C'est à un bras de fer avec le gouvernement que se livrent désormais les grévistes de la SNCM. Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a promis 30 millions d'euros d'aide de l'Etat mais les salariés réclament d'abord l'application du plan de sauvetage qui prévoit la commande de nouveaux navires.
Les salariés de la SNCM restent déterminés au terme de trois jours de grève à poursuivre leur mouvement, défiants à l'égard d'un gouvernement resté sourd à leurs revendications. Ce vendredi, le ministre des Transports Frédéric Cuvillier a renvoyé la balle à la direction, l'appelant sur RMC à prendre "rapidement" des mesures de redressement, dans la droite ligne des propos du Premier ministre Jean-Marc Ayrault, qui mardi avait promis une aide de trésorerie de 30 millions d'euros.
Un front anti-SNCM
Or pour direction et syndicats, étonnés de voir émerger depuis plusieurs mois un front anti-SNCM agitant le spectre du dépôt de bilan, le retour à l'équilibre passe d'abord par un plan industriel de sauvetage, qui prévoit la commande de quatre navires propulsés au gaz, permettant des gains de productivité. Ce plan validé en juin et voté par les actionnaires (dont l'Etat) en septembre programmait ces commandes dès fin 2013, pour des livraisons de 2016 à 2018, avec en parallèle la suppression de 500 postes sans départs contraints.Un bras de fer avec le gouvernement
D'après les syndicats, qui vendredi ont reconduit pour samedi leur mouvement, suivi à 65%, le gouvernement renie donc purement et simplement ses engagements.C'est tout sauf des réponses, c'est un ministre à la peine"
a réagi Maurice Perrin, délégué CFE-CGC et un des représentants de l'intersyndicale (CFE-CGC, CGT-marins, Syndicat autonome des marins de la marine marchande, CFDT), évoquant "une union sacrée" sans précédent dans l'entreprise, entre toutes les catégories de personnels, marins, officiers et sédentaires.
Le fait que le gouvernement nous dise: redressement d'abord, lancement des commandes de bateaux après, ce n'est pas sérieux et c'est en contradiction totale avec le plan"
estime-t-il. Lors d'une réunion en préfecture vendredi après-midi, au lendemain de rencontres avec des élus locaux, les salariés ont demandé qu'il leur soit confirmé qu'il n'y a "pas de reniement" de ce plan. "Plus que jamais, il nous faut une position claire du gouvernement", insiste M. Perrin.
6.000 passagers touchés
A ce stade, l'immobilisation de six des huit bateaux de la SNCM desservant la Corse et le Maghreb - les deux autres sont en hivernage - , s'est traduite surces trois premiers jours de grève par une perte de recettes de 1,25 million d'euros pour l'entreprise, déjà en proie à des difficultés de trésorerie et sous le coup d'une double condamnation de Bruxelles à rembourser 440 millions d'euros d'aides jugées illégales. Au total, 6.000 passagers ont été touchés, tous prévenus, a indiqué Pierre Jaumain, porte-parole de la SNCM.