Etat des lieux de la criminalité en France

La police judiciaire dresse un rapport de la criminalité dans le pays. les organisations dites "historiques" se maintiennent toujours, comme le milieu marseillais, mais le grand banditisme prend de l'ampleur avec la montée en puissance d'une jeune génération issue des cités sensibles.

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Chaque année, les experts de la police judiciaire dressent un état des lieux du crime, établi à partir des données des services de police, de gendarmerie et du renseignement.
Pour l'année 2012-2013, le rapport pointe sur la "persistance des organisations criminelles françaises traditionnelles comme les milieux corses, marseillais ou des "gens du voyage"). Mais il alerte sur l'évolution  du grand banditisme avec une nouvelle génération structurée autour du trafic de cannabis marocain, la principale source d'irrigation de l'économie souterraine en France. 
Le rapport se penche aussi avec force détails sur la "présence dans la plupart des agglomérations françaises d'organisations criminelles étrangères" et s'inquiète du "maintien de l'implantation des grandes mafias (russophones, italiennes, chinoises)
notamment en région parisienne et sur la Côte d'Azur".
En avril 2012,  la PJ de Marseille a interpellé notamment douze "malfrats russophones" (Géorgiens, Lettons ou Estoniens) pour avoir fabriqué de faux documents. Ils avaient l'appui, des "diasporas géorgienne et tchétchène niçoises" pour la "logistique".
Dressé par le Service d'information, de renseignement et d'analyse stratégique sur la criminalité organisée (Sirasco), le rapport de 140 pages avec cartes et graphiques, est considéré comme un "document stratégique" et "confidentiel" que l'AFP a toutefois pu se procurer.
Les experts du Sirasco se disent préoccupés par le "fort impact du trafic international de stupéfiants" se caractérisant par "l'activisme et les capacités d'adaptation des organisations criminelles" issues des cités sensibles.
Elles sont, écrivent-ils, "responsables des importations massives et continues de cannabis marocain.
"La France ne connaît pas de phénomènes mafieux au sens italien du terme (...) pouvant défier l'Etat", nuance le Sirasco. Mais il y a un "développement de multiples organisations criminelles plus locales et réduites" dont " la détermination et la dangerosité restent très élevées".


"Typologie mafieuse"


Les organisations criminelles  sont "traditionnelles", liées au "grand banditisme" et "implantées sur un axe Nord-Sud qui va de Lille à Ajaccio via la région parisienne", tel le gang corse de la Brise de mer, loin du "milieu historique" parisien qui "n'existe plus". Ou issues des cités, une spécialité française selon le Sirasco, et liées "au développement depuis vingt ans du trafic de cannabis depuis le Maroc ou les Pays-Bas" (un milliard d'euros par an de bénéfice pour 250 tonnes importées) 
Ces dernières ont en outre des "caractéristiques" de la "typologie mafieuse", écrivent les rapporteurs: "maîtrise territoriale par la force", "contrôle physique des cités". Les "caïds" sont "hors des cités", en Espagne ou au Maroc, dirigeant de loin ces réseaux mêlés à des vols, règlements de comptes sur fond de concurrence et de blanchiment d'argent.
La France n'est pas épargnée par les groupes étrangers, tels
- les "balkaniques" (2.240 personnes originaires des Balkans incarcérées en France au 1er janvier soit +25% sur un an).
- les "albanophones" (Kosovo ou Albanie), présents surtout en région parisienne ou Rhône-Alpes, se sont spécialisés dans le trafic de cocaïne, d'armes, de cigarettes et de métaux. Ils sont "parfois le relais des trafiquants de cités".
- ceux issus "de la communauté "rom" (...) exploitent les mineurs" ou font "trafic de la mendicité". Par ailleurs, sur 52 réseaux de prostitution démantelés en 2012-2013, 23 provenaient de Roumanie.
- les groupes "russophones" sont spécialisés dans le "blanchiment immobilier" et les "règlements de comptes" (7 en 2012, 4 en 2010). Plusieurs équipes de Géorgiens ont l'apanage du vol en série et sont des "composantes historiques de la mafia russe" (+78% de mis en cause géorgiens entre 2009 et 2012, +160% d'incarcérés).
- les "mafieux" italiens ont été signalés dans le trafic de drogue et ont lien avec le banditisme français, écrivent aussi les auteurs qui s'attardent également sur les gangs "africains, asiatiques", les "cartels colombiens" ou sur la cybercriminalité.
Près de 16.000 faits dits de grande criminalité ont été constatés en 2012 en France à rapporter aux quelque 3,5 millions de faits totaux de délinquance, nuance l'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP).


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