Pra Loup va fermer son domaine skiable le 3 avril, 15 jours plus tôt que prévu. Plus que le manque de neige, c'est la flambée des prix de l'électricité qui est en cause. Un coût trop élevé pour la station déjà en difficulté financière.
"La neige est excellente, on a peut-être les meilleures conditions de neige de l'hiver avec un ciel bleu Ubaye comme on l'aime". Pour Matthieu Sube, moniteur de ski, tirer le rideau le dimanche 3 avril, avec 15 jours d'avance, "c'est un crève-cœur".
L'annonce faite mercredi dernier sur le site de la station suscite mécontentement et déception des vacanciers qui avaient réservé leur séjour depuis plusieurs mois. Une incompréhension d'autant plus forte que la station continue à communiquer sur les conditions exceptionnelles de cette fin de saison...
Confronté à un important déficit, le Syndicat Mixte d'Aménagement de Praloup (SMAP) qui inclut les professionnels de la station a pris cette décision à l'unanimité, s'appuyant sur le manque d'enneigement et une fréquentation en baisse de 30 %.
Un choix douloureux mais "nécessaire"
"L'année dernière on est sortis avec 1,4 million de déficit, 45 % à charge de la communauté de communes et 55% à charge du Département", indique Eliane Bareille, la présidente du conseil départementale, majoritaire au sein du SMAP.
Ouvrir 15 jours de plus, c'était 400.000 euros de déficit supplémentaire.
Eliane Bareille, présidente CD 04
"Cette année avec l'augmentation colossale des frais d'électricité qui sont passés de moins de 200.000 euros à 750.000 euros, on va vraisemblablement encore sortir de la saison en déficit, précise Eliane Bareille, ajoutez à ça, les charges de carburant qui ont explosé elles aussi, on s'est dit qu'il fallait limiter les dégâts, c'est-à-dire maintenir l'outil de travail et l'entreprise que représente Praloup en tant que station".
Même justifiée, ça reste une mauvaise nouvelle pour les professionnels de la station après une saison 2019-2020 déjà écourtée à la mi-mars en raison de la crise sanitaire.
Un coup dur pour les saisonniers
Propriétaire d'un magasin d'équipements, Sylvain Verdier va devoir interrompre les contrats de ses saisonniers. "Ils vont perdre presque 20 jours de salaire", explique-t-il. Il s'inquiète des répercussions d'une telle décision sur l'avenir. "On a déjà du mal à trouver des salariés, le fait que les saisons se raccourcissent comme ça, ça va être encore plus dur pour les saisons à venir".
Deux semaines de moins sur 14, c'est un coup dur pour les 130 saisonniers de la station. Eric Audrireau, délégué FO des remontées mécaniques souligne que c'est la troisième saison écourtée : "Il y a trois ans, on a fini le 15 mars en catastrophe à cause du confinement, l'an dernier activité partielle et pas d'ouverture, et cette année on reperd 15 jours".
"Il est clair qu'il y a une grande partie des saisonniers qui se posent des questions et qui risquent de ne pas revenir l'an prochain", ajoute-t-il.
Le syndicaliste s'inquiète lui aussi pour l'avenir de la station de l'Ubaye. "On craint que les clients soient mécontents et partent skier ailleurs".
La Régie de Praloup mise sur un meilleur contexte l'hiver prochain. Peut-être des chutes de neige précoces qui permettraient cette fois une ouverture anticipée de la saison.