La décision de la reprise du journal devrait tomber ce mercredi, autour de 16 heures. Les salariés de La Marseillaise subissent un long suspense depuis la fin du mois de novembre. Ce mercredi, ils devraient être fixés sur l'avenir de leur journal, par le tribunal de commerce.
Le quotidien La Marseillaise, en redressement judiciaire depuis fin novembre, devrait être fixé sur son avenir ce mercredi, autour de 16 heures. Si la sauvegarde du titre semble acquise, elle se fera au prix d'importantes suppressions d'emplois. 90 postes sur 208 pourraient être supprimés, les services Photo et Imprimerie seraient les premiers touchées. L'impression du journal pourrait se faire à Vitrolles, en sous-traitance. Un "déchirement" pour ce journal engagé à gauche depuis sa création, il y a 70 ans.
J'attends la décision du tribunal,"
avance prudemment le secrétaire départemental du PCF, Pierre Dharréville, qui a porté - à titre personnel, précise-t-il d'emblée - avec Les Editions des Fédérés qu'il dirige, la seule offre de reprise encore en lice. Malgré une volonté de développement, la reprise passera par un difficile plan de suppression d'emplois : les Editions des Fédérés ne reprennent que 117 postes sur 208 actuellement. Lors de la dernière audience devant le tribunal de commerce de Marseille, le parquet comme l'administrateur judiciaire ont apporté leur soutien à cette offre, ce qui laisse augurer d'une issue favorable. L'élément décisif a été le soutien du Fonds de développement économique et social - un prêt, souligne Pierre Dharréville -, qui a permis d'alléger d'autant le soutien bancaire nécessaire.
L'essentiel, si le tribunal en décide, c'est que La Marseillaise va continuer à vivre, à produire une information locale."
(...) Que ce journal vive, c'est ce qui a déterminé mon engagement", explique Pierre Dharréville, défendant un quotidien - issu de la Résistance et longtemps d'obédience communiste - "qui participe grandement à la pluralité de la presse". Le premier numéro de la Marseillaise, "organe du Front national de lutte pour la libération de la France", un mensuel à la publication irrégulière, était sorti sous le manteau, le 1er décembre 1943, tiré à 5.000 exemplaires pour "regrouper les patriotes, transmettre les vraies nouvelles". Un an plus tard, à la libération de la cité phocéenne en août 1944, "la Marseillaise de la victoire" était vendue à la criée sur le Vieux-Port, à deux pas de l'immeuble qui abrite toujours la rédaction et l'imprimerie. Communiste pur et dur à ses débuts, le journal avait ouvert sa ligne éditoriale à la fin des années 90 mais en revendiquant toujours son statut de journal d'opinion, de gauche, engagé aux côtés de la classe ouvrière et dans les guerres de décolonisation. Malgré l'arrivée de Pierre Dharréville, responsable communiste, "on ne va pas devenir un journal d'appareil", assure Nathalie Fredon, élue SNJ-CGT,
Le journal va rester ce qu'il est, ouvert à gauche".
"La première chose que nous avons dite, c'est que nous allons conserver la ligne éditoriale", affirme Pierre Dharréville. Le projet de reprise s'articule autour de trois axes, détaille-t-il. "Le premier, c'est le (support) papier, avec la volonté d'être plus agréable. Un journal, ça a une existence physique". "Le deuxième, c'est le développement sur internet", poursuit-il, détaillant sa volonté de "faire passer la sensibilité" du quotidien sur ce support. Le repreneur souhaite enfin développer "la présence du titre dans la société".
"On est passé du média de masse au média de lien",
Observe-t-il, prévoyant des "initiatives", comme des "rencontres". Le quotidien s'organisera autour de trois grands "pôles" couvrant les six départements de diffusion: une édition pour le Gard et l'Hérault, une autre pour les Bouches-du-Rhône et une troisième pour le Var, le Vaucluse et les Alpes-de-Haute-Provence. Le plan de quelque 90 suppressions d'emplois, réparties entre les journalistes, les services centraux et l'imprimerie externalisée, est "un déchirement" pour Pierre Dharréville. Il est surtout vécu comme "une épreuve" par les salariés, explique Nathalie Fredon. "On est confronté à cette injonction paradoxale, insupportable quelque part, on va perdre des collègues, des amis qui se sont battus pour sauver ce titre", déplore-t-elle. Les salariés, les organisations syndicales et les responsables politiques de gauche se sont mobilisés pour sauver le journal que beaucoup, il y a trois semaines seulement, voyaient disparaître. Mais "le premier soutien, décisif, a été celui des lecteurs", explique Pierre Dharréville qui souligne leurs "importantes manifestations d'attachement".
Avec AFP