Au milieu des années 1990, quatre grandes villes du Sud-Est dont Toulon tombent dans l'escarcelle du Front national, mais entre mauvaise gestion et excès de clientélisme, ces premières expériences municipales frontistes se révèleront douloureuses.
Le parti assure aujourd'hui en avoir tiré les enseignements. Entre 1995 et 1997, le FN s'empare pour la première fois de villes importantes : Marignane, Orange, Toulon puis Vitrolles, dans la foulée du score de Jean-Marie Le Pen au premier tour de la présidentielle (15%). Le parti triple en 1995 le nombre de ses conseillers municipaux. Une percée que le socialiste Jack Lang compare alors "non à une flambée d'un dimanche électoral, mais à une plante vénéneuse qui s'enracine dans la vie locale".
Une série d'affaires
Près de 20 ans plus tard, seul subsiste Jacques Bompard, à Orange, qui n'est plus au FN mais en est resté proche, les trois autres élus ont disparu du champ politique, leurs mandats ayant été marqués par une série d'affaires.Il y a eu des maires indélicats"
admet Marine Le Pen. "Nous nous en sommes d'ailleurs séparés, à la différence de beaucoup de socialistes et d'UMP. Ils les gardent, eux... Nous, on les vire!", disait-elle le 21 février.
Des dérapages
Toulon et Vitrolles offrent un condensé de ces dérapages trahissant notamment l'amateurisme. C'est aussi dans ces deux villes "qu'un modèle idéologique a dominé", alors que les maires d'Orange et Marignane "ont privilégié une approche plus "apolitique" tentant de gommer leur appartenance au parti, en mettant l'accent sur leur enracinement local et la culture provençale", observe Gilles Ivaldi, chercheur au CNRS à l'Université de Nice-Sophia-Antipolis.Le couple Le Chevallier à Toulon
A Toulon, le couple Le Chevallier - Jean-Marie député-maire, Cendrine adjointe à la jeunesse - municipalise ainsi les centres de loisirs pour créer Jeunesse toulonnaise, "une structure pro-FN" selon M. Ivaldi: parallèlement les subventions aux associations de lutte contre l'exclusion sont réduites, "au motif notamment qu'elles bénéficiaient à des milieux défavorisés où se trouvaient majoritairement les populations d'origine immigrée". Mais Jeunesse toulonnaise (qui engagea aussi des proches du parti), sera liquidée en 1999 laissant une ardoise de 3 M EUR à la municipalité d'Hubert Falco, successeur en 2001 de M. Le Chevallier, pour cause de gestion incontrôlée.J'ai trouvé la ville dans un état lamentable, avec une épargne nette négative, une véritable cavalerie!"
affirme aujourd'hui M. Falco (UMP). "Les dépenses de personnel avaient augmenté de 60% en six ans et celles d'investissements étaient en chute libre, le préfet menaçait même de fermeture les cantines scolaires, plus aux normes".
On ne veut pas d'un Le Chevallier-bis! Nous nous savons attendus, on ne va pas nous rater... Mais aujourd'hui, nous sommes formés, les gens sur nos listes sont compétents"
affirme l'actuel secrétaire départemental du FN du Var, Frédéric Boccaletti, récusant néanmoins "le mensonge de Falco sur une ville en faillite".