Berlemont, sinistré de Xynthia.

Certains riverains ont du mal à sortir de leur maison.

"Dès qu'on s'est levé, il y avait un petit peu d'eau dans la chambre mais très peu car elle était hermétique", se souvient Chantal Berlemont  "le problème c'est que dehors, il y avait plus d'un mètre d'eau déjà. On a ouvert la mauvaise porte, celle du garage, le garage était plein d'eau et on s'est retrouvé avec de l'eau à la taille".

On s'est retrouvés coincés dans le garage. Vite, vite, vite, on retourne dans la maison. A ce moment-là on ne pouvait plus retourner dans la maison. Heureusement, parce que là on serait mort - Evelyne de Regnaucourt, sinistrée de Xynthia

Nous sommes au matin du 28 février 2010. La tempête Xynthia vient de frapper et laisse derrière elle un paysage effrayant : des quartiers entiers de Vendée et de Charente Maritime ont presque disparu sous les eaux. 

Vers 4 heures du matin, les premiers secours arrivent sur place. Dans le noir, les pompiers progressent de maison en maison pour secourir les habitants horrifiés. Il faut faire vite, mais les pompiers font face à une difficulté : sous les eaux, les rues du lotissement sont méconnaissables.

On a tous vu un panneau de stop. Et bien dans ces rues là, au plus loin, les panneaux on ne les voit plus -  Thierry Arnaud, un sapeur-pompier

"L'accès n'est possible qu'en embarcation et les gens on les trouve sur les toits des maisons", raconte-t-il.

Au lever du jour, le bilan est très lourd : 47 personnes ont perdu la vie lors de cette catastrophe dont 35 morts en Vendée, 29 pour la seule commune de La Faute, des centaines de sinistrés et de gros dégâts matériels.

La tempête Xynthia reste dans toute les mémoires comme l'une des catastrophes les plus meurtrières en France et laisse derrière elle un traumatisme psychologique qui, 10 ans après, est toujours présent. 

Et pourtant, rester à La Faute-sur-Mer, ça a été le choix de Michel et Martine dès le lendemain du drame. Leur maison déconstruite, ils ont trouvé un terrain a quelques centaines de mètres de là. Un devoir de mémoire pour eux, et une façon d'aller de l'avant. 

"On se disait : on ne peut pas abandonner les gens comme ça. On ne peut pas abandonner cette commune parce qu'elle est en plein désarroi" explique Michel, "on avait envie de rester et de, peut-être, contribuer à notre façon à ce qu'elle revive, en quelque sorte".

Marie-Jeanne est une voisine. Elle n'aime pas reparler du passé, elle préfère voir le chemin parcouru depuis 10 ans, elle qui a perdu son père et sa mère dans la tempête.

Aujourd'hui, elle vit des jours paisibles dans une zone protégée, même si, cette fois ci, elle a souhaité ajouter un étage. 

"Moi je passe tous les jours devant la maison où étaient mes parents mais je pense que de rester ici, d'assumer les choses sur place, ça nous a aidé. Personnellement, ça a été positif dans ma reconstruction", explique-t-elle. 

On n'oubliera pas, c'est pas possible, mais la vie continue - Marie-Jeanne, habitante de La Faute-sur-Mer

Depuis plusieurs années, La Faute-sur-mer s'est attachée à un travail de résilience. Cela passe par un golf construit sur les lieux des 29 pertes humaines subies par la commune. Mais aussi par des travaux sur les digues comme à la Belle Henriette, particulièrement touchée le soir de Xynthia.

La digue a été renforcée mais aussi embellie avec un chemin cyclable où 100 000 personnes sont attendues cet été. Car La faute-sur-Mer n'a pas perdu son attrait touristique.

"Xynthia est passé donc il faut l'assumer mais derrière, il faut forcément reconstruire un projet, réinvestir le lieu, que chacun retrouve le plaisir de vivre à la Faute-sur-Mer", explique Patrick Jouin, le maire de la commune.

Ça s'appelle la résilience collective, on n'oublie rien mais en même temps, on construit le projet pour vivre bien - Patrick Jouin, maire de La Faute-sur-Mer

Sur le site de l'ancien camping municipal, un skate parc et des jeux pour enfants ont été construits sur 9 hectares. Une manière pour La Faute-sur-Mer de redonner toute sa place à la vie sans oublier sa culture du risque. 

Ce dimanche 1er mars, est organisée une cérémonie de commémoration à la mémoire des victimes. Départ à 10 heures du square Arnaud Beltrame à La Faute-sur-Mer.



 

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