Trente ans de réclusion criminelle assortis d'une peine de sûreté ont été requis mercredi à Aix-en-Provence à l'encontre du meurtrier présumé d'un trafiquant de drogue, tué au volant de son véhicule en décembre 2006 dans une cité marseillaise.
"Je vous demande, eu égard au message fort que vous devez adresser à la société, une peine de réclusion criminelle de 30 ans", a lancé l'avocate générale Martine Assonion à la cour d'assises des Bouches-du-Rhône. "Est-ce que pour vous, le fait de tuer quelqu'un, de voir que dans nos cités ça tire, car on pense que le trafic va nous échapper, est-ce que vous allez approuver tout ça?", a-t-elle poursuivi.
Jugé pour assassinat et tentative d'assassinat, Ali Rahrah, 32 ans, détenu dans le cadre d'une autre affaire de trafic de stupéfiants, clame son innocence depuis l'ouverture du procès lundi. Le 10 décembre 2006, Didier Garcia était pris pour cible en début d'après-midi par deux hommes cagoulés armés d'une kalachnikov, dans une cité des quartiers Nord, où il était venu acheter des stupéfiants. Son amie et passagère était touchée de plusieurs balles et parvenait à s'échapper.
Dans son réquisitoire, la représentante du parquet général s'est appuyée sur les déclarations du frère de la victime, "un honnête homme qui a confirmé à la barre ces déclarations, claires et limpides". A l'inverse des détenus qui ont témoigné mardi, tous revenus sur leurs accusations...
L'accusé, au bras gauche atrophié, a "une carte d'handicapé, mais l'expertise médicale dit qu'il a le potentiel pour tirer", a encore souligné la magistrate, relevant qu'il peut "lacer des chaussures". L'enquête a déterminé que Didier Garcia, surnommée "Boule", travaillait pour le clan du caïd Farid Berrahma aux côtés de Bouraoui Guardaoui, dans un réseau de trafic de stupéfiants implanté dans une cité de Marseille. Homme de main chargé d'assurer la sécurité et les convoyages de stupéfiants entre le Maroc et la France, via l'Espagne, il s'était vu évincer après le meurtre de Gardaoui en janvier 2006 et surtout celui de son mentor Berrahma, le 4 avril dans le triple homicide du bar des Marronniers. Dans cette guerre pour le contrôle du trafic, il avait dérobé l'argent et les stupéfiants de ses anciens associés, qui auraient riposté en l'éliminant. Un non-lieu a toutefois été prononcé à l'encontre du premier, faute de charges suffisantes.
L'accusé a reconnu à la barre avoir dirigé le réseau, évoquant "un bénéfice de 20 à 30.000 euros par mois" pour son propre compte et "un chiffre d'affaires de 3.000 euros par jour". "Je suis étranger à toute cette affaire, on n'avait pas besoin d'en arriver là, je ne connaissais pas" Didier Garcia, a-t-il assuré.