Il est le dernier frère de Ben Harper. Tout seul avec sa guitare, il a découvert la France grâce à ses fans à l'été 2016 qui lui ont organisé sa toute première tournée. Cet été, il revient de Lacanau jusqu'à Liège pour des échanges fortuits avec nous ses frères d'armes.
Sérendipité ? Encore un nouveau concept pour accrocher les yeux d'un journaliste fatigué de lire les bio(s) des chanteurs de l'été -caniculaire- de 2019 ?Sérendipité ; je sèche. Je "googelise". Serendipity, en anglais dans le texte. En bon Français, ça donne "don de faire par hasard des découvertes fructueuses, fortuites".
Voilà donc tout Peter Harper ; une nouvelle zénitude pour privilégier la rencontre. Un artiste prônant la Fraternité et le moment présent histoire de répondre à l'agitation des temps. Une antidote à la haine d'un président twittos fou et raciste à la Maison Blanche. La résistance épicurienne d'un surfeur californien guitare en bandoulière face à l'absurdité de l'époque.
Entre deux trains, il me répond et pense déjà à demain matin 10 heures avec une marée idéale à Lacanau, le lieu- il n'y a pas de hasard que des rendez-vous- de son prochain concert. "Quand tu réussis à bien surfer une vague, un sentiment de pure joie et de bonheur t'envahit, tu te sens pleinement en vie : c'est exactement ce que cela fait quand tu montes sur scène et joues." Rencontre avec un artiste à l'écoute de l'autre.
Une spéciale dédicace sur Facebook
Peter Harper a pensé à nous en interprétant "Carnaval" au milieu des champs de maïs du Sud-Ouest.
Il parait que la sérendipité, c'est ce qui vous résume le mieux ?
Oui, j'essaie toujours de ne jamais réagir avec excès aux situations que la vie nous fait subir. Souvent, comme tout le monde, je sens le stress qui monte en moi. Toutes les agressions physiques et verbales que nous traversons aujourd'hui sont de plus en plus difficiles à gérer. La réponse au stress pour nous tous reste la même depuis la nuit des temps : la fuite ou l'attaque.Moi, j'essaie de ne plus sortir de mes gonds en prenant du recul. Sans colère, je vais essayer d'apporter une réponse raisonnée même si nous vivons une véritable époque de fou aujourd'hui, il faut tout de même se l'avouer. Savoir gérer et trouver la bonne réponse à la folie verbale du président Trump est un vrai test de patience et de maîtrise de soi par exemple.
Comment en effet en 2019 peut-on encore douter dans ce pays construit par des immigrés de la diversité de l'Amérique ? Nous avons donc un pays d'immigrants qui ne s'acceptent toujours pas entre eux avec un président qui attise cette haine. Il faut donc accepter que ces propos soient tenus mais se dire que cela ne doit pas continuer éternellement.
Nous vivons dans un monde où finalement nous contrôlons assez peu de choses. Bon prenons une image, vous montez dans votre voiture et c'est parti vous conduisez. Vous pouvez choisir votre vitesse et la ligne sur l'autoroute mais vous ne pouvez absolument pas contrôler les autres automobilistes. Ils peuvent s'arrêter ou tourner sans vous prévenir et même vous rentrer dedans. Rien n'y fera vous ne pourrez pas les arrêter avec toute votre bonne volonté. Bref tout ça pour dire il y a ce que vous êtes et ce que vous voulez être face à la réalité du monde et des autres. En clair oui que je le veuille ou non en Amérique Donald Trump est le président. C'est la loi du moment, je peux passer mon temps à expliquer pourquoi je ne l'apprécie pas et ce sera mon acte de résistance à moi mais ce n'est pas parce que j'aime mon pays que je dois être obligé d'aimer son président.
Je n'ai pas voté pour lui la première fois. Je ne le ferai pas une seconde fois, cette résistance là sera je l'espère la bonne pour faire changer le destin de mon pays.
Peter Harper, sur sa chaîne YouTube, en session dans le métro pour "Breaking the circle" casser le cercle de la violence pour celui de la compassion en utilisant les armes de l'amour.
Vous avez découvert seul la France avec votre guitare, il y a deux ans qu'avez vous appris de cette tournée improvisée à travers le pays ?
Je venais de sortir mon tout premier album. Je l'avais mis en ligne et signais des dédicaces à mes tout premiers fans. Le public le plus intéressé par l'album était français. Et alors sans prévenir de plus en plus de fans français ont commencé à m'envoyer des messages pour me faire venir jouer pour eux chez eux en France. Alors après quelques vaines tentatives, nous avons réussi moi et les fans à organiser une vraie tournée partout dans le pays. Je ne les avais jamais rencontrés, ils étaient juste tombés amoureux de ma musique et étaient persuadés que les Français allaient eux aussi aimer ma musique. Je me suis dis "banco partons pour l'aventure. Si je ne meurs pas après ça, je vais devenir indestructible". Bon et on ne sait jamais cette tournée sera peut-être autre chose qu'un fiasco ?Je me souviens bien de mon tout premier concert. Mon avion était en retard. Je suis juste arrivé 20 minutes tout juste avant le début du show. Là, il y avait 1 000 personnes venues pour écouter un concert, j'étais tout seul face à eux avec ma guitare. J'ai commencé par leur dire des vannes en Anglais. Personne ne riait car personne ne comprenait. Je me suis alors dis : c'est ça l'amour. Voilà un pays qui apprécie vraiment la musique, ces gens sont là uniquement pour elle pas pour un chanteur dont ils n'ont jamais entendu parler.
Bon depuis ces débuts il y a deux ans, je me suis mis à apprendre le Français. J'ai encore un peu de mal à soutenir une conversation mais sur scène dorénavant je n'ai plus à parler en Anglais, je me débrouille en Français.
Entre vos prises de position politique, votre travail de sculpteur, vos concerts, vous avez encore le temps de surfer ?
Demain matin à 10H12, la marée doit être parfaite à Lacanau. Et ça tombe bien je n'ai rien à faire demain avant les balances son prévues à 16h00 . Alors si tu m'envoies un message à 10 heures demain et que je ne réponds pas tu en déduiras où je suis.
En plus c'est un fan qui m'a donné le tuyau sur l'heure idéale de marée en m'invitant à venir avec lui pour une sortie sur les vagues de l'Atlantique.
J'apprécie vraiment les interactions avec mon public. Nous sommes la somme de nos souvenirs. Nos souvenirs ce sont les rencontres avec les uns, les autres. Nous sommes finalement le fruit de toutes ces rencontres et du hasard de ces rencontres.
Sérendipité, le concept du heureux hasard colle bien à l'artiste. Un Peter Harper qui conclut, au téléphone et en Français :
le plaisir ? C'est partager.
J'ai rencontré le nouvel Epicure à la guitare entre deux vagues et trois notes de musique. Juste quelqu'un de bien qui vous fait apprécier le plaisir de la rencontre juste avant qu'elle ne s'éloigne.
Ses concerts de l'été
Peter Harper sillonne la France cet été. il devrait être en concert près de chez vous.- 25 juillet : Orléans
- 26 juillet : Civray
- 27 juillet: Lacanau
- 28 juillet : Parentis
- 31 juillet: Carcans
- 1 Août: Hourtin Medoc
- 2 août : La Test du Buch
- 3 août : Parigné
- 5 août : Lascaux
- 10 août : Liège