Spécialiste des épreuves de nage libre dans les années 50, Willy Blioch fut détenteur d'un record du monde en relais. C'est lui qui a inventé le virage "culbute". Histoire d'une révolution.
C'est une figure impressionnante, puissante et indispensable pour réaliser de bons chronos. Le virage culbute, c'est le fait de réaliser une forte poussée à la force des jambes après un demi-tour. Utilisé par tous les nageurs depuis des décennies. Cette figure est née dans l'esprit de Willy Blioch en 1952.
Deux ans plus tôt, il remportait une médaille d'argent aux Championnats d'Europe (Vienne) au titre du relais 4 × 200 m nage libre avec ses compatriotes Joseph Bernardo, Jean Boiteux et Alex Jany . Le 2 août 1951, à Marseille, le quatuor réalisait le record du monde du relais 4 x 200 m nage libre : 8 minutes et 33 secondes (7 secondes de moins que le précédent).
"J'étais blessé à la main, alors j'ai utilisé mes pieds"
En 1952, l'athlète est victime d'un accident de la route. Il est alors passager, le véhicule perd une roue, la main de Willy Blioch vient frapper son coude (fracture). Alors lors des entraînements, il se met à redouter le moment de toucher le mur.
J’avais peur de toucher le mur avec la main. J’y allais tout doucement. Lors d'une course de sélection entre la France et la Russie, j'ai effectué une roulade avant et je me suis relancé avec les pieds. J'ai alors été éliminé parce que je n'avais pas fait comme tout le monde. Finalement, tout le monde a fini par faire comme moi.
Le virage "culbute" est né. Et sa technique devient universelle. Le nageur ne tire aucune fierté de sa trouvaille qui a tout de même permis de gagner 1 seconde à chaque virage, voir une seconde et demi.
A l'époque, il n'y avait pas beaucoup de bassins de 50 mètres. Les courses se disputaient sur des bassins de 25 mètres. Lors d'un 100 m, on réalise 3 virages. Donc ce geste a vite fait la différence.
Dans le courant des années 50, l'athlète s'installe à Antibes et devient gérant du PamPam. A l'époque, il côtoie Marcel Serdan (et Edith Piaf) qu'il rencontre sur un plateau de télévision.
Willy Blioch continuera à nager même après ses 80 ans, tous les jours 45 minutes, à la piscine Jean-Brunoz d'Antibes. Il a d'ailleurs remporté de nombreux titres de champion de France et des podiums internationaux (catégorie Masters).
Ce qu'il pense de la génération actuelle des nageurs ? "Ils sont forts, ils sont costauds. C’est beau !".