Le médiateur pour la future ligne à grande vitesse (LGV) Tours-Bordeaux, Jean Auroux, a appelé aujourd'hui collectivités, SNCF et concessionnaire à faire des "efforts" pour mettre un terme aux divergences, notamment financières qui pénalisent le projet.
Jean Auroux, l'ancien ministre du Travail, chargé par le gouvernement et la SNCF de faire le lien avec les collectivités mécontentes des dessertes proposées, et dont certaines ont suspendu leurs financements, entamera mardi un tour des régions concernées pour présenter ses recommandations.
Il "y aura des insatisfactions" a-t-il prévenu lors d'une rencontre avec la presse.
Selon lui, il sera notamment difficile de contenter à la fois ceux qui souhaitent des trajets directs et ceux qui demandent des arrêts dans de plus petites gares.
Le médiateur propose aux parties prenantes "une clause de revoyure 18 mois après la mise en service" de la ligne, "compte tenu de l'évolution de trafic qu'on ne connaît pas".
Il manque "quelques centaines de millions"
Il faut que "les efforts soient partagés", a insisté l'ancien ministre. "On ne peut pas multiplier les trains sans poser la question du coût": s'ils "partent à moitié vides, ça risque d'être contre-productif" pour l'image de la région, a-t-il ajouté.La LGV Tours-Bordeaux, dont la mise en service est prévue en juillet 2017, doit mettre Paris à 2H05 de Bordeaux. Elle fait l'objet depuis
plusieurs mois de vives passes d'armes, notamment en raison de son montage financier, basé sur un partenariat public-privé.
Une contribution a été demandée aux collectivités locales pour la moitié du financement public, qui vont donc débourser, au même titre que l'Etat, 1,5 milliard d'euros.
Mais "il manque aujourd'hui quelques centaines de millions", rappelle Jean Auroux. La subvention publique pour cette ligne est de 40%, contre 78% pour la LGV Est par exemple, détaille M. Auroux, "d'où un effet sur les péages, entre autres".
Désaccord entre Liséa et la SNCF
La LGV sera concédée à Lisea, filiale de Vinci. Si ce premier essai "ne fonctionne pas, il n'y en aura pas d'autre", prévient Jean Auroux, qui insiste sur la nécessaire implication de Lisea: "il va être difficile de dire que tout le monde fait des efforts sauf un", assure-t-il.
Selon la directrice de Voyages SNCF, Rachel Picard, les discussions (avec Lisea) sont rompues depuis le 11 mai. La SNCF prévoit une perte d'exploitation annuelle de 150 à 200 millions d'euros. Il "manque de l'argent au départ (...). Le système ne peut pas être économiquement satisfaisant, pour personne", estime Rachel Picard.
Pour le président de Lisea, Laurent Cavrois, "les conventions de desserte ont été signées par deux ministres, les collectivités et par SNCF réseau". "Nous souhaitons créer les conditions propices à la multiplication des fréquences et des dessertes, mais les contraintes contractuelles sont-là", a-t-il dit
Concernant la perte d'exploitation prévue par la SNCF, le président de Lisea a dit ne pas disposer "des chiffres évoqués par la SNCF". "Nous ne savons pas ce qu'ils recouvrent ni comment ils sont calculés. La SNCF doit sortir de cette opacité", a-t-il souligné.