Les amoureux de la Vendée, comme les amateurs de voile, ceux qui ne manqueraient pour rien au monde cette course unique au monde peuvent désormais se plonger dans ce livre qui fait référence aux coulisses de la création, il y a 35 ans, du Vendée Globe.
C'est un livre qui prend un nouveau départ. Qui reparaît quelques semaines avant l'événement qu'il célèbre : le désormais mythique "Everest des mers"
Écrit pendant le premier confinement, "Ainsi naquit le Vendée Globe"a commencé à être diffusé à l'occasion de la dernière édition du Vendée Globe, en octobre 2020.
"Je me souviens, nous étions en train de dédicacer l'ouvrage au stand de l'office de tourisme des Sables d'Olonne, quand une voix a retenti dans les haut-parleurs nous indiquant que le gouvernement reconfinait la population. Le village du Vendée Globe a été immédiatement vidé, fermé" et tout espoir de vendre le livre, dans ce contexte, envolé, se rappelle Fabrice Hodecent, son auteur.
Un livre intemporel dédié aux bonnes volontés restées dans l'ombre
Mais finalement, rien n'empêchait de le rééditer, car ce livre est intemporel, le seul ouvrage paru à ce jour qui s'intéresse non pas aux skippers ou à leurs bateaux, mais à l'organisation initiale des deux premières éditions de la course, en 1989 et 1992.
"J'ai rencontré Didier Planson, qui à l'époque était directeur de l'institut Sport-Océan et du pôle jeunesse et sports de la ville des Sables d'Olonne. C'est l'homme de l'ombre, un vrai voileux qui a tout organisé et pris en charge toute la logistique. Il travaillait à la mairie des Sables et avait gardé des documents incroyables, des fax, des télex, des photos de ces années-là… 1 m³ de documents intacts", raconte Fabrice.
"L'idée de Didier, c'était, comme il disait, de remettre l'église au milieu du village et notamment de faire savoir que c'est bien la ville des Sables et non le département qui est à l'origine de cette aventure".
Fabrice Hodecent se plonge alors dans les cartons d'archives, dans les entrailles de la course.
S'il a découvert le Vendée Globe, adolescent, devant sa télé, en suivant les émissions de Thalassa, sur FR3, Fabrice, n'imaginait pas ce qui avait présidé à sa naissance.
L'idée d'une course autour du monde en solitaire, sans escale, et sans assistance naît en 1987.
Elle est initiée par Philippe Jeantot, un as de la communication, skipper lui-même, qui a choisi les Sables pour port d'attache, après avoir remporté deux fois de suite le BOC Challenge, ancêtre du Vendée Globe.
Une nouvelle épreuve à relever, lancé comme le défi d'un navigateur à d'autres navigateurs !
Treize skippers relèvent le gant et s'engagent la première année. Il n'est pas prévu de seconde édition à cet événement, initialement baptisé "Vendée Globe Challenge Les Sables-Les Sables".
"Aux Sables-d'Olonne, sans se rendre compte de ce que ça allait devenir, tout le monde a dit banco. Pourtant, la ville des Sables n'était pas connue pour la voile de compétition. C'était avant tout un port de pêche, de commerce comparé à la Rochelle ou à Lorient. C'est sûrement ça d'ailleurs qui a stimulé tout le monde à s'engager !"
Partout dans la ville, des petits groupes de bénévoles se forment, prennent en charge la logistique, la communication, l'accueil des bateaux. "Il faut voir que c'était totalement improvisé, bricolé… et que ça a fonctionné, grâce à l'énergie déployée par des dizaines de petites mains. C'est à ces personnes-là que je souhaitais rendre hommage, pour conserver la mémoire de tous ces gens de l'ombre qui ont contribué à faire de cette course à la voile un événement à la renommée internationale."
Un succès qui a rendu leur fierté aux Vendéens
En 1989, au moment de la course, un village est créé, qui rassemble toutes les équipes et où se mêlent indifféremment bénévoles et skippers, l'ambiance n'a pas grand-chose à voir avec celle qui règne aujourd'hui.
C'est sûrement l'un des éléments clés qui permet, dès ses débuts au Vendée Globe, de gagner sa popularité. "Un village, dont l'entrée est gratuite, ça ne s'était encore jamais vu sur les courses maritimes. Et d'ailleurs, c'est toujours le cas", précise Fabrice Hodecent.
L'événement attire 400 à 500 000 personnes. Un succès totalement inattendu. "À l'époque, la référence, c'était Madonna qui avait fait un concert devant 130 000 personnes ! C'était la jauge maximum connue. Là, pour accueillir cette foule, il a fallu inventer, tous les dispositifs, sur terre, en mer, dans les airs."
Sans compter que cette nouvelle course fait connaître et reconnaître la Vendée à la France entière.
"Jusqu'alors la Vendée était considérée comme un pays de bouseux, de crotteux. On connaissait vaguement la Vendée comme destination de vacances, rappelle l'auteur. Il y avait deux Vendée, celle de la terre, celle de la mer. Le Vendée Globe a réuni ces deux identités et a apporté de la fierté à tous les Vendéens".
"Toutes les critiques, émanant principalement de la presse parisienne, qui prédisaient le pire, ont été un stimulant et un moteur pour les bénévoles. En tout cas, c'est ce que m'ont rapporté les témoins que j'ai interviewés !, relate Fabrice Hodecent.
Grâce à des dizaines de documents, de photos inédites, de témoignages et d'anecdotes, Fabrice Hodecent, ancien journaliste, fait resurgir avec "Ainsi naquit le Vendée Globe" tout un pan de l'histoire locale des Sables d'Olonne. Un patrimoine immatériel et humain auquel personne jusqu'ici n'avait prêté attention.
- "Ainsi naquit le Vendée Globe", éditions Rouquemoute,de retour en librairie ou sur le site,
Prix : 25 euros
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