Le tournoi Ultimate Tennis Showdown (UTS) organisé par Patrick Mouratoglou, entraîneur de Serena Williams, réunit à Biot dix joueurs dont 4 classés dans le Top 10. La compétition entend proposer un tennis d'un nouveau genre, avec cartes bonus et discussions avec le coach pendant la rencontre.
Une heure et pas une seconde de plus! C'est la durée d'un match d'UTS. Le "showdown" ou confrontation, se déroule en 4 quart-temps de 10 minutes entrecoupés d'une pause de 2 minutes. Pas de public dans les tribunes de la Mouratoglou Academy, crise sanitaire oblige. Pour voir les rencontres il faut s'abonner à un site en ligne.
Le tennis du futur imaginé par Patrick Mouratoglou s'inspire des codes du e-sport : sur le court les joueurs gardent leur raquette mais ils disposent de cartes bonus, ils parlent aux coachs et aux commentateurs entre deux quart-temps.
Le tout en anglais, c'est obligatoire, même si ce n'est pas leur langue maternelle. Les sportifs à l'affiche ont aussi des surnoms. A Biot, Stefanos Tsitsipas devient "le Dieu Grec"et Richard Gasquet est appelé "Le Virtuose" puisque "Le French Flair" était déjà pris par Lucas Pouille.
Privé de compétition officielle depuis trois mois comme tous les joueurs professionnels, Lucas Pouille, 58e joueur mondial, avait hâte de se mesurer à nouveau à des adversaires : "C'est un nouveau format, on n'est pas habitué, mais ça fait des matches et je suis content de participer."
Parler fait partie du jeu
Le fait de parler à son coach ou de devoir répondre aux questions des commentateurs du tournoi pendant la rencontre est une première : "D'habitude on est seul, là ça fait partie du jeu, alors on parle tactique, et de temps en temps on rigole pour se détendre."
Le niçois Eliott Benchetrit, 208e mondial, est l'invité de dernière minute. Son surnom dans cette compétition c'est "The Underdog", qu'on traduirait en français par... l'outsider. Un statut dont il a su tirer avantage pour battre son compatriote Lucas Pouille.
Dans cette drôle de compétition, les joueurs ne risquent pas une amende s'ils jettent leur raquette au sol
Dans cette drôle de compétition, les joueurs ne risquent pas une amende s'ils jettent leur raquette au sol. Au contraire, c'est aussi pour leur capacité à exprimer leur réactions sur le court qu'ils ont été invités.
Du tennis-spectacle auquel Eliott Benchetrit prend plaisir à participer : "Là on est vraiment décomplexé, on peut vraiment lâcher notre tennis. Chaque joueur a été choisi pour son style différent, on nous demande d'être naturel, et ça c'est super agréable quand on arrive sur le terrain de ne pas se poser de questions, de ne pas penser au regard des autres, d'être tout simplement nous-mêmes et de jouer."
Les premiers retours sur cette compétition sont mitigés. Les tenants d'un tennis pur se pincent le nez. Ce ne sont pas eux que Patrick Mouratoglou cherche à convaincre : "Les codes du tennis traditionnel sont un repoussoir pour les nouveaux fans jeunes, qui cherchent un spectacle plus court, plus intense, plus dynamique, plus interactif. L'UTS c'est complètement différent de ce que l'ATP, la WTA et les grands chelems proposent. C'est une expérience immersive, on est complètement avec le joueur à chaque changement de côté on sait où il en est."
Les matchs de l'ATP ne reprendront pas avant au moins la fin juillet. Le premier tournoi UTS sera alors terminé. Patrick Mouratoglou compte en organiser d'autres. C'est bien un deuxième circuit qu'il entend mettre en place.
L'avenir dira s'il y a de la place pour deux mondes autour de la petite balle jaune.