Le nouveau "plan loup", dont les grandes lignes ont été validées, a pour ambition d'"éduquer" l'animal, protégé mais à l'origine d'attaques de plus en plus nombreuses de troupeaux, en permettant notamment aux éleveurs de mieux se défendre.
La gestion des loups, au nombre de 250 en France aujourd'hui, sera désormais "différenciée" selon les régions, en fonction des pratiques d'élevage et des risques d'attaques, ont annoncé les ministères de l'Ecologie et de l'Agriculture.
"Le loup est et restera une espèce strictement protégée. Il est néanmoins possible de tenir compte de la bonne dynamique de population de l'espèce afin de mettre en place une gestion plus fine", ont-ils indiqué après une réunion du "groupe national loup".
Le nouveau "plan loup", pour 2013-2017, doit entrer en vigueur au printemps. Il doit notamment assouplir les procédures administratives permettant aux éleveurs de pratiquer des tirs et simplifier les indemnisations après des attaques.
De même, de nouvelles "modalités de calcul" permettront d'augmenter régulièrement le nombre maximal de loups pouvant être abattus chaque année pour suivre la croissance du nombre de prédateurs, a indiqué la ministre de l'Ecologie Delphine Batho.
Ce "plafond", pour l'ensemble de la France, est fixé à onze pour 2012-2013.
Le territoire du loup, qui est revenu naturellement au début des années 90 dans les Alpes, est en croissance constante en France avec une "aire de répartition" qui augmente de 25% par an.
En conséquence, les attaques de troupeaux augmentent elles aussi avec 5.848 bêtes victimes du loup en 2012, contre 4.920 en 2011 et seulement 2.680 en 2008.
Les éleveurs sont "à cran", a souligné le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll, et les indemnisations, elles, atteignent des sommets, avec quelque 2 millions d'euros versés en 2012.
Selon Mme Batho, les membres du groupe national loup, organe qui regroupe des parlementaires, des experts, des représentants agricoles et des associations, défendent avec ce plan l'ambition "d'éduquer le loup" en le détournant des troupeaux pour se nourrir.
Expérimentations :
Des expérimentations pourront par exemple être menées pour capturer des loups et ainsi "leur faire peur et les dissuader de faire des attaques", a-t-elle expliqué.
Evoquant également un "acte de pédagogie", Stéphane Le Foll a souligné que "les troupeaux ne doivent pas être la nourriture habituelle" du loup.
La volonté de "territorialiser" la gestion de l'animal répond toutefois au fait que la "pression" du prédateur est très différente d'une région à l'autre.
Ainsi, entre 2011 et 2012 dans les Alpes de Haute-Provence, "la prédation a diminué de plus de 70%" dans la vallée de l'Ubaye", mais "a progressé de 40 % dans le Haut-Verdon et de 400 % dans la vallée de l'Asse", selon les données officielles.
Le plan prévoit ainsi un "suivi biologique plus réactif" de l'espèce pour mieux mesurer son évolution localement.
Ce plan, qui prendra la suite de la version 2008-2012, doit encore faire l'objet d'une consultation du public en mars avant une validation par le Comité national de protection de la nature.
Concernant les "zones de protection renforcée contre le loup", adoptées en première lecture au Sénat le 30 janvier contre l'avis du gouvernement, la ministre de l'Ecologie a estimé qu'elles sont "contradictoires" avec les engagements de la France en matière de protection du loup.
Même les éleveurs ne veulent pas des ces zones d'exclusion, qui visent à faciliter la "destruction" du loup dans des communes où les activités d'élevage sont "gravement perturbées par les attaques de loups", a-t-elle rappelé.