Une peine de huit années de prison a été requise contre un maçon jugé pour le meurtre à Marseille d'un cambrioleur de 15 ans, suscitant les protestations de la famille de la victime, qui a quitté la salle d'audience.l'avocate général estime que l'intention d'homicide n'est pas caractérisée.
"L'intention d'homicide n'est pas assez caractérisée", a estimé l'avocate générale Martine Assonion. "La qualification d'homicide" - chef qui justifie le renvoi de l'accusé devant une cour d'assises - "n'est pas appropriée", a-t-elle dit, préférant retenir celle de "faits de coups mortels".
En entendant ces réquisitions, la famille d'Antoine Rodriguez, mort à 15 ans, a quitté la salle d'audience en signe de protestation.
L'émotion avait gagné un peu plus tôt la cour d'assises des Bouches-du-Rhône, à Aix-en-Provence, arrachant une larmes aux avocates de la famille de l'adolescent, lors du témoignage de la soeur de la victime.
Emotions
"Vous avez tué mon petit frère, mettez-vous ça dans la tête, il ne reviendra plus", s'exclame, en pleurs, Dolores Rodriguez, 22 ans, après avoir dressé à la barre le portrait d'Antoine, un jeune frère "serviable et plein de vie".Sur le bancs des parties civiles, la mère et la grand-mère d'Antoine, tué en 2011 par Jean Gabro, un maçon au chômage, alors qu'il prenait la fuite avec un complice après un cambriolage au coeur des quartiers Nord, se sont effondrées à leur tour en larmes.
"Il n'avait que 15 ans, on restera toujours dans la souffrance, on est condamné à jamais", lance Dolores à l'accusé. Dans le box, ce dernier, tête baissée, n'ose affronter son regard et lâche un long soupir.
"Pour une souris d'ordinateur, avoir le coeur perforé, est-ce que c'est normal?", demande l'oncle d'Antoine, reconnaissant toutefois que son neveu "n'était pas un saint". "La famille Rodriguez ne veut pas la vengeance", lance-t-il, implorant directement les jurés d'être "vigilants".
Le maçon , un homme "réservé", "introverti"
Venus témoigner, le psychiatre comme la psychologue ont décrit Jean Gabro, 59 ans, comme un homme "réservé" et "introverti" qui leur avait affirmé qu'il ne "voulait pas tuer ce gosse mais simplement leur faire peur", à lui et son complice, après le vol d'un ordinateur, dans un local des quartiers nord de Marseille.
"Il se positionne comme un justicier, un redresseur de tort", note la psychologue. "Êtes-vous Zorro?" l'interpelle ensuite l'avocate de la famille Rodriguez, Me Christine D'Arrigo. M. Gabro avait déjà eu des démêlés avec des jeunes du quartier qui s'en étaient pris à sa voiture. Il n'avait pas prévenu la police de peur de "représailles".
Mais depuis, il s'était armé, avait-il expliqué.
2 mai 2011
Après avoir observé les allées et venues de deux jeunes gens dans la cour d'une société de gardiennage mitoyenne de sa maison du 15e arrondissement, l'accusé avait tiré à trois reprises à l'aide d'une carabine 22 long rifle, blessant mortellement d'une balle en plein coeur Antoine Rodriguez, domicilié dans la cité voisine de La Bricarde.Surnommé "Tolcio", "petit Antoine", Antoine Rodriguez, la victime, avait un casier judiciaire vierge. Mais "il avait 15 ans, l'âge de toutes les bêtises et de toutes les inconsciences", plaide Me D'Arrigo. Et ce jour-là, "c'est lui qui décide" d'aller voler. "Il veut voler pour faire comme les autres".
A plusieurs reprises, les trois avocates des parties civiles ont regretté qu' à "aucun moment, l'accusé n'ait eut un mot pour Antoine".
Me D'Arrigo rejette aussi l'idée que l'accusé n'ait pas eu l'intention de tirer sur les jeunes cambrioleurs: "Vous tirez pour les stopper dans leur course, les éliminer. Vous l'avez tiré comme un lapin, comme un renard qui vient chaparder dans un jardin qui n'est même pas le vôtre!"