Les parents d'un grand prématuré, décédé 18 jours après sa naissance, réclament un euro de dommages et intérêts au CHU de Poitiers où a été soigné le bébé, dénonçant un "acharnement thérapeutique", ont-ils annoncé à l'AFP.
Les parents du petit Titouan, né le 31 août avec un poids de 900 grammes à 25 semaines et demie de grossesse, soit près de quatre mois avant le terme, avaient réclamé l'arrêt des soins pour leur enfant, qui avait notamment subi une hémorragie cérébrale pouvant causer de graves séquelles.
Mais le CHU avait alors d'emblée dissocié le cas de Titouan d'une situation d'acharnement thérapeutique ou du débat récurrent sur l'euthanasie, évoquant le besoin de prendre du temps.
"Les parents sont déterminés à obtenir la reconnaissance du caractère fautif du comportement de l'équipe médicale qui a pris en charge leur enfant: ils considèrent que leur fils a été victime d'un acharnement thérapeutique et que les droits fondamentaux et naturels n'ont pas été respectés", a expliqué à l'AFP l'avocat des parents, Me Alain Behr.
"Leur action s'inscrit uniquement dans une démarche de réparation morale, puisqu'ils limiteront leur demande indemnitaire à un euro de dommages et intérêts", a poursuivi l'avocat installé à Nancy.
La mère de Titouan, Mélanie, 36 ans, a pour sa part confié mercredi à l'AFP avoir "besoin d'aller jusqu'au bout pour que ça ne se reproduise pas".
"L'équipe soignante n'a jamais été à l'écoute. On n'a jamais oeuvré ensemble pour notre fils. Je ne comprends pas qu'on puisse en arriver à ce que ce soit nous qui disions: +On est prêt à ce que vous arrêtiez la respiration artificielle+", a-t-elle souligné.
Estimant avoir "été pris de haut, pour des idiots", les parents se sont senti "jugés de ne pas être d'accord" de laisser leur fils en vie, alors que les soins
prodigués relevaient selon eux "à l'évidence d'un acharnement thérapeutique".
A l'inverse le CHU a toujours soutenu que "la réflexion avait été conduite dans la sérénité" et que "les parents avaient toujours été informés des différentes
étapes qui avaient jalonné la réflexion de l'équipe médicale".
Comme il est d'usage dans ce type de situation, le cas de l'enfant avait d'abord été soumis à une autre équipe de réanimation néonatale, celle du centre hospitalier Antoine-Béclère à Clamart (Hauts-de-Seine). Un avis avait ensuite été sollicité auprès de "l'espace de réflexion éthique régional de Poitou-Charentes".
Une dégradation de l'état de santé du nourrisson avait finalement conduit le CHU à engager "l'accompagnement de fin de vie" le 18 septembre.