En grève depuis le 18 octobre, les salariés de la clinique Toutes Aures de Manosque espèrent obtenir des négociations avec la direction de l'établissement, en partie fermé en raison du mouvement.
Les salariés de la clinique Toutes Aures de Manosque entamaient, ce lundi 7 novembre, leur 21ème jour de grève. "Ca commence à tirer pour certains d'entre nous", reconnaît Flora Paul, infirmière du bloc opératoire et gréviste depuis le début du mouvement, le 18 octobre. Chaque jour, elle alimente une page Facebook où elle partage des messages de soutien, et des informations sur l'évolution de la grève. Une cagnotte en ligne a également été lancée pour appeler à un soutien financier des salariés grévistes.
Faute de revenus, une dizaine d'entre eux a fini par reprendre le travail, "par nécessité". Mais le mouvement reste très suivi, insiste Cédric Volait, coordinateur CGT Santé pour la région Paca, avec un taux de participation "proche de 70%" ; contre 80% au début du mouvement. "Une grève si longue, c'est inédit", insiste le représentant syndical.
Comme de nombreux salariés du secteur de la santé, ceux de la clinique Toutes Aures réclament des augmentations de salaires, d'effectifs et une amélioration de leurs conditions de travail. Des requêtes qui ont évolué au fil des 21 jours : "Nous avons fait un premier pas vers la direction. À eux d'en faire de même", lance Flora Paul. Les revendications se sont assouplies. Au départ, les salariés demandaient une augmentation de 20% sur leur salaire ainsi qu'un treizième mois. Aujourd'hui, ils espèrent obtenir une prime de 200 euros net par mois.
Pas question, en revanche, de lâcher du leste sur le mouvement en lui-même : "si la direction compte sur un pourrissement de la grève, elle se trompe. Nous sommes nombreux à préférer démissionner plutôt que de reprendre le travail dans ces conditions", lance Flora Paul, dont le salaire atteint 1700 euros net par mois, "à minima 100 euros de mois que dans le secteur public".
La clinique en partie fermée depuis le 20 octobre
"Aujourd'hui, le travail que l'on produit n'est plus en accord avec les valeurs qu'on nous inculque", poursuit l'infirmière, énumérant "l'éthique, la bienveillance, le fait de faire du patient une priorité". Elle pointe des heures supplémentaires excessives, un manque de personnel, au bloc opératoire notamment, où le taux de grévistes est proche des 100% selon la CGT. Depuis près d'un an, le nombre de patients serait en augmentation, obligeant ces salariés à augmenter leur cadence et à "toujours plus d'heures supplémentaires".
Jusqu'à présent, "la direction a toujours refusé la négociation", regrette la CGT santé. "Le discours tenu est toujours le même, à savoir, un manque de moyens, alors que la clinique fonctionne bien et que nous recevons de plus en plus de patients". Ce lundi après-midi avait lieu la première réunion officielle de négociation entre les représentants du personnel et la direction.
Les grévistes se disent confiants. "De nombreuses personnalités nous soutiennent, au-delà des identités partisanes", note Flora Paul, citant pour exemple le député Léo Walter, le sénateur Jean-Yves Roux, ainsi que plusieurs maires du département.
"La situation de la clinique concerne tout le monde, citoyens comme élus", insiste Flora Paul. Conséquence du mouvement de grève, depuis le 20 octobre, la clinique est fermée, à l'exception des consultations.
Les salles de blocs ainsi que l'hospitalisation ne reçoivent plus de patients. "L'offre de soins diminue énormément" dans un département déjà touché par la problématique des déserts médicaux. Les grévistes espèrent ainsi peser dans la balance.
Une nouvelle réunion aura lieu en milieu de semaine, avec les salariés, indique la direction, qui nie tout refus de négocier. "Nous nous voyons tous les jours avec les salariés depuis le début du conflit. Aujourd'hui, nous formalisons simplement davantage le processus, avec des demandes formulées par écrit. Nous sommes prêts à négocier. Des propositions ont été faites vendredi, certaines jugées intéressantes", assure Thierry Neff, directeur de la clinique, propriété du groupe Almaviva Santé.
Pour lui, "les revendications ne sont pas simples", dans "un petit établissement de proximité" qui reçoit une trentaine de patients par jour. "La situation économique est contrainte".
"Nous sommes concentrés à ce que le conflit s'arrête", insiste le directeur, indiquant qu'un des blocs opératoires a rouvert ce lundi matin.