L214 diffuse sur son site web des images de gazage d'élevage intensif de poulets en Vendée. Plus de 14 millions d'oiseaux d'élevage ont été tués par asphyxie dans les Pays de la Loire qui apparaissent comme la région la région touchée par l'épizootie. L214, comme nombre d'éleveurs, met en cause la concentration des élevages avicoles.
La filière avicole depuis de nombreuses semaines refuse de montrer la réalité des gazages des oiseaux dans les élevages de Vendée ou des départements limitrophes. Pas d'images possibles indiquions-nous dans notre journal télévisé du 23 mars dernier. Seuls des témoignages d'éleveurs consternés par la violence de ce qu'ils avaient dû accomplir pour tuer leurs animaux, en les laissant s'asphyxier une nuit entière, ont pu être enregistrés et diffusés.
L214 diffuse sur Youtube des images réalisées il y a quelques jours sur la commune des Landes-Genusson en Vendée. Après que les techniciens d'une entreprise néerlandaise, spécialisée dans le gazage d'animaux à l'aide de dioxyde de carbone, en ont injecté dans le bâtiment d'élevage par la ventilation pour euthanasier les oiseaux.
Une situation hors de contrôle
L214 revient sur la saison 2020-2021, durant laquelle la grippe aviaire avait touché 500 élevages et 3,5 millions d'oiseaux avaient été tués. Des mesures de prévention et biosécurité avaient été prises pour éviter la reproduction de la catastrophe. "Une des mesures phares repose sur la claustration des oiseaux d'élevage. La situation actuelle montre l'échec du dispositif, et de cette mesure en particulier. La Vendée en montre le pire résultat", souligne Sébastien Arsac de L214.
Les élevages professionnels sont les plus touchés. "Au 04 avril 1164 foyers de grippe aviaire ont été identifiés en élevage, dont 508 en Vendée, 42 en faune sauvage, dont un en Vendée et deux en Loire-Atlantique, et 22 en basse-cour", peut-on lire sur le site agriculture.gouv.fr.
Alors on laisse les animaux morts à même le sol en attendant le passage de l'équarrisseur, et, s'il tarde à venir, les éleveurs éliminent leurs oiseaux dans des fosses dans la proximité de leurs exploitations.
Un danger de santé publique
L214 veut engager la responsabilité de l'État dans cette crise. Et souligne les propos rassurants du ministre de l'Agriculture : "la consommation de viande, fois gras, et œufs, et plus généralement de tout produit à base de volaille est sans danger our l'homme". L214 fait remarquer que le ministre ne communique pas sur le danger de santé publique que fait courir la circulation du virus.
Et de citer l'Institut Pasteur : "Si la plupart des virus aviaires n'infectent pas l'homme, certains sous-types parviennent à franchir la barrière des espèces. C'est le cas du H5N1. La transmission du virus ne se fait que de l'animal à l'homme, mais les autorités sanitaires redoutent une évolution du virus vers une forme transmissible d'homme à homme, porte ouverte à une pandémie". Et le sous-type H5N1 est prédominant à 95% en ce moment.
L'Institut Pasteur n'exclut pas une recombinaison génétique du fait de l'épidémie de grippe actuelle. "Un tel phénomène se produit lors d'une co-infection d'un hôte par deux virus différents. Dans le cas présent, un virus aviaire et un virus infectant les mammifères comme l'homme". L214 envisage donc la possibilité que des personnes intervenant dans les élevages infectés soient à l'origine de cette possible recombinaison.
L'échec de la claustration ?
La claustration des oiseaux n'empêche pas la diffusion de la grippe aviaire. Au contraire, éleveurs de plein air ou association de défense des animaux comme L214 font le même constat. La concentration dans les bâtiments d'élevage puis l'émission du virus dans l'environnement par les systèmes de ventilation, facilitent sa transmission.
Gilles Vallat le directeur de l'ANSES valide cette idée dans une interview accordée à nos confrères de Libération le 1er avril : "Les élevages sont à touche-touche. En Vendée on a observé dix cas simultanés en élevages dont cinq le long d'une départementale. Cela laisse à penser que qu'un camion qui transportait des animaux en incubation est passé le long de cette route. Le virus est aéroporté et c'est introduit par la ventilation. Dans les bâtiments de volailles, il faut une très bonne ventilation. Donc on peut introduire le virus par les prises d'air". Et l'en faire sortir de la même manière et le transmettre au bâtiment voisin !
La Bretagne touchée à son tour
Après deux foyers découverts en Ille-et-Vilaine et deux dans le Morbihan, un nouveau foyer vient d'être identifié dans le Finistère. C'est le cinquième cas en Bretagne, première région avicole française. Un pare-feu situé entre les foyers découverts à la limite des Pays de la Loire est envisagé pour tenter de contenir la contamination des élevages. Il s'agirait de réaliser des abattages préventifs sur une dizaine de kilomètres.