La crise qui touche la ressource en eau pousse les usagers à repenser leur consommation, y compris certains agriculteurs. En Vendée, un maraîcher s’est lancé en 2023 dans une permaculture qui lui permet de ne quasiment pas arroser ses fruits et légumes.
Des légumes cultivés sans eau et pourtant en pleine forme. Sur le sol du domaine maraîcher "Les Terres vivantes de l'Anjormière" à Aizenay (Vendée), il n'est pas question d’abuser de l’or bleu. Pour économiser la ressource, Matthias Bourmaud, adepte de la permaculture, utilise du broyat végétal qu'il répand sur le sol.
"Cette matière permet de garder de l'humidité. Même quand ça fait quelque temps qu'il n'a pas plu, ça reste bien humide et riche. Ça sent vraiment l'humus et la forêt", explique le maraîcher de 39 ans.
La méthode de permaculture est notamment inspirée des techniques de Philippe Piron, agronome spécialiste du Sahel. Avant de planter, le maraîcher trempe toutefois les pousses dans l’eau pendant plusieurs jours. Il les dispose ensuite d'une manière particulière.
"J'essaie de retrouver le sol initial, la terre, et je viens installer ma petite motte au-dessus, mais je ne la recouvre pas", détaille Matthias Bourmaud. La plante et sa motte sont posées au centre d'un carré creusé dans la terre.
"La plante va comprendre qu'il ne se passera rien pour elle sur les côtés d'un point de vue racinaire. Il va falloir qu'elle aille chercher dans le fond du sol pour trouver de l'eau et de la matière organique", précise le maraîcher.
Matthias Bourmaud doit encore recourir à l'irrigation, mais seulement pour les fruits et légumes qui poussent sous sa serre. Après deux ans de tests, le Vendéen lance sérieusement son activité. S’il est un peu tôt pour comparer les rendements, il est persuadé qu’une autre agriculture est possible avec cette méthode.
"On n'est pas sur les mêmes quantités, ni sur les mêmes agricultures, concède-t-il. Ce sont des agricultures plus petites qui nourrissent moins de monde autour du jardin. Peut-être qu'il faut créer plus de jardins qui nourrissent les gens autour de chez eux."
Le maraîcher arrive à récolter assez pour vendre ses fruits et légumes au marché deux fois par semaine à l’échelon local.
► Voir le reportage réalisé à Aizenay par Quentin Carudel, Damien Raveleau et Sophie Boismain