Lundi cinq personnes ont perdu la vie dans plusieurs avalanches. L'avalanche de printemps est un phénomène connu. Les variations de températures sont très importantes. Cette situation devrait se prolonger pendant plusieurs jours. Explications et conseils avec les professionnels de la montagne.
« je ne crois pas qu’il y ait des secteurs plus dangereux que d’autres…cette année c’est particulièrement dangereux partout…on a eu une grosse couche de gobelets qui s’est formée en début d’hiver, ensuite on a eu du sable du Sahara et du coup on retrouve dans le manteau neigeux une couche très dure d’environ 10 à 20 cm, c’est elle qui tient tout mais ce qui est en dessous c'est pourri. On n’est pas à l’abri d’avoir de très grosses avalanches de fontes »
Explique Hugues Beaume, alpiniste
(Les gobelets sont des grains de neige anguleux qui se présentent sous forme de pyramides striées. Ils se caractérisent par l'absence de cohésion ce qui facilite le glissement des couches de neige supérieures.)
Un alpiniste qui rajoute
« A 3000 mètres, on trouve 30 à 40 cm de neige fraiche, tombée il y a trois jours, c’est une neige qui n’a pas forcément une très bonne adhérence sur l’ancien manteau neigeux, de plus il y a de grosses différences de température à l’intérieur du manteau…dès qu’on est dans une pente à 30° forcément on est exposé, ou même sur un plat en dessous d’une face, l’avalanche peut venir nous attraper »
Attention au risque d'avalanches la semaine de l'ascension
Météorologue indépendant Paul Marquis prévient
"A partir de la semaine de l'ascension on risque d'avoir un passage instable et très pluvieux donc à nouveau de la neige en altitude à 2 500/3 000 mètres voire plus bas ensuite, celà va entraîner des risques d'avalanches "
Cette situation d'avalanches de printemps est bien connue des météorologues, " nous avons eu le mois d'avril le plus froid depuis vingt ans alors que nous avons eu un coup de chaud au mois de mars, ces variations sont très dommageables pour le manteau neigeux" explique Paul Marquis qui précise " la neige de printemps est beaucoup moins stable que la neige d'hiver. En général en mai il y a des orages mais cette année nous avons eu de la neige et elle a moins gelé au sol, ça crée des plaques instables et au moindre coup de chaleur ça dégringole de la montagne"
Rappel de quelques règles de sécurité
C'est l'Adjudant Roux Benjamin du PGHM de Jausiers, le Bataillon de Gendarmerie de Haute Montagne, qui nous rappelle quelques règles de sécurité : " la pratique de la montagne en général respecte des fondamentaux, un socle commun, à savoir : préparer son itinéraire en fonction de ses capacités physiques, ne pas partir tout seul, se renseigner sur les conditions météorologiques, ensuite en fonction des activités pratiquées il va falloir s'adapter"...
et l'adjudant conclut en ces termes :
Par exemple, pour le ski de randonnée il faut impérativement être équipé du triptyque : le DVA, le détecteur de victimes d'avalanches, la pelle et la sonde, il est également nécessaire de se renseigner sur l'état du manteau neigeux"