Vendredi 23 octobre, en début de soirée, l’évêque de Luçon s’est exprimé sur les faits avérés de pédophilique dans l’Eglise et a fait acte de reconnaissance publique de la souffrance des victimes. Il a annoncé la mise en place d'une plaque-mémoriale de repentance le 22 novembre.
Ce vendredi 23 octobre à La Roche-sur-Yon, l’évêque de Luçon a affirmé dans un texte, lu en conférence de presse, sa volonté ferme de "tout mettre en œuvre pour que de telles abominations ne puissent pas se répéter dans notre diocèse". C’est ce même texte qui apparaîtra sur une plaque-mémorial, fixée le 22 novembre 2020, à la cathédrale de Luçon, "pour que soit gardée vive la mémoire des souffrances des enfants victimes de ces faits odieux et tragiques dans notre diocèse" a-t-il déclaré.
32 mineurs agressées au Petit Séminaire de Chavagnes
À la lecture de la déclaration, les victimes étaient présentes, là, face à l’évêque. À l’époque, elles étaient mineures. Des enfants pour la plupart.Il y a plus de 50 ans, entre 1956 et 1976, 32 victimes ont été agressées et/ou violées au Petit Séminaire de Chavagnes, en Vendée, ou lors de journées préparatoires de rentrée. De 1940 à ce jour, l’évêque dénombre 65 victimes de violences sexuelles en Vendée, de la part des membres du diocèse, dont 12 femmes."Ces faits se déroulaient très souvent lorsque les enfants venaient se confesser, ce qui rend plus abominable encore l'abus sexuel", a déclaré Mgr Jacolin. Il estime que les souffrances des enfants ont été aggravées par le manque de réactivité de certains pasteurs à la tête du diocèse, qui ont "manqué de lucidité, de courage et de sens de la justice devant de tels actes".
Le diocèse fait état de 43 agresseurs connus du diocèse, dont 36 prêtres, 5 frères issus de congrégations religieuses et 2 laïcs (un instituteur et un moniteur).
Une priorité pour l'Église
Un premier signalement avait été lancé en 2012, puis un deuxième en 2016. Les faits étant prescrits, la justice civile avait abandonné les poursuites. À l’époque, le diocèse avait communiqué à ce sujet en indiquant que "pour l'Église il n'y a pas de prescription à la souffrance des personnes concernant les actes pédocriminels".En 2018, Jean-Pierre Sautereau, l’une des victimes d'un prête-enseignant au Petit Séminaire de Chavagnes, sort son livre Une croix sur l'enfance en Vendée, déclenchant ainsi une vague de témoignages d’autres victimes.
Face à cette libération de la parole, depuis deux ans, le diocèse vendéen, mené par l'évêque de Luçon, affirme faire du soutien aux victimes une priorité. Des actions ont été engagées dans le département pour recueillir des témoignages et lutter contre ces actes.
"Je reconnais que certains pasteurs à la tête du diocèse de Luçon ont manqué de lucidité, de courage et de sens de la justice devant de tels actes."
Une cellule d’écoute Régionale
Dans les Pays de la Loire, une cellule a été constituée, par les évêques des diocèses d'Angers, Laval, Le Mans, Luçon et Nantes, le 8 juin 2016 à l'attention des victimes d'abus sexuels par un membre du clergé. Cette cellule est composée d'un ancien magistrat, d'un psychologue, d'un psychiatre, d'un avocat et d'une infirmière scolaire. Elle est joignable à l’adresse suivante : paroledevictimespaysdeloire@gmail.comUne fiche "Prévention des violences sexuelles", éditée par le diocèse est distribuée aux acteurs pastoraux en lien avec des mineurs et indique le comportement à adopter ainsi que des obligations à mettre en place, notamment celle de demander le casier judiciaire de toutes les personnes ayant des responsabilités auprès des mineurs.
Protéger les enfants contre tous les abus
Mgr Jacolin a rappelé sa volonté d’engager d’autres actions.Sur le plan national, la conférence des évêques de France a installé depuis novembre 2019, quatre groupes de travail sur la pédophilie dans l'Église regroupant des experts et des victimes. Par ailleurs, la CIASE (commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Église) poursuit ses travaux pour faire la lumière sur ces faits dans toute la France."Je veux cultiver en permanence un esprit de vigilance pour protéger les enfants contre toutes les sortes d’abus possibles : contre les abus de conscience, contre les abus de pouvoir spirituel et contre les violences sexuelles."