C'est la fleur emblématique de la Provence, mais la filière de la lavande traverse une crise. Le prix du kilo s'effondre, les nuisibles apparaissent, et la concurrence des pays étrangers guette. Autant de facteurs qui conduisent certains agriculteurs à brûler leurs champs pour se tourner vers d'autres cultures.
La lavande fait partie du patrimoine indissociable de la Provence. Ses senteurs nous ramènent en enfance, on imagine les champs d'un teint violet s'étendre à perte de vue. Aujourd'hui, la lavande traverse une crise. Certains agriculteurs n'arrivent plus à joindre les deux bouts face à un marché moins rémunérateur, et se retrouvent parfois contraints à brûler leurs champs et chercher d'autres alternatives.
"Si on veut vivre, il faut se renouveler"
Des plants entiers de lavandes se retrouvent volontairement détruits. Sur le plateau de Valensole dans les Alpes-de-Haute-Provence, la culture de la lavande est devenue difficilement viable. "Ma ferme s'étendait à perte de vue par le passé, se souvient Aurélien Payan, lavandiculteur. Il y avait environ 100 hectares avant, et je me retrouve à arracher une vingtaine d'hectares par an. Il ne me reste que 20 hectares aujourd'hui. Je ne subviens plus à mes besoins avec cette culture, alors que c'était notre fer de lance."
Pour survivre, les agriculteurs locaux n'ont pas d'autre choix que de se diversifier. Des amandiers et des champs de grenade ont fait leur apparition sur l'exploitation d'Aurélien Payan. "Si on veut vivre, il faut se renouveler, et les gens auront toujours besoin de nourriture même si elle est un petit peu moins parfumée, positive-t-il. Sur ma parcelle, même sans irrigation j'obtiens de très belles grenades, elles sont bien charnues."
Quelques kilomètres plus loin, c'est le pessimisme qui l'emporte : "On a perdu 30 à 40% de notre plantation cette année, détaille Jean-Pierre Jaubert, lui aussi lavandiculteur. J'espère que ce fléau va s'arrêter. Valensole est réputée dans le monde entier pour sa lavande."
La chenille est passée par là
Les producteurs provençaux sont aujourd'hui confrontés à un marché de la lavande mondialisé, qui fait chuter les prix de leurs précieux plants. La production mondiale d'huile de lavande est aujourd'hui divisée entre la Bulgarie (leader mondial), la Chine, l'Espagne ou encore la Moldavie.
De plus, les lavandiculteurs français ont fait face aux ravages d'une chenille destructrice, ramenée d'Afrique du Nord par le vent du Sahara. Elles ont dévoré les tiges, fait tomber les fleurs, et obligé les producteurs à récolter au plus vite leurs lavandes.