Portrait - Le défi de l'été d'Anaëlle Marot : 1000 km à vélo et en kayak pour récupérer une tonne de déchets

Anaëlle Marot, 26 ans, est partie de Marseille à vélo pour le "Projet Azur": 1000 km à bicyclette et en kayak pour ramasser 1 tonne de déchets autour de la Méditerranée. Dimanche, elle entamera depuis Hyères la 2ème partie en kayak. Elle s'arrêtera à Saint-Tropez, Cannes, Antibes, Nice et Menton.
 

Son sourire. C’est ce qui reste quand on rencontre Anaëlle Marot. Du haut de ses 26 ans cette jeune femme pétillante vient de partir pour un sacré projet environnemental. Un projet qui commence ce 31 mai et s'achèvera à la mi-septembre.

A vélo, elle s’élance pour un parcours de 1000 kilomètres à la force des bras et des jambes. Des bras qui lui seront utiles pour ramasser une tonne de déchets autour de la Méditerranée.

C’est le 2e volet du Projet Azur qui a débuté fin 2019. Il avait permis de récolter 500 kilos de déchets en kayak entre septembre et octobre 2019 dans notre région.

Si Anaëlle est l’initiatrice du projet, elle s’entoure tout au long de son parcours de citoyens et d’associations locales, parce qu’ensemble on est toujours plus forts. La jeune femme espère ainsi fédérer une centaine de personnes tout au long de son parcours.


Ce dimanche matin quelques amis l’entourent déjà avant son départ. Le rendez-vous est fixé à l’anse de Malmousque, magnifique quartier marseillais au bord de la mer, très prisé l’été.

Un ramassage s’improvise avec les amis présents. En 20 minutes, ce sont des dizaines de mégots récoltés, canettes et bouteilles en plastique.

"Un mégot pollue 500 litres d’eau !", s'alarme Anaëlle. "Mon but, c'est de récolter un maximum de micro-plastique, les plus nocifs pour la faune marine"

La jeune femme est diplômée d’une licence professionnelle de tourisme et économie sociale et solidaire à Avignon. Une formation qui lui a donné des clés pour "agir et monter ce genre de projet". 

Encore plus d'emballages avec la crise du Covid

Elle a vécu son confinement à Hyères et ses jambes la démangent.

"J’ai hâte ! J’espère surtout que la problématique des déchets va être entendue, et que la planète va se remettre d’aplomb malgré tout ce plastique qui s’accumule depuis deux mois".

En effet depuis le début de la crise du covid 19, les fabricants d’emballage sont confrontés à une hausse d’activité de plus de 20%. Les associations de lutte contre le suremballage s’inquiètent du risque de pollution plastique à l’aube d’un été particulier.

Préoccupée aussi, Anaëlle remonte ses manches en espérant que des actions comme la sienne fasse boule de neige.

Déjà autour d’eux, un habitant du quartier se met à ramasser. André vit ici et dit récupérer souvent des détritus.

Un autre voisin, ancien marin, s’arrête pour discuter. "Ah ce sont des jeunes qui ont encore laissé leurs déchets !" peste-t-il.

Plusieurs associations la soutiennent

Anaëlle lui répond du tac au tac. "Oui mais ce sont les jeunes qui ramassent aussi !" avec un large sourire qui illumine son visage. L’homme hoche la tête et transmet alors ce qu’il sait sur les îles alentour.

Il ne se doute pas que celle qui pourrait être sa petite fille va passer l’été à ramasser des déchets.

Aujourd’hui, Anaëlle va parcourir 40 km à vélo jusqu’à Carry le Rouet. 600 mètres de dénivelé pour une première étape quelle qualifie de "moyenne".

Avec pour objectif un premier ramassage dimanche 7 juin aux Saintes Maries de la Mer. La voyageuse va ainsi avancer pendant quatre jours chaque semaine et consacrer ses week-ends au ramassage.

Dès son arrivée elle repère les lieux et contacte des associations locales pour organiser une collecte. L’association Mer Terre la soutient, tout comme Surfrider, Tara Ocean, ou la fondation de la mer.

Un parcours en deux temps : sur terre et en mer 


Le premier à bicyclette s’achèvera le 5 juillet à Cerbère dans les Pyrénées orientales. Après 15 jours de remise en forme et de repos, un second parcours tâchera de nettoyer la côte en Kayak de Hyères à Menton du 19 Juillet au 17 Septembre 2020.

Tous les citoyens sont invités à participer, dans le respect des règles sanitaires.

"Nous ne pourrons pas organiser de grands ramassages comme la dernière fois à cause du contexte sanitaire, donc nous les ferons par groupes de dix personnes" précise Anaëlle. 

Il pourra y avoir plusieurs groupes si d’autres associations les encadrent.

Et pour que cette expérience soit participative malgré tout, ceux qui le voudront pourront faire un don pour soutenir les aventures présentes et futures.

En échange de quoi, les nom des soutiens au Projet Azur seront inscrits sur la coque du kayak qui nettoiera le littoral à partir du 19 juillet lors de la deuxième partie du défi.

Et pour entamer ce sacré périple, Anaëlle voyage léger…Dans les sacoches de son vélo : sa tente, son duvet, des produits d’hygiène faits maison, quelques fruits…
La nuit, elle fera des bivouacs dans une zone autorisée, ou bien, et c’est ce qu’elle préfère, Anaëlle ira frapper à la porte des habitants.

"A 16h avec une baguette sous le bras j’irai leur demander si je peux planter ma tente dans le jardin", dit-elle.
"En leur expliquant que c’est par choix que je le fais, ça a un impact énorme !"

Pour financer ce projet, la jeune femme a mis de la l’argent de côté : "c’est un choix, j’ai décidé de militer pour des causes qui me sont chères et le plus gros du travail c’est celui-ci", sourit-elle.

Elle va donc traverser sept départements et deux régions et prévoit une vingtaine de nettoyages sur son chemin.

"Chaque citoyen peut à son échelle donner l’exemple, pas la leçon. L'idée c'est de donner son temps au service de quelque chose qui nous touche, une aventure au service de l'écologie dans un contexte particulier".

Un défi sportif mais avant tout engagé

Le vélo, "un super outil et propre", elle l’utilise tous les jours et s’est entrainée sur "la Gineste et les crêtes", mais elle veut aussi et surtout "se laisser surprendre par le temps, les rencontres et les lieux". On pourra la suivre très régulièrement sur Facebook et Instagram en tapant "Projet Azur" ou via le site du projet"Nous retrouvons plus de plastique que d'habitude, c'est un fait", commente Anaëlle Marot. 

9,5 millions de tonnes de plastiques déversées en mer


Chaque année, quelque 9,5 millions de tonnes de plastiques sont déversées en mer, selon des chiffres de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Le WWF avait quant à lui évalué en 2019, à 600.000 tonnes la quantité de plastiques rejetés en Méditerranée, dont 40% en été.

"Réinventons !"


L'équipe du Projet Azur sera mobilisée pendant deux mois pour rendre des objectifs pédagogiques et "éditer, en fin de parcours, un bilan moral que je remettrai aux acteurs publics. Nous sommes dans un contexte de réinvention, le tourisme est touché, la nature est touchée et l'humain est touché par la crise sanitaire... alors réinventons !"  Bonne chance Anaëlle !
 
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