Le 10 novembre prochain, les skippers prendront le départ du Vendée Globe. Avec pour thématique principale cette année, la protection de l'environnement. Si certains embarquent à bord des appareils d'analyses, d'autres ont fait le pari de partir avec peu ou pas d'énergies fossiles à leur bord. Au détriment de la performance ?
C'est son deuxième Vendée Globe, mais pour Conrad Colman rien ne bouge. Le 10 novembre prochain, le skipper néo-zélandais et américain, prendra comme en 2016, le départ des Sables d'Olonne, avec zéro énergie fossile.
Le soleil et la mer comme sources d'énergies
Si les skippers doivent obligatoirement embarquer au minimum 20 litres de gazole à bord, la plupart d'entre eux s'élancent avec 100 à 300 litres de carburant dans les réserves. Conrad Colman, lui, a d’ores et déjà annoncé qu'il bouclerait ce tour du monde, sans les utiliser. "Je vais sceller le moteur pour montrer qu'il n'a jamais été utilisé pendant la course", affirme le navigateur.
Une action forte pour lui, qui souhaite ouvrir la voie à une course au large plus écoresponsable. "La classe Imoca est la plus développée, la plus technologique au monde. Je trouve que c'est une incohérence totale qu'on soit tous équipés d'un moteur diesel qui date d'un tracteur de plus de 100 ans, assène celui qui vit aujourd'hui en Bretagne. Ce n'est pas en cohérence avec notre position de leader technologique et ce n'est pas en cohérence avec tout ce qui se passe autour de nous dans la société en général."
Si le diesel ne sert pas à alimenter le moteur en mode propulsion, il permet de recharger les batteries de tout l'attirail technologique qu'abritent les bateaux. Pour compenser son absence, le navire de Conrad est recouvert par 31 panneaux solaires, placés de manière à capter au maximum l'énergie du soleil. Deux hydrogénérateurs — appareils permettant de produire de l'électricité au moyen d'une hélice mue par le déplacement d'un bateau — complètent aussi le dispositif.
Un engagement sportif et humain
Un choix qui ne freine pas les ambitions sportives du skipper : "Pour moi, très clairement, il n'y a zéro tension entre la notion d'être compétitif et d'avoir l'énergie renouvelable à bord. Dans la globalité, mon bateau est plus léger et donc plus performant. Parce que je ne suis pas en train de ramener 300 litres de gasoil tout autour du monde comme mes concurrents."
En 2016, Conrad Colman était le premier skipper à boucler un Vendée Globe sans énergie fossile. "C'était un moment de sentiments extrêmement forts, mais aussi une déception. J'ai vu tout de suite autour de moi, dans la flottille de bateaux qu'il y avait, les centaines de moteurs autour de moi, qui brassaient la mer, décrit-il. Cela montrait que même si on est capable de faire le tour du monde, sans carburant, en mode Vendée Globe, il reste dans la société beaucoup de travail à faire."
Dans cette envie d'aller plus loin, d'être précurseur, le skipper déjà végétarien a décidé de rouler en vélo et voiture électrique.
La solution hydrogène ?
Lui, prendra le départ du Vendée Globe avec 100 litres de carburant à son bord, mais veut en réduire sa consommation. À 52 ans, Arnaud Boissières attaque son cinquième Vendée Globe, toujours avec l'ambition d'être compétitif, mais pas seulement. Il veut également apporter sa pierre à l'édifice d'une course au large plus propre. " C'est important de trouver des solutions pour qu'à l'avenir, on trouve des solutions pour ne plus avoir de moteur thermique dans un avenir proche", explique-t-il.
Pour cela, en plus des panneaux solaires, de la petite éolienne et des hydrogénérateurs, le skipper vendéen, embarque deux bouteilles de neuf litres d'hydrogène, qui seront reliés à une pile et un système d'alimentation indépendant. Le but : avoir 30 heures d'autonomie énergétique en cas de panne.
Ce dispositif "test" est mis en place en partenariat avec le Syndicat d'énergie et d'équipement de la Vendée (Sydev). La solution à tout ? "Je ne sais pas, confie-t-il. Mais en tout cas, on essaie de faire bouger les fils, on essaie de faire avancer ce système-là sur nos bateaux du Vendée Globe, parce que je trouve qu'on est ambassadeur au nom des jeunes générations."
Au total, trois skippers (Conrad Colman, Arnaud Boissières et Fabrice Amadéo) se sont engagés dans cette démarche de réduire leur consommation de carburant. Un premier pas vers une course du Vendée Globe, sans énergie fossile, annoncée par l'organisation à l'horizon 2028.
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