Sauvé des eaux de l'Atlantique par Jean Le Cam, lors du Vendée Globe 2020-2021, Kevin Escoffier dit avoir appris de ce naufrage et, aidé de son sponsor vendéen PRB, va remettre les voiles. Avec son équipe, il va préparer un nouvel Imoca. Le skipper nous a confié son enthousiasme.
Kevin Escoffier est en pleine forme. Il rentre à peine d'une séance de cardio-résistance lorsqu'il s'installe pour répondre à nos questions.
L'homme aime bien le sport, la préparation physique "pour me sentir bien dans la tête" dit-il. Ce mardi matin, c'était des squats (flexions des jambes) sur le sable de Larmor-Plage, dans le Morbihan où il réside, et de la natation. Sans combinaison, dans une eau à, peut-être, 16°.
Son naufrage sur le Vendée Globe, le 30 novembre dernier, ne l'a pas douché de reprendre le départ de la course en solitaire autour du monde, sans escale et sans assistance. Loin de là.
L'actualité est en Angleterre pour le skipper malouin. C'est en effet outre-Manche que Kevin Escoffier et son sponsor vendéen PRB ont trouvé la coque du futur voilier avec lequel le skipper compte bien prendre le départ du Vendée Globe 2024 et, avant cela, de la Route du Rhum.
"Ce n'était pas simple d'acquérir un bateau de nouvelle génération pour aller à la Route du Rhum, explique Kevin Escoffier, il y en avait peu de disponibles." Quand à en faire construire un neuf, l'idée n'était même pas envisagée, il faut en effet compter plus de 6 millions d'euros pour un tel voilier.
Lorsque l'opportunité s'est présentée d'acheter une coque d'Imoca disponible sur un chantier à Lymington en Angleterre (chantier qui a construit le Hugo Boss d'Alex Thomson), l'équipe a vu là un bon moyen de réduire les coûts. La coque était destinée initialement à un team américain.
Le pont est en cours de fabrication et le voilier devrait être acheminé en France pour y être finalisé, la date de fin mars 2022 a été fixée pour sa mise à l'eau.
Tester le voilier sur la Vendée Arctique
Avant cela, fin novembre 2021, Kevin aura pris le départ avec Armel Le Cléac’h de la Transat Jacques Vabre, sur Banque Populaire.
Cette coque déjà construite représentait une réduction des coûts, mais aussi un gain de temps. L'idée étant de tester le voilier dès la prochaine Vendée Arctique, 2ème édition, à la mi juin 2022.
"J'aimerais bien pouvoir prendre le départ sans objectif sportif, confie Kevin. Rien de tel que d'aller naviguer en solitaire et en compétition, avec du monde autour (d'autres concurrents) pour finaliser un bateau."
Mais l'objectif absolu reste le Vendée Globe 2024. Là dessus, Kevin Escoffier, malgré un naufrage qui aurait pu lui coûter la vie, n'a pas eu d'hésitation. "Ça ne m'a pas traversé l'esprit une seule fois d'arrêter la voile, assène-t-il. Ça reste un accident comme il y en a plusieurs dans les sports mécaniques. Quand on s'en sort, on apprend."
"Peu de chances que ça m'arrive à nouveau"
Lorsque son voilier s'est brisé, Kevin était 3ème au classement. "J'étais content de mon début de course, dit-il, je n'avais pas envie de rester là-dessus. Ça donne une certitude dans sa capacité à faire face aux problèmes. Et puis, statistiquement, j'ai très peu de chances que ça m'arrive à nouveau." Effectivement.
L'homme se remet assez bien dit-il de cette histoire, avec le sentiment qu'il n'était pas fautif, qu'il prenait soin de son bateau dont il connaissait les limites. Ce qu'il a appris, c'est aussi à faire attention à son entourage, qu'on ne part pas sur de tels défis sans en parler longuement avec ses proches. "Ma femme savait que j'allais continuer, confie-t-il, mais moi, je sais qu'il faut que je prenne soin des gens qui sont autour de moi."
Si le skipper est heureux d'avoir conservé la confiance de son sponsor PRB installé à La Mothe-Achard, il faudra aussi trouver d'autres partenaires financiers, car, au delà de l'achat du bateau, il faut aussi un budget pour les frais de fonctionnement et ces voiliers sont de plus en plus compliqués.
L'avenir immédiat c'est pour ce mercredi, un entrainement pour la Jacques Vabre.