Le parquet du tribunal correctionnel de Marseille a requis mardi une amende pénale de 5.000 euros contre Guy Teissier, député (UMP) des Bouches-du-Rhône et président de la Communauté urbaine Marseille Provence Métropole (MPM) pour diffamation raciale.
Le 17 avril 2014, alors fraîchement élu à la présidence de MPM, M. Teissier avait déclaré, devant une assemblée d'agents territoriaux en charge du nettoiement:
"Certains compatriotes doivent changer leurs gestes, ne plus jeter les déchets par terre. Il faut trouver ensemble des moyens pédagogiques pour éviter que certains
comportements ne s'africanisent."
Dénonçant un "amalgame nauséabond" entre incivilités et une catégorie de citoyens, le MRAP avait assigné l'élu devant le tribunal correctionnel, lui réclamant notamment
10.000 euros de dommages et intérêts. Se définissant comme "une sentinelle des principes et des valeurs de la République", la procureure Marie-Blanche Régnier a requis une condamnation à une amende de 5.000 euros et la publication du jugement dans deux quotidiens locaux.
La magistrate a stigmatisé "ces paroles encouragent la discorde civile, des comportements de haine et de rejet des autres", soulignant qu'"on attend d'un élu de la République
qu'il soit défenseur de la tolérance dont la République est porteuse".
Horiya Mekrelouf, présidente de la section du MRAP des Bouches-du-Rhône a également estimé que "la parole raciste peut être terrible lorsqu'elle vient d'un homme public". Selon Me Philippe Chaudon, avocat de l'association, "dire qu'il ne faut pas que Marseille s'africanise, c'est renvoyer les Blancs contre les Noirs, c'est dire que s'ils n'étaient pas là, Marseille serait plus propre ".Selon Marie-Blanche Régnier, le député "a repris les stéréotypes les plus éculés du racisme et de la xénophobie selon lesquels les Africains seraient sales et sans éducation en matière d'hygiène ".
M. Teissier avait regretté ce dérapage verbal à l'occasion d'une rencontre avec les responsables locaux du Conseil Représentatif des Associations Noires (Cran). "Il s'est dit désolé si ses paroles inappropriées avaient blessé", a plaidé son avocate Me Catherine Martini, "mais je ne peux laisser personne présenter Guy Teissier comme un homme raciste ou xénophobe, c'est insoutenable d'entendre cela". Estimant que "le terme africaniser ne se rapporte à aucun corps constitué", Me Martini a réclamé la relaxe de l'élu car "ni l'élément matériel ni l'élément moral ne sont constitués".
Le tribunal rendra son jugement le 17 février.