Malgré les multiples pistes explorées depuis la disparition du petit garçon au Haut-Vernet le 8 juillet 2023, l'enquête est toujours au point mort.
Sept mois après la disparition d'Emile, le mystère reste entier. L'enfant s'est-il perdu ? A-t-il fait une chute ? A-t-il eu un accident de la route ? A-t-il été enlevé ? Les enquêteurs n'ont trouvé aucune trace de l'enfant de deux ans et demi, disparu le 8 juillet 2023, alors qu'il venait d'arriver pour les vacances chez ses grand-parents au Haut-Vernet (Alpes-de-Haute-Provence), un hameau isolé à 1200 mètres d'altitude.
Malgré les recherches pour ratisser le secteur accidenté de montagne, avec des gendarmes, des hélicoptères, des drones, et les perquisitions des maisons des 25 habitants, rien n'a permis de faire avancer l'enquête. Emile quitte la maison après son réveil de la sieste, il est aperçu pour la dernière à 17h15 sur la route menant au village, et sa trace se perd au niveau du lavoir. Qu'est-il advenu du garçonnet ?
France 3 Provence-Alpes revient sur les différentes pistes envisagées depuis l'ouverture de l'enquête et qui n'ont pas abouti.
Piste 1 : des traces de sang
L'une des premières pistes privilégiées est celle d'un accident maquillé en disparition. Le 11 juillet, La Provence évoque la piste d'un accident de la route. Le petit garçon aurait été percuté involontairement par un conducteur, qui aurait pris la fuite. Il aurait effacé les preuves de l'accident. La piste est sérieusement envisagée dans un premier temps, des traces de sang ayant été détectées sur une voiture suspecte.
Après des analyses effectuées en urgence, ces traces de sang s'avèrent provenir d'un animal. Des traces sur une autre voiture se sont révélées être des taches de peinture. Cette piste conduit à une impasse.
Piste 2 : Emile "aperçu" en Isère
Dans les premiers jours qui suivent la disparition d'Emile, aucune piste n'est négligée. Sur la ligne téléphonique dédiée à l'enquête, les enquêteurs recoivent un signalement : un enfant ressemblant à Emile a été aperçu à bord d'un camping-car circulant en Isère. L'information est prise au sérieux. Une équipe est envoyée sur place pour faire une levée de doute.
Après la fouille du véhicule et la vérification des informations, la piste s'est révélée être erronée, rapporte le 12 juillet La Provence.
Piste 3 : des engins de moissons expertisés
Juillet, c'est le mois des moissons au Vernet. Le 16 juillet, les enquêteurs explorent la piste d'un accident lié à la présence de moissonneuses et de trPisteurs dans les champs. Le petit garçon aurait pu se déplacer sans être vu dans les herbes hautes et passer sous un engin agricole. Les enquêteurs passent au détecteur de métaux tous les ballots de paille du hameau. L'hypothèse n'aboutit pas.
Elle ressurgit à l'automne. Le 17 octobre 2023, les gendarmes perquisitionnent la propriété d'éleveurs de veaux du Vernet, une mère et son fils, qui possèdent aussi des terres au hameau situé à 4 km. L'adolescent de 17 ans est connu de la justice pour des délits mineurs et réputé pour sa conduite à risque au volant des trPisteurs. Un accident se serait-il produit au moment de la moisson en juillet ? Cette piste est étudiée par les enquêteurs, mais aucun élément matériel ou trace d'ADN sur les engins agricoles expertisés ne permet de confirmer cette piste.
Piste 4 : la piste du loup
Le 17 juillet, les réseaux sociaux s'emballent sur une nouvelle hypothèse : une attaque de loup. Le mois précédent la disparition d'Emile, le prédateur s'en est pris au troupeau d'un éleveur à Marcoux, à 25 km du Vernet. La thèse s'appuie sur des propos tenus par le maire François Balique en 2017 sur un média local, Alpes 1. "On a vu des loups traverser le village", avait-il alors déclaré.
Rien ne permet cependant d'étayer cette hypothèse dans l'affaire du petit Emile.
Piste 5 : la maison de famille incendiée en 2019
Le 3 août, Le Parisien rapporte que la famille maternelle du petit Emile a été la cible d'un incendie criminel dans la nuit du 22 au 23 mars 2019, au hameau de Boullar, situé à 12 kilomètres du Haut-Vernet. Quatre maisons ont été incendiées, dont l'une appartenait aux grands-parents du garçonnet. L'incendie n'a pas fait de victime. Si l'origine criminelle ne fait pas de doute, l'affaire n'a cependant jamais été élucidée.
Y a-t-il un lien entre ces incendies et la disparition du petit Émile ? "C'est une piste qui existe, a confié une source judiciaire au quotidien. Elle n'est ni privilégiée ni exclue par les enquêteurs à ce stade. Mais forcément, le fait que cette famille semble avoir été visée par des incendies criminels oblige à s'y intéresser."
Piste 6 : l'hypothèse d'un rapace
Les chiens Saint-Hubert déployés pour les recherches ont "marqué" la présence d'Emile près du lavoir, puis plus rien. L'enfant s'est "volatilisé". De l'incompréhension, naît l'hypothèse d'un grand oiseau qui aurait attrapé Emile vivant pour l'emporter. Une piste rapportée le 27 août par BFMTV. La piste du rapace n'est cependant pas jugée crédible par les enquêteurs, compte tenu du poids de l'enfant de deux ans et demi, qui pèse plus d'une dizaine de kilos.
"Un rapace est capable de lever un tiers de son poids", selon Belinda Martinez, une spécialiste des rapaces, interogée par BFMTV. Un mâle pesant entre 3 et 4 kg et une femelle jusqu'à 7 kg maximum, cela laisse aucune possibilité qu'ils s'empare d'un enfant de cet âge, de 10 à 20 kg en moyenne. Et même en cas d'attaque par un oiseau, cela aurait laissé des traces que les enquêteurs n'ont pas relevées.
Piste 7 : une dalle de béton détruite
Le 12 septembre 2023, une nouvelle piste laisse espérer un tournant dans l'enquête, révèle Libération. A la suite de la détection d'une "anomalie" par un sonar, les enquêteurs lancent de nouvelles fouilles dans une habitation, située à quelques centaines de mètres de la résidence secondaire des grands-parents, au hameau du Haut-Vernet.
Ils procèdent à la destruction d'une dalle en béton, d'une surface importante, posée au cours de travaux par une entreprise de BTP, peu après la disparition du petit garçon. Après deux jours de recherches, le procureur de la République d'Aix-en-Provence, Jean-Luc Blachon, indique à BFMTV qu'aucun élément nouveau n'a été trouvé.
Piste 8 : de nouvelles auditions
Preuve que les enquêteurs restent mobilisés, sept mois après la dispartion de l'enfant, deux nouvelles auditions ont été menées les 9 et 13 février, selon BFM Dici, dans le cadre des nombreuses investigations menées par la Section de recherches (SR) de Marseille pour tenter de retrouver le petit garçon. L'une de ces personnes réside à l'année à Marseille mais vient en vacances au hameau. L'homme a indiqué avoir vu, depuis chez lui, les véhicules de la gendamerie monter à toute allure vers le Haut-Vernet et il a participé aux recherches. L’homme n'a pas été inquiété selon BFM. Un autre résident secondaire, qui possède une maison au Vernet depuis plusieurs décennies, a également été interrogé par les gendarmes sur le village, ses habitants et la famille du petit Emile.