A mi-parcours, des Palmes commencent à frémir à Cannes

L'horreur des camps dans "Le fils de Saul", la mort d'une mère dans "Mia Madre" et les amours défendues entre deux femmes de "Carol": trois films semblent se dégager à mi-parcours dans la course à la Palme d'Or du festival de Cannes.

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C'est "Carol", de l'Américain Todd Haynes, qui a suscité jusqu'ici les réactions les plus enthousiastes des festivaliers comme de la presse.
Cette passion amoureuse entre deux New-Yorkaises - Cate Blanchett et Rooney Mara - dans l'Amérique puritaine des années 50, signée Todd Haynes ("Loin du Paradis"), faisait la course en tête lundi, selon le panel de critiques français et étrangers publié par la revue spécialisée Screen.

"C'est une histoire d'amour qui exprime toutes les nuances et les ombres de la vie intérieure de ses personnages", a salué Variety, la bible du cinéma mondial, tandis que le français Libération parlait de "souveraine surprise".


Avec son premier film, servi par un acteur surprenant, le Hongrois Laszlo Nemes a lui réussi à créer le choc de la première semaine, en cette année anniversaire des 70 ans de la libération des camps.
"Le Fils de Saul" raconte le quotidien d'un membre des Sonderkommandos, ces Juifs forcés à collaborer à la solution finale. La caméra suit Saul (Géza Röhrig) au plus près dans sa tâche monstrueuse, au four crématoire. Sans jamais montrer les victimes. C'est la bande-son qui restitue l'indicible: les cris, les ordres hurlés, les gémissements...
Nemes, qui voulait faire un "film au coeur de l'enfer ramené à la dimension d'un seul être humain", a séduit une bonne partie des critiques étrangers, un peu moins les Français.

Pour le Guardian britannique, le film "rend plus présent l'horreur de l'Holocauste". "Il répond à la question comment peut-on filmer la Shoah? Et nous fait entendre une réalité avec une reconstitution des camps qui passe par le hors champ et les bruits", souligne Xavier Leherpeur, de la revue française Studio Ciné Live.



Avec un sujet différent mais universel, la mort d'une mère, Nanni Moretti a fait pleurer la Croisette. Après le déchirant "La Chambre du fils" (Palme d'Or en 2001), le dernier long métrage de l'Italien Mia Madre s'attache à la crise existentielle et professionnelle d'une réalisatrice, la blonde et timide Margherita Buy, alter égo du cinéaste, confrontée à la mort de sa mère.

C'est le chouchou de la critique française, selon les pronostics pour la Palme publiés par la revue Le Film Français. Mais les étrangers ont moins aimé cette oeuvre autobiographique du réalisateur d'"Habemus Papam".


 

Après l'accueil mitigé du dernier Maïwenn, "Mon Roi", le second film français, sur cinq au total, qui entre en compétition lundi, "La Loi du marché", de Stéphane Brizé, avec Vincent Lindon, suscite l'intérêt par son thème. "Il est au service de son sujet, le social, le chômage, porté par une mise en
scène précise sur la solitude, le désarroi, très subtile, jamais dogmatique", note Xavier Leherpeur.

Bien loin des étoiles, les 19 films en compétition officielle pour la Palme d'Or qui sera décernée dimanche comptent déjà leur premier "accident".
Pourtant très attendue, "La Forêt des songes", dernier film de l'Américain palmé Gus Van Sant, avec Matthew McConaughey et Naomi Watts, a été accueilli par des huées et des critiques virulentes.
La Croisette attend encore avec impatience la dernière livraison du Chinois Jia Zhang-Ke, "Mountains May Depart", après le succès de "A Touch of Sin". Ou encore le Taiwanais Hou Hsiao-Hsien ("The Assassin"), sans oublier le retour sur les marches du monumental Gérard Depardieu pour "Valley Of Love", de Guillaume Nicloux, où il retrouve Isabelle Huppert, 25 ans après "Loulou" de Maurice Pialat.
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