Les généralistes ont commencé mardi à fermer leurs cabinets, amorçant la fronde des libéraux contre le projet de loi santé, pour toute la durée des fêtes.
Les généralistes sont appelés par leur principaux syndicats à garder porte close et à faire la grève des gardes. La revalorisation de la consultation de 23 à 25 euros, et la réécriture, voire le retrait, du projet de loi santé, sont au coeur de leurs revendications.
Ils dénoncent notamment la délégation de la vaccination aux pharmaciens, le pouvoir accru des agences régionales de santé ou la généralisation, d'ici à 2017, du tiers payant (dispense d'avance de frais).
Mardi soir, le ministère n'était pas en mesure de d'évaluer le nombre de grévistes, les libéraux n'étant pas obligés de déposer un préavis. Les syndicats, eux, promettent une "mobilisation historique".
Ainsi, Claude Leicher, le président du principal syndicat de généralistes MG France, a évoqué mardi "un mouvement d'une ampleur inégalée". "Dans les régions les plus mobilisées, 80% des cabinets médicaux sont fermés", selon son syndicat.
'Ras-le-bol' sur le terrain
A Lyon, une centaine de personnes ont manifesté devant l'ARS de Rhône-Alpes, scandant le slogan "MG en danger" ou portant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire "Non aux harcèlements des caisses" ou "Non à la discrimination de la MG" (médecine générale).A Carcassonne, une quarantaine de manifestants ont également fait entendre leur mécontentement.
A Bordeaux, Eric, généraliste de 42 ans, déclare "faire une grève déontologiique", assurant quelques heures de présence quotidiennes et filtrant les appels pour ne pas refuser d'urgences. "C'est la première grève de ma vie", assure-t-il.
A Saint-Ouen, Daniel Chalet, généraliste retraité qui, à 68 ans, exerce une activité réduite pour pallier le manque de praticiens, fait grève "par solidarité". Mais il "trouve qu'il aurait été plus astucieux de faire grève en janvier, hors période de vacances". De fait, MG France annonce une journée de grève, le 6 janvier, "quatre ans jour pour jour après le blocage du tarif de la consultation à 23 euros" et le 21.
Marisol Touraine a repoussé l'examen de son projet de loi santé par le Parlement à avril, promis la réécriture de certains points et la relance des discussions sur le tiers payant. Mais ces travaux attendront "la rentrée", a-t-elle dit lundi.
Réagissant à l'accord trouvé avec les urgentistes, le président de la Confédération des syndicats médicaux français (généralistes et spécialistes) Jean-Paul Ortiz, s'est étonné de voir le gouvernement "apaiser rapidement la colère qui était en train de naître à l'hôpital public" tout en restant "sourd aux revendications légitimes des libéraux". Son syndicat appelle tous les médecins à faire grève du 24 au 31 décembre.