Des mouvements récents dans le groupe Whirlpool font craindre, plus que jamais, une fermeture du site d'Amiens. La CFTC, syndicat majoritaire, demande aux politiques d'intervenir auprès de la direction européenne, pour obtenir des garanties.
La CFTC Whirlpool Amiens "voudrait avoir une vision sur l'avenir". Inquiet pour la pérennité des 300 emplois sur le site, le syndicat majoritaire a distribué un tract, mercredi 15 avril, à l'attention des salariés et des élus.
Il s'agit d'une alerte et d'un appel aux conseillers métropolitains et régionaux. La CFTC leur demande de rencontrer la direction européenne de Whirlpool pour qu'elle dise clairement si l'usine d'Amiens est amenée à disparaître.
Deux signaux inquiétants
Jusqu'ici, Amiens était le seul site européen à fabriquer du sèche-linge Whirlpool. Mais fin 2014, le groupe américain a racheté Indesit et notamment son usine de Yate, en Angleterre. Elle fabrique des sèche-linge. Et mieux qu'à Amiens : 900.000 unités par an avec 400 salariés, contre moins de 400.000 en Picardie avec 300 personnes. La direction de Whirlpool a annoncé vouloir gagner 7 milliards de dollars d'ici 2018 grâce à cette fusion. La suppression des doublons pourrait faire partie des économies...
Une situation d'autant plus inquiétante pour Amiens que le site a vu le retour, il y a moins de deux mois, de son ancien directeur. Un homme qui avait été muté en 2011 et qui revient après avoir... fermé une usine, en Suède. "Quand on lui demande ce qu'il a prévu pour l'avenir, on voit qu'il n'a pas de projet pour Amiens, il ne parle que de trouver de l'argent", regrette un syndicaliste.
Un lent déclin de l'activité
En 2002, Whirlpool délocalisait la production de lave-linge, ne laissant plus à Amiens que la petite production de sèche-linge. Malgré des investissements et 70% d'exportation, le nombre de salariés est passé de 800 à 300 en dix ans. Avec le temps, il a même fallu se spécialiser dans le sèche-linge moyen et haut-de-gamme. La qualité plutôt que les volumes.
Problème, la qualité n'est pas toujours au rendez-vous (en 2011 le modèle Green-Generation, sensé relancer le site amiénois, a dû être retiré de la vente au bout de 6 mois) et les volumes sont pires que promis.
Vendredi 17 avril, 200 salariés seront d'ailleurs représentés aux Prudhommes d'Amiens à ce sujet. Ils voudraient travailler davantage. Selon un syndicaliste, la direction s'était engagée à faire produire 550.000 unités par an sur le site, mais "on n'a jamais dépassé les 400.000."