Le candidat FN à la mairie de Marseille crée la surprise au premier tour en devançant Patrick Mennucci avec 23,16% des voix contre 20,77% au député socialiste. Le maire sortant est largement en tête avec 37,64% des suffrages. Patrick Mennucci appelle au rassemblement pour le second tour.
Patrick Mennucci, porteur du rêve de reconquête socialiste à Marseille, a subi dimanche un revers cinglant au premier tour des municipales, n'arrivant qu'en troisième position derrière le sortant UMP Jean-Claude Gaudin et le FN Stéphane Ravier. Dans la deuxième ville de France où le choix du maire revêt une dimension nationale, le "vieux lion" de 74 ans, dont 49 au conseil municipal et 19 dans le fauteuil de premier édile, obtient 37,64% des voix, le candidat frontiste de 44 ans 23,16%, et le député socialiste de 58 ans 20,77%, dans un contexte de forte abstention
(46,47%), selon les résultats définitifs.
Un désaveu pour le gouvernement, d'après Gaudin
Dans une allocution prononcée depuis l'Hôtel de ville, M. Gaudin, réélu dans son secteur dès le premier tour (50,08%), a estimé que le score de M. Mennucci était un désaveu pour celui-ci comme pour le gouvernement, soulignant cependant qu'"il ne s'agissait que d'un premier tour". S'exprimant devant la presse à son siège de campagne, son adversaire, affichant un sourire de façade, s'est voulu malgré tout combatif.Au-delà des apparences des chiffres, rien n'est joué"
a-t-il assuré. "Je pense qu'on peut encore gagner, il s'agit de nous rassembler", a-t-il insisté, lançant un appel à Jean-Marc Coppola, 53 ans, chef de file du Front de gauche (7,10%), et à Pape Diouf, 62 ans, à la tête d'une liste citoyenne (5,63%).
Faire barrage au FN
Les tractations ont débuté dès dimanche soir avec le premier qui souhaite "faire barrage au FN et dire stop au règne sans partage" de la droite. En revanche, l'ancien président de l'OM ne fera part de sa décision que lundi soir, mais il a d'ores et déjà prévenu, dans une déclaration à son local de campagne, qu'il n'accepterait "ni compromis ni compromission". S'immisçant entre les deux favoris, le candidat FN savourait avec ses partisans sa victoire, "résultat d'un travail de militants", appelant à "la mobilisation de tous les patriotes" dimanche prochain "pour obtenir une mairie de secteur, deux, trois, voire la mairie centrale". S'il confirme sa poussée, il jouera un rôle décisif au sein du futur conseil municipal où ne siégeait jusqu'ici qu'un élu frontiste.Face à cette poussée de l'extrême droite à Marseille, ville de 860.000 habitants, où les résultats sont comptabilisés, comme à Paris et Lyon, par secteur, la gauche s'est retrouvée en difficulté même sur ses terres traditionnelles.Devancé dans son propre secteur
Dans son propre fief du 1er secteur, M. Mennucci recueille 26,96% des suffrages, loin derrière l'UMP Dominique Tian (38,60%), le FN totalisant 15,02%. Dans les quartiers Nord, le maire PS du 7e secteur Garo Hovsepian se classe seulement troisième (21,66%), M. Ravier s'imposant avec 32,88% des suffrages, alors que dans le 8e secteur, l'emblématique sénatrice Samia Ghali, qui espérait l'emporter dès le premier tour comme en 2008, se retrouve en ballottage (31,71%), quatre points à peine devant le candidat frontiste. Quant aux "swing sectors", que la gauche comptait ravir, ils ont offert une confortable avance à la droite. Dans le 3e secteur, la ministre PS Marie-Arlette Carlotti est largement distancée (24,66%) par le sortant UMP Bruno Gilles (41,76%)."Une campagne indigne"
Après le temps des primaires socialistes en octobre, la campagne avait donné lieu à peu de temps forts, se résumant à des attaques virulentes, sans vraiment aborder le fond, faute peut-être de débat. M. Gaudin avait ainsi refusé de se confronter à ses adversaires avant le premier tour, au grand dam de M. Mennucci désireux d'opposer ses propositions au bilan d'un maire jugé "absent et inerte". Avec pour slogan "La force du changement", le maire sortant, offensif, a préféré les diatribes contre le "candidat socialiste gouvernemental", soutenu par "tout l'appareil de l'Etat": François Hollande rêve d'"échapper à la Bérézina électorale des municipales en accrochant le scalp de Gaudin", a martelé le sénateur.Ils ont mené une campagne électorale indigne de la deuxième ville de France, faite de rumeurs mais pas de programme"
avait riposté M. Mennucci jeudi soir. Et si le candidat se faisait rassurant dimanche soir, Mme Ghali, sa colistière,soufflait: "La ville est difficilement gagnable, c'est une réalité, il ne faut pas mentir."