Une information judiciaire pour "blanchiment" a été ouverte "contre X" dans une affaire de circuit financier suspect de chèques venant d'Afrique, impliquant une filiale monégasque de BNP Paribas, a indiqué le procureur de Monaco Jean-Pierre Dreno.
L'affaire avait démarré en 2013 par la divulgation dans la presse d'un rapport confidentiel de l'inspection générale de BNP Paribas d'octobre 2011, révélant que des milliers de chèques en euros avaient été envoyés à Monaco depuis Madagascar, le Gabon, le Sénégal ou le Burkina Faso (au moins entre 2008 et 2011).L'information judiciaire a été ouverte pour "blanchiment, recel de blanchiment, complicité de blanchiment et omission de déclaration de soupçons", a détaillé le procureur.
L'audit, qui s'est concentré sur Madagascar, avait été diligenté après des accusations d'un ancien collaborateur de la banque.
En novembre 2013, l'association Sherpa (dont l'objectif est de défendre les populations victimes de crimes économiques) avait annoncé le dépôt d'une plainte devant la justice française, dénonçant ce circuit financier suspect de chèques envoyés à Monaco mais émis par des banques françaises.
Sherpa a détaillé en fait une pratique répandue dans certains pays d'Afrique : les visiteurs étrangers achètent à leur arrivée dans des hôtels ou des commerces des devises locales en faisant des chèques en euros.
Le bénéficiaire du chèque est toutefois laissé en blanc. Ainsi un système local de rachat des chèques permet notamment à des résidents de pays africains d'envoyer de l'argent sur un compte en Europe.
Un juge d'instruction monégasque va maintenant devoir déterminer si la plainte concerne une personne morale ou des personnes physiques, a expliqué Jean-Pierre Dreno.
Pour qu'il y ait blanchiment, il faut aussi une infraction initiale, comme une escroquerie ou un trafic de stupéfiants, rappelle le procureur de nationalité française.
Dans ce circuit de chèques qui aboutissaient à une société anonyme monégasque, filiale de BNP Paribas, le juge d'instruction recherchera d'éventuelles infractions sur le contrôle des changes ou un exercice illégal de la profession de banquier dans certains pays africains.