C'était dans la nuit du 27 au 28 février 2010. Une date qu'ils ne peuvent et ne veulent oublier. Cette nuit-là, la tempête Xynthia d'une intensité et d'une violence inouïe balaye le littoral, laissant derrière elle un terrible bilan, 29 morts à la Faute-sur-mer. Depuis, la commune a changé de nom et de plan d'urbanisme, mais les habitants redoutent chaque alerte météo. Ils craignent aujourd'hui l'arrivée de Ciaran sur la côte.
Elle est encore inscrite au fer rouge, gravée dans toutes les mémoires. Ici personne ne peut oublier cette nuit en enfer. Ces heures où la mer démontée a tout englouti, emportant avec elle 29 personnes.
C'était il y a 13 ans, la tempête Xynthia s'abattait sur les communes vendéennes de la Faute-sur-mer et l'Aiguillon, ne laissant derrière elle qu'un spectacle de désolation. Au lever du jour, ce 28 février, c'est le chaos. Des dizaines d'habitations noyées sous les eaux, dans certaines d'entre elles, des corps sans vie, extraits par les secours. La cuvette depuis a disparu du paysage, toutes les maisons ont été rasées.
La vie bien sûr a repris le dessus, toutes les digues ont été reconstruites et consolidées, le plan d'urbanisme révisé, même le nom de la commune a changé. Oublié La Faute-sur-Mer, place à l'Aiguillon-la-Presqu'île. Mais à chaque alerte météo, la blessure s'ouvre, comme une plaie qui ne cicatrisera jamais.
"J'étais anéantie"
"Nous ne sommes revenus que trois jours après le passage de la tempête. Pour l'état des lieux, on nous a dit, il ne faut rien jeter, il faut tout sortir dehors. Nos enfants, les voisins, la sécurité civile, la Croix Rouge, tout le monde est venu nous aider", se souvient Annette Anil.
À ce moment-là, j'étais anéantie, je ne savais pas par où commencer. Je regardais les affaires en me disant jetez tout ! Aucune importance, nous sommes en vie
Annette AnilHabitante de l'Aiguillon-la-Presqu'île
Quand une tempête arrive, elle n'a peur. "Je me dis qu'il faut être attentif, vigilant. Je suis très organisée et très méthodique. Je regarde les cartes météo et l'évolution du temps, et puis surtout, je scrute les horaires de marée".
On a un étage, an cas de grosse panique, on grimpera. Même si on n'est plus tout jeunes, on se protégera !
Annette AnilHabitante de l'Aiguillon-la-Presqu'île
"Une terrasse pour être hélitreuillé"
Annette se sent désormais en sécurité. "Un plan communal de sauvegarde a été mis au point par la municipalité. Je fais partie du conseil des sages et nous avons créé un réseau de voisinage."
François Anil, son époux, a fait surélever la maison depuis Xynthia. Il s'engouffre dans l'escalier, pour nous amener à l'étage. "Ici, on est au-dessus de tout. En cas de besoin, on peut attendre en toute sécurité. Il y a aussi une terrasse pour pouvoir être hélitreuillé. "
Une autre habitante accoudée à la porte d'entrée de son pavillon sait qu'elle ne fermera pas l'œil dans la nuit de mercredi à jeudi.
J'en ai déjà mal à l'estomac, vous voyez. La moindre alerte me fait penser à Xynthia. Ça nous a traumatisé. Tous ces morts, on est obligé d'y penser, on ne peut pas faire autrement et se dire que ce n'est rien
Françoise MerletHabitante de l'Aiguillon-la-Presqu'île
"Il peut y avoir un drame"
Des habitants avertis et des précautions prises partout dans la commune. Des agents ont installé des barrières pour interdire les rues, notamment celles qui bordent la forêt. Mais le risque zéro n'existe pas, difficile d'anticiper et de maîtriser les vacanciers qui pourraient être attirés par le très esthétique spectacle de la tempête.
Alors le maire arpente la plage à la rencontre des touristes pour les prévenir du danger, plus spécifiquement sur les dunes. "Quand les gens escaladent cette falaise de sable pour admirer l'océan qui est magnifique lorsqu'il est démonté, le risque, c'est que la vague vienne saper la base de la dune et qu'un enfant ou une personne âgée tombe. C'est ce qui se passe assez souvent malheureusement. Il peut y avoir un drame", prévient Laurent Huger.