La ministre de l'Ecologie Ségolène Royal a annoncé qu'elle ne lancera pas la procédure d'appel d'offres, marquant clairement son opposition au projet d'autoroute d'une soixantaine de kilomètres reliant Fontenay-le-Comte en Vendée à Rochefort, en Charente-Maritime. Les réactions n'ont pas tardé.
"Je ne transmettrai pas le dossier de consultation technique aux entreprises", en vue d'un appel d'offres. Ségolène Royal a clairement exprimé sa position auprès de l'AFP, confirmant ainsi des propos tenus au quotidien Sud Ouest. La ministre de l'Ecologie a également rappelé que, pour que ce projet soit mené à bien, le feu vert de son ministère est nécessaire."L'Etat ne cofinancera pas"
Ce véto, a-t-elle expliqué, est lié à la fois à la protection de l'environnement et aux difficultés de financement de l'autoroute, au coût estimé à 900 millions d'euros, dont initialement l'Etat devait prendre en charge 137,5 millions d'euros. L'autoroute A831, a-t-elle rappelé, doit traverser le Marais poitevin, qui a retrouvé en 2014 le label de Parc naturel régional, perdu en 1996.L'enquête d'utilité publique date de dix ans. Il faudrait refaire l'ensemble des études. Par ailleurs, elle a été classée dans les équipements non prioritaires. L'Etat ne cofinancera pas ces infrastructures.
Et d'ajouter à l'attention de certains élus locaux favorables au projet : "J'appelle au sens des responsabilités", évoquant l'impact d'un tel projet sur les finances locales.
D'autres priorités
Selon Ségolène Royal, dans la hiérarchie des projets, le département a d'abord besoin d'électrifier deux voies de train, d'améliorer la desserte du port de la Rochelle notamment. Une solution est en outre possible en améliorant la route nationale qui passe par Marans, au nord du département.Le projet d'A 831 devant relier Fontenay-le-Compte en Vendée à Rochefort en Charente-Maritime -soit une soixantaine de kilomètres- avait reçu le feu vert de l'ancien Premier ministre François Fillon.
Vives réactions à droite comme à gauche
Dans un communiqué adressé à l'AFP, Jacques Auxiette, président socialiste de la Région des Pays-de-la-Loire, s'est étonné de cette décision. "La déclaration de Madame Royal intervient de façon totalement improvisée tandis que les services de l'Etat, mais aussi ceux des collectivités locales, travaillent en étroite collaboration depuis des semaines à la finalisation du projet", a-t-il dit. "J'ai rencontré Michel Sapin pour examiner les conditions de financement des travaux de l'autoroute dont la construction créera de l'emploi, et dont la mise en service apportera de l'activité dans le Sud de la Vendée".Dans les colonnes de Sud Ouest, Dominique Bussereau, président UMP du Conseil général de Charente-Maritime a rejeté les explications avancées par Ségolène Royal, n'hésitant pas à répondre "c'est faux" aux arguments de la ministre de l'Ecologie. Selon lui, le coût réel du projet reste à évaluer; quant au contournement du Marais poitevin, il était déjà pris en compte.
Jean-François Fountaine s'est quant à lui dit "atterré" par la déclaration de la ministre de l'Ecologie. Sur sa page Facebook, le maire divers gauche de la Rochelle a rappelé que l'A831 "vise à alléger la circulation de transit Nord Sud qui pollue la vie des habitants" du nord de la Charente-Maritime; ainsi qu' "à améliorer la sécurité des usagers". Et de conclure qu'"un tel sujet mérite mieux qu'une déclaration sommaire".