Après les inondations des 23 et 24 novembre, et du 1er décembre, les autorités constatent une évolution des comportements des habitants des Alpes-Maritimes. Depuis les traumatisantes intempéries d'octobre 2015, les pouvoirs publics travaillent activement à une acculturation aux risques naturels.
Evidemment, la tristesse ne s'arrête pas aux frontières. Des intempéries qui ont frappé le sud-est, d'abord les 23 et 24 novembre, puis le 1er décembre, on retiendra les huit morts du Var. Ainsi que les trois secouristes qui ont perdu la vie dans les Bouches-du-Rhône, après un crash d'hélicoptère lié aux opérations.
Si rien ne pourra atténuer le deuil de ces pertes, les autorités des Alpes-Maritimes ont tout de même des raisons de croire en leur travail en ce qui concerne la gestion des risques naturels et l'évolution des comportements face à ceux-ci. Sans les actions menées depuis des années, le bilan aurait probablement pu être plus lourd.
"Il y a une évolution des comportements par rapport à 2015, constate Jérémy Crinchand, direction de la Protection civile des Alpes-Maritimes. De mon expérience du terrain lors de ces intempéries, il ressort globalement une progression concernant le respect des consignes."
Le tournant du 5 octobre 2015
Les terribles inondations du 3 octobre 2015 et ses 20 morts ont marqué un tournant dans le rapport du territoire aux risques naturels."Après cet épisode, les services de l'Etat et les collectivités locales se sont réunis pour l'analyser, relate Serge Castel, directeur départemental des territoires et de la mer. Et dans la quasi-totalité des cas, ce sont les comportements qui ont conduit à des morts."Bien que la prévention des risques et la gestion de crise contituent deux piliers du travail mené par les autorités depuis 2015, selon Serge Castel, le travail sur les consciences et les comportements est l'axe majeur. "Il faut absolument une acculturation des populations aux risques, qui sont particulièrement nombreux sur ce territoire", insiste le directeur de la DDTM.
Ces documents, accessibles aux administrés dans les 163 mairies du département, permettent d'avoir un accès à toutes les données relatives aux différents risques naturels de la commune. Le but est également d'informer les nouveaux arrivants, afin que personne n'échappe à ces informations.
Cette évolution des consciences passe aussi par un travail mémoriel. Chaque 3 octobre est désormais une journée de commémoration et de sensibilisation aux risques majeurs. Sous l'égide de la préfecture des Alpes-Maritimes, des actions sont menées, "pour dire, 'n'oubliez pas'!", explique Serge Castel.
À ce moment-là, les écoles (primaires, collèges, lycées) sont particulièrement ciblées, comme le reste de l'année, sur les bons gestes à acquérir en cas de crise. "On mène une forte action sur les scolaires, parce qu'on s’apercoit que quand ils font des exercices dans la journée, in fine le soir, les enfants en parlent aux parents", ajoute Serge Castel.On mène une forte action sur les scolaires
Autre axe de travail, explique le directeur de la DDTM, chaque mois de septembre désormais, "l'Etat communique dès le début des épisodes cévenols et méditerranéens". Des fiches réflexes, recensant les huit comportements à adopter, sont apposées dans les lieux publics. Un important effort de communication auprès des médias est aussi réalisé.
Encore du travail
Mais, malgré tout, il y a encore du travail. Des comportements dangereux quoique moins nombreux, perdurent. Le maire de Cannes, David Lisnard, l' a fait remarqué sur le réseaux social Twitter, dimanche 1er décembre, arguant qu'il y avait "encore trop de monde sur les routes"."En intervenant sur le terrain, j'ai bien vu que des personnes étaient encore dans la rue, et cela augmente les risques", témoigne Jérémy Crinchand, de la Protection civile. Par exemple, les commerçants doivent accepter que les employés ne viennent pas travailler. Or on a vu des personnes qui se déplaçaient pour aller travailler. Il n'y a pas de nécessité économique en vigilance rouge."Fermeture de nombreuses voies. Trop de véhicules encore sur les routes. Le phénomène va être violent dans quelques minutes. Grand DANGER dans les rues. #Cannes #VigilanceRouge
— David Lisnard (@davidlisnard) December 1, 2019
Il insiste sur le fait que "dès que la sirène d'alerte retentit, il ne faut absolument plus sortir". Avant même cela, les déplacements doivent être drastiquement évités, "sauf en cas d'urgence absolue", ajoute Serge Castel, de la DDTM.
"Certes, il y avait peu de gens sur les routes, mais le soir, les pompiers ont dû intervenir pour car des gens s'étaient engagés sur des routes inondées, continue le fonctionnaire. Il faut savoir, qu'à partir de 30 cm d'eau, une voiture flotte."
Les pouvoirs publics au point
Si des progrès manifestes ont été réalisés, Serge Castel insiste pour dire qu'"on va continuer à marteler", les messages de prévention. Il cite l'exemple du Japon, où la société est pleinement éduquée à vivre avec des risques naturels extrêmes, tels que les typhons et les séismes.
Bien que des travaux de réduction de la vulnérabilité sur le bâti ou des opérations comme la renaturation de la Bargue soient prévus, le travail d'acculturation aux risques ne doit pas cesser.
"Ce qu’on a connu ce week-end, on le connaitra encore, peu importe les travaux, prévient Serge Castel. Aujourd'hui, il est illusoire de dire qu’on va enlever ce risque ou qu’on va quitter les Alpes-Maritimes. Maintenant, le risque est là et la question est désormais de savoir comment doit évoluer le territoire pour y répondre."
Que ce soit du côté de la DDTM ou de la Protection civile, qui travaille avec les communes sur les plans communaux de sauvegarde, on constate en tous cas une vraie maturité chez les pouvoirs publics, "notamment sur les réseaux sociaux où les préfets et les mairies sont de bons relais", précise Jérémy Crinchand.