Les salariés du quotidien Nice Matin sont heureux. Leurs efforts et leur solidarité ont porté leurs fruits. Le Tribunal de Commerce de Nice a tranché ce matin en faveur de leur projet de coopérative. Une candidature soutenue financièrement par Bernard Tapie.
Ils avaient accepté de ponctionner leur 13 ème mois, lancé une campagne de dons, organisé une vente aux enchères pour récolter les fonds nécessaires à la création d'une coopérative pour sauver leurs emplois. Les salariés de Nice Matin sont aujourd'hui heureux.
Le tribunal de commerce de Nice a retenu leur projet de coopérative, soutenu financièrement par Bernard Tapie, pour la reprise de leur groupe déficitaire, optant pour le scénario qui préserve le plus grand nombre d'emplois, parmi les favoris.
Avec leur société coopérative d'intérêt collectif (SCIC), les salariés deviennent les actionnaires du groupe Nice-Matin
Le groupe va devoir procéder à 159 départs "volontaires" (14,5% des effectifs).Le tribunal a écarté deux offres concurrentes: celle du géant des médias belge Rossel qui prévoyait
376 départs, et celle de Georges Ghosn (ex-propriétaire de France-Soir).
Pour rafler la mise, les salariés ont rassemblé de haute lutte un financement de 14,2 millions d'euros, dont 8 millions de promesses de ventes d'actifs à l'homme d'affaires Bernard Tapie, intéressé par 50% de Corse-Matin ainsi que par les murs de quatre agences locales.
Bernard Tapie, propriétaire de la Provence, qui détient déjà 50% de Corse-Matin, va ainsi mettre la main sur 100% du quotidien corse. Il ne deviendra toutefois pas, comme dans le passé, actionnaire du groupe Nice-Matin.
Les salariés défendent un "projet social d'intérêt général".
La SCIC a provoqué un élan de sympathie, permettant de lever 460.000 euros de dons, via un site internet et une vente aux enchères. Elle a aussi récolté 2,3 millions d'euros grâce à une partie des salariés qui ont accepté de ponctionner leur 13e mois.Le groupe Nice-Matin va notamment devoir mettre en place une stratégie numérique offensive, pour compenser la baisse de la diffusion papier des titres. Dans leur proposition, les salariés ambitionnent d'arriver à une part de 20% dans le numérique dans le chiffre d'affaires, dans sept à dix ans.
Internet ne représente encore que 2,5% du chiffre d'affaires global. En huit ans, la diffusion du titre Nice-Matin en nombre d'exemplaires par jour a chuté de 23%, celle de Var-Matin de 13%. La chute
des recettes publicitaires, les lourds investissements en rotatives et l'augmentation du coût des matières premières ont encore accentué les difficultés du groupe.
Les salariés entendent maintenir les 14 éditions différentes des titres Nice-Matin, Var-Matin et Monaco-Matin (160.000 exemplaires au total).
Le groupe Nice-Matin (ex-propriété de Groupe Hersant Médias) a été placé en redressement judiciaire fin mai.