Depuis la disparition de leur fils, le 8 juillet 2023, les parents d'Emile ne se sont que rarement exprimés. Sur Facebook ils appellent à la prière pour retrouver leur fils et ils n'ont accepté de parler qu'à un seul média : l'hebdomadaire Famille chrétienne.
Le visage d'Emile est désormais bien connu. Dans tous les médias, sur les appels à témoin, on a vu le sourire discret et les joues rondes du petit garçon blond, disparu le 8 juillet 2023 au Haut-Vernet. Mais de ses parents, Marie et Colomban, on ignore, tout, ou presque. Le jeune couple a décidé de peu s'exprimer publiquement, ce qui a donné lieu à de nombreuses hypothèses sur leur personnalité ou leur mode de vie, relayées sur les réseaux sociaux et dans certains médias.
Sur Facebook, la mère d'Emile a appelé plusieurs fois à la prière pour retrouver son fils, notamment durant la période de Noël. Les parents du petit garçon ne se sont exprimés dans les médias qu'à deux reprises : dans l'hebdomadaire Famille chrétienne, où ils ont témoigné le 29 août dernier et le 24 novembre, lorsqu'ils ont lancé un appel, pour l'anniversaire de leur fils.
"Ils nous ont choisi, n'avons pas fait une démarche particulière", relate Samuel Pruvot, rédacteur en chef du magazine. A l'époque, certains médias décrivent le couple comme sectaire, isolé, "plutôt d'extrême droite et intégriste". Les équipes du magazine chrétien ne cherche pas à les contacter, de peur, notamment qu'ils ne tiennent des "propos inaudibles".
Marie contacte Famille Chrétienne
C'est Marie, la mère d'Emile, qui fait le choix, en août, de contacter Samuel Pruvot : "ils avaient réfléchi en couple et en famille. Ils n'avaient pas souhaité jusqu'alors s'exprimer dans les médias. Mais ils ont changé d'avis. Ils avaient reçu tellement de messages de soutien, qu'ils souhaitaient dire "merci" et ne pas laisser imaginer qu'ils étaient indifférents à la forte mobilisation pour leur fils."
Marie et Colomban cherchaient "un média qui soit un média grand public et généraliste et qui ne mette pas de côté le paramètre chrétien de l'affaire", détaille le rédacteur en chef de Famille chrétienne, qui a reccueilli leur témoignage. "La foi ne change malheureusement rien au drame mais c'est un élément important dans la manière de vivre cette épreuve, dit-il. Dans la foi, cette horreur a peut-être le début d'un commencement de sens."
Le silence des parents d'Emile a pu interpeller certaines personnes qui suivaient de près l'affaire, comme les nombreux enquêteurs amateurs. Samuel Pruvot se défend de s'exprimer au nom du couple mais tente d'expliquer : "ils voulaient parler le moins possible pour ne pas augmenter leur propre épreuve. Ils ont été tellement traqués par les médias. Pour eux, c'est insoutenable. La situation tellement insupportable qu'ils ont voulu la vivre avec leurs proches. Ils se disaient , ce n'est "pas à nous de nous substituer à la justice.""
De jeunes parents, portés par la foi
Lorsqu'ils lancent un appel dans Famille chrétienne à la veille de l'anniversaire du petit garçon, le 23 novembre, les parents espèrent faire avancer l'enquête, en appelant à leur responsabilités les éventuels témoins ou complices : "Par pitié, s'il est vivant, ne nous laissez pas vivre sans lui, rendez-le-nous ! Par pitié, s'il est mort, dites-nous où il se trouve, rendez-le-nous, ne nous laissez pas sans une tombe pour nous recueillir !", indique la mère du petit garçon. "Tout cela, vous pouvez le faire de mille manières, même anonymement, sans avoir à vous dénoncer, mais ne nous laissez pas vivre le restant de nos jours, ainsi que nos familles, avec cette affreuse angoisse qui nous broie le cœur", déclare alors Marie.
Alors qu'Emile a disparu depuis six mois, Samuel Pruvot garde un contact régulier avec les parents d'Emile, qu'il essaie de ne pas trop solliciter. Il insiste sur le fait qu'ils ne sont pas les "intégristes méchants" que certains ont souhaité décrire, mais de "tous jeunes parents", qui font face à cette épreuve avec "retenue" et "une grande dignité". Même dans leur silence public, explique-t-il, ils sont "très sensibles à toutes les marques d'affection, chrétiennes ou pas", qui leur vient des personnes sensibles à leur situation.