Pendant une table ronde, le député LFI des Alpes-de-Hautes-Provence Léo Walter interroge le directeur général adjoint de l’enseignement scolaire sur les moyens mis en œuvre pour respecter les programmes d’EPS. Il compare le nombre de piscines dans le département, qui est le même que celui du groupe d'enseignement Stanislas.
Lors d’une table ronde du mercredi 13 mars sur les activités physiques et sportives à l’école organisée à l'Assemblée nationale, le député LFI des Alpes-de-Hautes-Provence Léo Walter a pointé le manque de piscines dans son département, malgré la priorité nationale faite à l'apprentissage de la nage. En taclant au passage l'école privée parisienne Stanislas, vivement critiquée après les propos de l'ex ministre de l'Education Amélie Oudéa-Castera.
Trente minutes d'activité physique quotidienne
L'élu interroge le directeur général adjoint de l’enseignement scolaire. "Je voudrais revenir sur les 30 minutes d’activité physique quotidienne à l’école lancées à la rentrée 2020 par Jean-Michel Blanquer. Nul ne remet en cause les vertus d’un tel objectif […] mais voilà : la programmation hebdomadaire prévue en CM1/CM2, ce sont huit heures de français, cinq heures de maths […] Si on ajoute les futurs cours d’empathie et de théâtre, quand va-t-on bien pouvoir trouver ces 30 minutes ? On ne les trouve pas."
Table ronde sur les activités physiques et sportives à l’école. J’interroge le DGESCO adjoint : plutôt que de promouvoir des gadgets du type « 30 minutes quotidiennes », peut-on donner aux instits les moyens de respecter les programmes d’EPS et aux élèves d’apprendre à nager ? ⤵️ pic.twitter.com/52SajArw20
— Léo Walter (@LeoWalter04) March 13, 2024
Il poursuit son discours en soulignant que, bien souvent "assommés par les injonctions contradictoires, les enseignants sacrifient souvent les activités artistiques ou sportives aux sacro-saints "fondamentaux"". Il rappelle que pourtant, selon la note de service du 28 février, apprendre à nager à tous les élèves est une priorité nationale inscrite dans le programme d’EPS.
Un manque d'accessibilité aux équipements
Mais voilà, la réalité est tout autre et il l’illustre avec l’exemple du nombre de piscines dans son département. Il détaille que dans les Alpes-de-Haute-Provence, on ne compte que deux piscines couvertes, "autant qu’à Stanislas" compare-t-il, pour 26 531 élèves. En ce qui concerne l’école qu’il a dirigée jusqu’en 2022, elle se trouve à 32 km d’une piscine extérieure et à 46 km d’une piscine couverte. "Dans ces conditions, comment assurer les 3 à 4 modules d’apprentissage de 10 à 12 séances préconisées par les programmes ? Il s’agit pourtant là d’une obligation pédagogique, mais aussi d’une nécessité de sécurité et d’une "priorité nationale". Ne serait-il pas temps d’investir massivement pour permettre aux enseignants de respecter les programmes d’EPS ?", interroge-t-il.
Le département compte en fait quatre piscines couvertes, mais, précise le député dans un tweet, celles-ci sont tellement isolées (à plus de 100km de son école, décrit-il) qu'elles en deviennent inaccessibles.
En réponse, Jean Hubac, directeur général adjoint de l’enseignement scolaire, se dit être conscient que cette mesure n’est pas appliquée de manière équivalente partout. "Nous avons conscience des problèmes d’accessibilité aux équipements. On a un objectif clair national d’apprendre à nager à tous nos élèves, mais nous savons très bien que nous avons un nombre insuffisant de piscines. Mais construire une piscine, ça prend beaucoup de temps et parfois, on est dans l’incapacité de permettre à des élèves pendant tout un cursus d’accéder à une piscine. Mais on a l’intention d’avancer."
Un projet de piscine de mer à Marseille
Pour faire face à ce problème, à Marseille, le projet de la première piscine de mer aux pieds du Mucem devrait voir le jour à l’été 2024. Elle aspire justement à réduire les inégalités en matière d’accès aux lieux de baignades. En février, Anthony Krehmeier, maire de secteur des 2ᵉ et 3ᵉ arrondissements, déplorait le fait qu’il n’y ait pas de piscine dans ces deux arrondissements, alors qu’ils comptent 90 000 habitants. "C'est comme s'il n'y avait pas de piscine à Avignon ! Ça ne serait même pas imaginable et pourtant, c'est le cas ici à Marseille", avait-il déclaré avant d’ajouter que près d’un jeune sur deux ne sait pas nager à l’entrée en 6ᵉ dans ce secteur géographique.