Le procureur de la République devra décider s'il y a lieu d'ouvrir une enquête judiciaire. Qui peut être inquiété par ce recours en justice après les révélations du rapport de la Chambre régionale des comptes sur les finances de l'ex-Poitou-Charentes ? Reportage.
Une plainte contre X a été déposée hier par la conseillère régionale UDI, Véronique Abelin, à la suite de la publication du rapport de la Chambre régionale des comptes sur la dérive financière de l'ex-Poitou-Charentes. Mais le plus grand mystère entoure l'éventuelle ouverture de cette procédure judiciaire.
L'élue se refuse pour l'instant à dévoiler les motifs de son recours en justice. Elle laisse le soin au procureur de la République de Poitiers, Michel Garrandaux, de qualifier avec précision les faits. De son côté, le magistrat s'est refusé à tout commentaire. Il devra se prononcer sur la recevabilité de cette plainte, avant d'ouvrir éventuellement une enquête judiciaire.L'élue UDI @veroniqueABELIN garde secret le motif de la plainte contreX portant sur les comptes ex Region Poitou-Charentes @F3PoitouChtes
— Antoine Morel (@F3AntoineMorel) 4 janvier 2017
Qui peut être visé par cette plainte ?
A la suite du débat houleux à l'Assemblée régionale, les yeux se tournent vers l'ex-directeur financier de la région, Daniel Parizot, cité à de multiples reprises par la Chambre régionale des comptes. Les élus du groupe UDI avaient pointé la responsabilité du haut-fonctionnaire. Disposant de la délégation de signature, il avait contracté des emprunts à risque et s'était livré à de coûteuses opérations de recouvrement.
Jean Dionis du Séjour, président du groupe UDI, avait alors estimé que "Daniel Parizot avait agi en dehors de toute rationalité et de tout comportement normal".
Cette accusation fait bondir de sa chaise un haut-fonctionnaire du l'ex-Poitou-Charentes que nous avons pu joindre par téléphone. Sous couvert de l'anonymat, cette personne au coeur du pouvoir décrypte le fonctionnement des institutions de la région : "Rien ne s'est fait dans l'opacité ! Les fonctionnaires parlent aux élus quotidiennement. Après, on a l'attention qu'on peut avoir... Parfois, vous n'êtes pas entendus ou pas compris.".@jeandionis "@al_rousset doit aller au bout de la démarche juridique en portant plainte contre Mr #Parizot. #RapportCRC pic.twitter.com/wRfOhBeEtU
— UDI Nv-Aquitaine (@UDI_Nv_Aqui) 19 décembre 2016
Pour lui, tout le problème se résume en une phrase : "Aucune personne ne peut prendre seule des décisions aussi importantes que celles que nous venons d'évoquer." Ni un haut-fonctionnaire, ni un politique n'aurait pu décider de la signature d'un emprunt de plusieurs milions d'euros sans en informer les élus.
"Je ne suis pas X"
Selon cette source, "le dialogue entre politiques et fonctionnaires se déroulait très bien en Poitou-Charentes, bien mieux qu'ailleurs". Lors de réunions hebdomadaires, les directeurs de services et la présidence de la région se rencontraient pour décider des grands arbitrages.Cité dans le rapport de la Chambre régionale des comptes, l'ancien vice-président en charge des Finances, Yves Debien, s'estime hors de cause : "Je ne suis pas X ! Mon nom n'est utilisé que pour atteindre Ségolène Royal. Je ne suis absolument pas concerné." Le maire de Melle n'a pris son poste qu'en 2010, bien après la signature des emprunts "structurés" en 2006-2008.
Reportage d'Antoine Morel, Laurent Pelletier et Vador D.
Les intervenants :
- Véronique Abelin, conseillère régionale UDI
- Jean Dionis du Séjour, président du groupe UDI Nouvelle-Aquitaine