Depuis l'accord économique provisoire entre l'Union Européenne et le Canada (Ceta), les producteurs du fromage traditionnel de Banon s'inquiètent
Depuis l'époque romaine, le petit fromage de chèvre recouvert d'une feuille de châtaignier fait la fierté du village de Banon. Depuis le classement en Appellation d'Origine Protégé (AOP) en 2003, les producteurs et les éleveurs croyaient se patrimoine à l’abri d'éventuels industriels.
Depuis l'entrée en vigueur de l'accord économique et commercial provisoire entre l'Union Européenne et le Canada (Ceta), ils craignent qu'outre atlantique, le Banon perde son label (AOP) et soit fabriqué ou pire, copié à grande échelle par des industriels.
Protéger le Banon
Réunis à Volonne (04) samedi dernier pour une conférence-débat, une quarantaine de personnes tentent de mobiliser pour poursuivre la lutte et défendre le Banon.s'indignait l'eurodéputé José Bové, dans les colonnes de "La Provence" il y a un an.On standardise les producteurs français. Si cet accord est signé, les industries pourront utiliser les appellations comme elles le souhaitent. Et ainsi les bafouer
Le Ceta ne menacerait pas les AOP
Edouard Bourcieu, représentant de la Commission Européenne en France pour les questions commerciales veut être rassurant et parle d'un malentendu fondamental depuis le départ.affirme Edouard Bourcieu, à nos confrères de "La Provence".Certains discours laissaient sous-entendre que les appellations pouvaient perdre leur protection, ce qui est totalement faux
Selon lui, le Ceta permettra au contraire une protection nouvelle au Canada pour les appellations qui en avaient le plus besoin.
poursuit-il.La France a transmis une liste d'appellations pour lesquelles les intérêts au Canada étaient réels et où il y avait un risque d'usurpation
Le Banon n'est pas dans la liste protégée
La liste transmise par la France au Ceta lors des négociations comprend 43 appellations, mais le fromage de Banon n'y figure pas. Là encore, le représentant de la Commission Européenne rassure :insiste Edouard Bourcieu.Le Ceta prévoit d'ajouter des appellations à l'avenir si le besoin s'en fait sentir... Mais il ne faut pas jouer avec les peurs comme l'on fait certains
Les exportations du Banon en hausse
Contrairement aux inquiétudes des producteurs et des éleveurs, le fromage français d'appellation s'exporte bien. Au Canada, le volume d'exportation française de fromage est en hausse de 8%. Les industriels canadiens n'ont pas lancé de fabrication de fromages français suite à l'accord économique (Ceta).Selon "La Fromagerie de Banon", le fromage de chèvre traditionnel est sorti de son bassin d'origine et se retrouve dans les crémeries de France, mais aussi à l'étranger : Belgique, Allemagne, Japon...
Reste que la production laitière, ainsi que la fabrication et l'affinage des fromages ne peuvent être effectués que dans l'aire d'appellation. La production est faible ce qui fait la rareté de cette AOP. 68 tonnes de fromages par an, ce qui est nettement insuffisant pour la demande actuelle.