Pour réussir dans la musique il faut monter à Paris ! Combien de rêves d’artistes ont été freinés par ce refrain qui s’est abattu sur d’innombrables Azuréens en quête de carrière. Pourtant, certains ont réussi à traverser le miroir. Rencontre avec 4 d'entre eux par Bernard Persia.
"Pour réussir dans la musique il faut monter à Paris !" Combien de rêves d’artistes ont été freinés par ce refrain rabat-joie qui s’est abattu sur d’innombrables azuréens en quête de carrière. Pourtant, certains, plus talentueux, plus audacieux, plus chanceux que les autres, ont réussi à traverser le miroir. 4 destins qui se sont construits avec, au bout du chemin, l’inaccessible étoile, celle de pouvoir vivre de sa passion, la musique.
C’est à des cheminements singuliers que j'ai voulu m’intéresser, des êtres qui, un jour, ont croisé leur destinée.
Avec chacun son histoire, son origine, sa curiosité, sa révélation.
4 existences portées, nourries, transcendées par la musique
► Côté accordéon
Le premier portrait est celui d’un accordéoniste que rien ne prédisposait à faire carrière, Frédéric Viale. Fils d’une couturière et d’un père berger, il a grandi à la campagne, à La Roquette sur Siagne dans les Alpes-Maritimes.
Certaines rencontres peuvent faire basculer une vie, la sienne croise un certain Lucien Galliano, le professeur d’accordéon de sa sœur aînée. Il a 8 ans et demi. Il attrape le virus. Cet instrument ne le quittera plus jamais.
A ses premiers bals, à 13 ans, il comprend qu’il peut en vivre. Il va découvrir aussi le jazz grâce à Django Reinhardt, Stéphane Grappelli, Charlie Parker et Miles Davies. Il va s’ouvrir ensuite aux musiques latino, brésilienne, argentine.
Son talent explose et le porte sur d’innombrables scènes nationales et internationales. L’artiste a soif d’apprendre et de transmettre en jouant ses propres compositions au point d’avoir réalisé à ce jour pas moins de 4 albums sur des rythmes de jazz, tango et latino accompagné de grandes pointures musicales.
Cerise sur le gâteau d’une trajectoire hors normes, en 2015, Pigini, le fabricant italien d’accordéon de renommée internationale offre à Frédéric Viale un instrument créé rien que pour lui !
► Musique en famille
Le second portrait est collectif, c’est celui d’un groupe ou plutôt d’un véritable clan familial, O.C Brothers, comprenez « Original Cosoleto Brothers ».
Calabrais d’origine, les frères Cosoleto, José, Dominique et Tony sont tombés dans la musique dès leur plus tendre enfance, bercés par le talent de deux oncles, l’un guitariste, l’autre ténor.
Mais ce n’est pas la musique italienne avec laquelle ils vont réaliser leur rêve. Ils ont la passion du blues et de tous ses dérivés, le rock and roll, la soul, le rythm and blues, le delta blues, le blues électrique, le ragtime…
Ils sont fatalement influencés par Presley, BB King, Otis redding, Jimmy Hendrix ou autre Ray Charles.
A cette "affaire familiale" s’ajoute le beau-frère Richard qui fait de O.C.Brothers un groupe atypique qui ne cesse de grandir sur toutes les scènes régionales couronnées, il y a huit ans, le 25 juillet 2010, par celle de Juan-les-Pins, à l’occasion des 50 ans d’un des plus prestigieux festival au monde. O.C Brothers fait, ce jour-là, la première partie de Liz McComb, la diva du chant gospel. Une première consécration qui les a propulsés sur d’innombrables scènes de la région renforcés parfois par une section de cuivres, piano ou harmonica dans la plus pure tradition du rythm and blues. Un groupe familial dont on a pu apprécier non seulement le talent mais aussi l’incroyable complicité.
► Côté violon
Le mot n’est pas galvaudé, le troisième portrait est celui d’un véritable génie. Il s’agit du violoniste niçois François Arnaud. Diplômé des conservatoires de Nice et Lyon, ce musicien est doté d’une virtuosité exceptionnelle.
Une virtuosité qui va le propulser sous le feu de tous les projecteurs. De formation classique, son incroyable dextérité, sa capacité unique d’improvisation, son éclectisme le portent dans des expériences de prestige.
Des émissions « Champs Elysées » « Sacrée soirée » « Les Enfoirés » à L’Olympia, Le Royal Hall de Londres ou le Zénith de Paris, son talent fait merveille. Et l’amène à collaborer pour une pléiade de stars aussi diversifiées que Stéphane Grappeli, Ennio Morricone, Charles Aznavour, Barry White, Dione Warwick, George Benson, Jerry Lewis….La liste est interminable.
Il parcourt les scènes du monde entier, jusqu’au jour, récompense symbolique suprême, où son illustrissime devancier Didier Lockwood, peu avant sa disparition, le fait monter sur scène pour un duo mémorable à l’Opéra de Nice.
Comme une passation de pouvoir. Membre et créateur de multiples formations avec notamment de nombreux amis musiciens azuréens il vit à Mougins. N’a pas quitté ses racines et continue à émerveiller tous les publics de la planète.
► Côté harpe
Cécile Bonhomme, qui vit à Villeneuve Loubet. Issue du conservatoire national de région de Nice où elle obtient, à l’unanimité, en 1996, le premier prix de harpe, elle se singularise par l’originalité de son parcours, d’un éclectisme absolu.
Elle est de tous les voyages musicaux où son instrument illumine à chaque fois la musique qu’elle joue. En France ou à l’étranger, aux côtés de grands solistes tels que Philippe Bernold, Elisabeth Vidal ou Laurent Korcia, Cécile Bonhomme marque de son empreinte son jeu inimitable, qui allie grâce et virtuosité. Ce qui l’amène à être invitée à participer à l’intronisation puis le mariage du Prince Albert IIde Monaco filmé devant 2 milliards de téléspectateurs.
Son appétit d’expériences la conduit à accompagner Lara Fabian, mais aussi le guitariste Jean-Félix Lallane avec lequel elle prépare un futur spectacle intitulé « Entre classique et cinéma ». Sa soif d’explorations la pousse à créer l’association Harpe Diem pour élargir l’accès de la culture et des arts à tous, valides ou handicapés. Elle donne enfin des cours de harpe au conservatoire de Cagnes-sur-mer et à l’école de musique de Villeneuve Loubet pour transmettre son art. Au final portrait d’une musicienne attachante aux multiples facettes.
► Une série signée : PERSIA Bernard, MOUAKI Djamel, GRAS Fabrice et JUVIGNY Jimmy.