Une jeune femme venue témoigner au procès du tueur présumé de trois prostituées s'est effondrée à la barre lundi en voyant Patrick Salameh dans le boxe des accusés. Elle aurait été séquestrée et violentée par l'homme qui est accusé d'avoir tué trois prostituées et fait disparaître leurs corps.
Soupçonné d'être un tueur en série, Patrick Salameh, 56 ans, a nié lundi au premier jour de son procès devant les assises des Bouches-du-Rhône, à Aix-en-Provence, avoir fait disparaître trois prostituées en 2008, accusant la police et la justice d'être des "menteurs".
Je conteste la moitié des accusations qui sont toutes fausses"
a déclaré Salameh lors de l'audience, admettant cependant avoir "amené des filles" et "couché avec elles".
Détenu à l'isolement depuis 6 ans
Détenu à l'isolement depuis novembre 2008, l'homme comparaît pour "enlèvement, viol et séquestration suivis de mort" des trois femmes dont les corps n'ont jamais été retrouvés. Il comparaît également pour avoir "enlevé, détenu, séquestré" et "violenté" une quatrième femme, Soumia, qu'il avait ensuite relâchée.Une fille que vous payez et accepte de faire l'amour, elle était consentante ou y a-t-il eu viol ?"
a-t-il demandé niant également ces faits.
Nerveux, agressif pendant l'audience
Le procès avait démarré dans un grande tension. "Je veux pas de caméra, je veux pas de caméra", avait vociféré l'accusé, alors qu'il n'était pas encore entré dans le box. Sitôt assis, l'homme de taille moyenne, cheveux poivre et sel et visiblement nerveux, a tancé le président Patrick Vogt qui lui demandait de s'exprimer dans un micro. "Je m'appelle Patrick Salameh, vous m'entendez suffisamment", a-t-il lancé.La témoin-clé, victime de deux malaises
La tension est montée d'un cran quand, assise sur le banc des parties civiles, Soumia, principal témoin à charge, s'est effondrée sur le sol, victime d'une crise de nerfs. Après un deuxième malaise un peu plus tard, la jeune femme qui avait confiée avoir peur de revoir Salameh, a été évacuée par les pompiers. Elle devrait témoigner ce mercredi.L'accusé invective la Cour
Ponctuant ses explications de nombreux gestes, interrompant le président Vogt, prenant directement à témoin les jurés, voire l'avocat général, Gilles Rognoni en l'interpellant par son prénom, l'accusé a décortiqué la procédure contre lui. "Ne commencez pas à faire comme la juge d'instruction", a-t-il assené la qualifiant de "technicienne du mensonge".Vous êtes malhonnête, vous ne connaissez pas le dossier, vous dites n'importe quoi"
a-t-il encore jeté au président. "Tout le monde ment, vous mentez tous", a-t-il enfin ajouté, visant magistrats et policiers qui selon lui ont monté des fausses preuves. "C'est la police judiciaire qui a mis des preuves dans mon sac", a-t-il dit.
Les corps des victimes introuvables
Les trois prostituées - Iryna, Ukrainienne de 42 ans, Cristina, Roumaine de 23 ans, et Zineb, une Algérienne de 28 ans - avaient disparu en octobre et novembre 2008, dans le centre de Marseille. Début novembre, une quatrième prostituée, âgée de 24 ans, Soumia, avait porté plainte contre Salameh, l'accusant de l'avoir séquestrée, violée et frappée avant de la payer et de la relâcher.Il lui intime l'ordre de satisfaire tous ses fantasmes
Selon son témoignage, Salameh lui aurait intimé l'ordre de lui obéir et de satisfaire tous ses fantasmes, si elle ne voulait pas subir le sort d'autres femmes. Il lui avait même montré le cadavre d'une femme dans la baignoire de la salle de bain, a-t-elle raconté aux policiers. Au lendemain de ce témoignage, Salameh était interpellé par la police. Des traces d'ADN et des objets appartenant à deux des disparues étaient ensuite retrouvés dans un appartement vide appartenant à la famille du suspect. Mais aucune des fouilles effectuées n'ont permis de retrouver les corps des victimes. L'homme que l'accusation présente comme un "manipulateur", a par ailleurs un lourd passé judiciaire, ayant déjà purgé, de 1989 à 2005, une peine de seize ans de réclusion pour vol avec arme, avant d'être remis en liberté conditionnelle.Un psychiatre qui l'a examiné a diagnostiqué
un charme superficiel, avec absence d'empathie, comme on les décrit chez les grands déséquilibrés psychopathes".