Les problèmes des déjections des perruches et de leurs cris stridents ont mis les nerfs des riverains et des commerçants à bout. Place Général de Gaule à Antibes dans les Alpes-Maritimes, un test d'effarouchement est mis en place depuis ce 30 mai. La réussite sera-t-elle au rendez-vous ?
Elles sont jolies dans leur habit de plumes vert presque fluo. Elles sont exotiques et attirent le regard. Elles sont originales au milieu des mignons moineaux, des pigeons, des tourterelles et des gabians.
Elles sont très bruyantes disent les uns ! Elles font des monceaux de fientes toutes les nuits répondent les autres ! Elles ravagent les arbres fruitiers grognent encore ceux qui ont des jardins !
Bref, rien d’étonnant à ce que ces perruches à collier soient classées espèce invasive. Originaires d'Afrique, d'Inde, ou encore de la chaîne de l'Himalaya, la perruche est une "espèce plastique", c'est-à-dire qu'elle s'acclimate bien à tous les milieux et tous les climats.
Sur la place de Gaulle à Antibes, comme partout dans d’autres villes ailleurs notamment Marseille qui lutte aussi depuis des années, elles arrivent sur les branches des arbres, chaque fin de journée pour passer la nuit et repartir chercher à manger le lendemain matin.
Cet espace est leur dortoir. Un lieu de lien social où elles viennent se mettre à l’ abri, toutes très ponctuelles. Il semblerait qu’elles apprécient les lieux bruyants et lumineux. Normal. Là elles se sentent protégées.
Sur la place centrale d'Antibes, se succèdent les marchés, les clients, les curieux, les antibois, réels administrés ou de passage qui aiment à s’y attarder, échanger, prendre le frais.
La cohabitation se passe de plus en plus difficilement. Les perruches sont envahissantes et, en corolaire, leurs nuisances se multiplient.
Comme elles n’ont quasiment pas de prédateurs réguliers elles n’en finissent pas de se reproduire,
explique Jean-Baptiste Demauge, le responsable de la propreté urbaine d’Antibes.
Olivier Darcq, le directeur de la communication de la ville explique : « Les services de nettoiement sont obligés de passer matin et soir, parfois même davantage. Les perruches dérangent quand elles se retrouvent dans des endroits animés et très fréquentés. Les passants, les riverains et les terrasses de bar s’en plaignent. Il y a des lieux comme la gare des bus où elles ne dérangent pas, et là, pas de soucis. »
Selon les services municipaux, les perruches auraient profitées du 1er confinement en mars 2020 pour s’établir au cœur de la cité antiboise.
Depuis le début de la semaine, une opération-test d’effarouchement est mise en place par la mairie. Il s’agit de procéder de manière empirique. Il n’y a, en effet, aucun retour d’expérience technique sur le meilleur moyen de se débarrasser des volatiles sans les tuer.
Ce 30 mai au matin et à la tombée de la nuit, un fauconnier, engagé par la mairie est arrivé place de Gaulle avec quatre buses de Harris originaires d’Amérique du Sud.
But du jeu pour le fauconnier ?
Pointer les perruches au laser et envoyer ses buses pour lancer l’attaque. Cédric Toubas explique : « les perruches volent beaucoup plus vite que les buses. Il s’agit, une fois que les buses ont identifié les colonies de perruches, de fondre sur elles et de les poursuivre sur 50 m. A partir de là, c’est panique chez les perruches qui quittent les arbres. On oriente les lasers vers elles. Ensuite, elles assimilent vite le laser à une attaque de rapaces. Normalement c’est les fait changer de lieu de dortoir. »
Sauf que les goélands...
Petit problème, lundi soir : les goélands, espèce protégée, qui sont en pleine reproduction, ont à leur tour, fondu sur les buses à 30 contre 1 ! Affolement général chez la gente ailée en tout genre et grande cacophonie sur la place.
Mais, au-delà de cette amusante anecdote, il semblerait que le test d’effarouchement ait fonctionné. Les lumières de la place ont conjointement été éteintes ce qui insécurise les perruches.
Et depuis, plus d’oiseaux exotiques verts dans les grands arbres de cet espace. Il faut dire que les services municipaux continuent d’éteindre l’éclairage public…
La phase de tests se poursuit. Les riverains et commerçants comment à retrouver leur tranquillité et leurs habitudes de flânerie ou de travail.
Jean-Baptiste Demauge avance lentement et surement sur les techniques d’effarouchement. « Vendredi soir, nous allons éclairer la Place pour voir si les perruches reviennent. Auquel cas nous éteindront à nouveau. Nous procédons pas à pas. Le but est de constater ce qui fonctionne le mieux car elles sont intelligentes. Elles sont environ 150 actuellement dans leur dortoir de la Place de Gaule mais la colonie monte jusqu’à plus de 500 volatiles hors période de nidification. Il faut donc vraiment trouver la meilleure solution pour qu’elles ne reviennent plus. »