L'espoir d'une bonne saison s'évapore avec l'eau du lac de Sainte-Croix. Le faible niveau de la cote pourrait conduire à une restriction des activités. La baisse du niveau de la retenue de Serre-Ponçon est également préoccupante.
Les Gorges du Verdon, son grand canyon, ses falaises calcaires, ses eaux d'un vert émeraude. Une étape incontournable pour les touristes qui viennent en Provence en été. Mais la carte postale est un peu gâchée en ce début de saison.
"Cette année, il n'y a pas eu beaucoup de neige, au printemps il y a eu très peu de pluies et on arrive au début de l'été avec quasiment plus d'eau dans le lac", constate Damien Depys, chef de la base nautique de l'Etoile sur le lac de Sainte-Croix, à la veille du rush des juilletistes.
S'étendant sur plus de 2000 hectares, le lac de Sainte-Croix est le 3e plus grand lac de France. Actuellement, son niveau est entre 4 et 6 mètres en-dessous de son niveau habituel en cette saison.
Jusqu'à présent bateaux et pédalos peuvent encore sortir sur la partie navigable des gorges, mais la situation va se compliquer pour la pleine saison estivale.
"Si ça continue de baisser, en juillet et août on va être obligés d'avoir beaucoup de monde sur une partie des gorges qui est assez réduite." Le professionnel imagine même que les autorités en viennent à limiter la fréquentation dans les Gorges du Verdon et à n'autoriser que la navigation sur le lac.
"Il reste le lac, c'est quand même joli, on espère que le niveau ne descende pas de trop pour qu'on puisse quand même louer si ce n'est pas dans le canyon, au moins sur le lac", ajoute-t-il en voulant rester optimiste.
La crainte d'une fermeture des gorges
Déjà par mesure de sécurité, certaines pratiques sont interdites. C'est le cas du rafting, jugé trop dangereux compte tenu du manque d'eau.
Chaque année, un million de personnes visitent les Gorges du Verdon, si la préfecture décidait de fermer le site, ce serait catastrophique pour tous les professionnels du tourisme dans ce secteur.
A une centaine de kilomètres de là, plus au nord, l'état du grand lac des Alpes du Sud est tout aussi préoccupante.
Le syndicat mixte d'aménagement et de développement de Serre-Ponçon surveille le niveau du lac comme le lait sur le feu. Un partenariat avec EDF qui gère le barrage impose un remplissage maximal du 1er juillet au 31 août avec une cote à 775 pour permettre des pratiques de loisirs nautiques.
La cote est actualisée chaque jour sur le site de la SMADESEP. Ce 24 juin, le niveau de l'eau est à peine 771. Sans épisodes pluvieux importants, la cote de la retenue continuera de baisser.
Des mesures ont déjà été prises concernant les pontons et mouillages des bâteaux, d'autres pourraient suivre indique la Capitainerie du lac. Une réunion de crise s'est tenue mardi dernier, un nouveau point est annoncé pour ce jeudi avec l'ensemble des professionnels concernés.
Les entrées d'eau au plus bas historiquement
Depuis début juin, les volumes d'eau entrant dans les lacs de Serre-Ponçon, du Verdon mais aussi sur la Durance, et Castillon, "sont dans les valeurs les plus faibles enregistrées historiquement", indique EDF.
Dans une vidéo publiée le 21 juin sur les réseaux sociaux, EDF explique qu'à Serre Ponçon, le débit sortant du barrage est deux dois supérieur au débit entrant. La production électrique a été limitée depuis la mi-février pour privilégier les autres usages de l'eau : l'irrigation des cultures, l'eau potable et la préservation de la vie aquatique en rivières. Mais ça n'a pas suffi à pallier l'absence de précipitations.
Compétition annulée
Sans attendre, l'EDF Aqua Challenge a d'ores et déjà anticipé l'annulation de la traversée du lac prévue les 30 et 31 juillet. "Le niveau de remplissage de la retenue pour fin juillet ne sera pas de nature à pouvoir accueillir les épreuves et notamment le 5km qui a lieu en queue de retenue du lac entre Embrun et Savines-le-lac, ce secteur étant le premier touché par le manque d'eau", expliquent les organisateurs sur la page Facebook de l'événement.
Dans les Hautes-Alpes, le déficit pluviométrique s'est aggravé au cours du dernier mois, la sécheresse des sols atteint des niveaux historiques, selon la préfecture.