C'est une première en France : la peste verte, déjà diagnostiquée en Corse et dans la région Paca sur des buissons, s'attaque désormais aux oliviers, à Antibes et Menton.
C'est une bactérie mortelle pour 200 espèces de végétaux, et en Italie, dans la région des Pouilles, la Xylella fastidiosa a ravagé des oliveraies.
Cette " peste verte " est transmise par des insectes, les cicadelles.
La bactérie est responsable du dessèchement rapide de l’arbre.
Dans les Alpes-Maritimes, deux arbres d'ornement sont contaminés à Antibes, dans une résidence privée et à Menton, sur un site qui n'a pas été notifié à la ville. Le ministère de l'Agriculture en a fait l'annonce, et c'est la première fois sur le continent que la bactérie s'attaque aux oliviers. " La gravité de ses impacts varie selon la souche, le végétal et l’écosystème concerné, précise le Ministère dans un communiqué, et il n’existe pas de traitement curatif ". La souche qui touche les oliviers est la "pauca". On connaissait la souche "multiplex" qui attaquait les myrtes et les lavandes.
Conformément à la réglementation, " les deux oliviers contaminés qui présentent des symptômes de dessèchements seront arrachés et détruits dans les tout prochains jours afin d'éviter la propagation de la maladie" est-il enfin indiqué.
Une bactérie présente sur d'autres végétaux en Corse et en Paca
A ce jour, six sous-espèces de Xylella fastidiosa ont été identifiées dans le monde : multiplex, pauca, fastidiosa, sandyi, morus, tashke.
La xylella a été repérée sur d'autres végétaux en Corse ( à commencer par des feuilles de myrtes ) et dans 19 communes du Var et des Alpes-Maritimes, rappelle le ministère. Les foyers et les périmètres de sécurité sont recensés dans une carte éditée par le ministère de l'agriculture.
Depuis 2015, quelque 5 100 échantillons d'oliviers ont été analysés en PACA mais aucun ne s’était révélé contaminé. L'olivier de Menton serait lié à la même bactérie que celle présente en Italie.
Voici la chronologie de la présence de la bactérie en Europe.
La bactéries Xylella fastidiosa sur #Olivier et #vigne: la propagation de l’une des pires crises sanitaires des plantes cultivées, probablement comparable à la crise du phylloxera sur la vigne au XIXème siècle➡️Mobilisation du Ministère de l'agriculturehttps://t.co/GEeUDfLpv9 pic.twitter.com/oTqqq3XrUl
— Patrick Hautefeuille (@PHautefeuille) December 1, 2017
La procédure
Un périmètre de lutte est établi, avec l'arrachage des végétaux sensibles à la bactérie. Une surveillance renforcée de tous les végétaux dans un rayon de 5 kilomètres est organisée.Sur les réseaux sociaux, le ministère rappelle les consignes.
#Communiqué? | Le ministre @dguillaume26 rappelle l’importance de prévenir la diffusion de la bactérie #Xylella fastidiosa alors que la contamination de deux oliviers vient d’être confirmée à @antibes_jlp et à @villedementon.https://t.co/ruLgmM7GQB
— Alim'Agri (@Min_Agriculture) September 6, 2019
Le ministère demande la coopération "des propriétaires, particuliers ou professionnels" dans la lutte contre ce fléau, et il rappelle "la nécessité impérieuse, pour les professionnels mais également les particuliers, de ne pas transporter des plantes lors de voyages en France ou à l'étranger".
Interrogé sur le risque de propagation le président de la chambe d'agriculture Michel Dessus donne son avis. Selon lui, il faut observer les oliviers contaminés, travailler sur du piégeage d'insecte et sur des filets de protection pour les arbres. Arracher les végétaux implique un protocole drastique qui mettrait en péril la filière.Avant d'arracher il faut bien réfléchir, je suis dans les Alpes-Maritimes je ne veux pas me retrouver dans les Pouilles. Michel Dessus, Président de la chambre d'agriculture du 06.
10% de la filière française
La filière oléicole azuréenne représente plus de 4.500 hectares d’oliviers avec environ 300.000 arbres plantés sur des terrains en restanques. 104 communes sont concernées par cette filière. La production d'huile d'olive du département représente 10 % de la production française. Les dernières années ont déjà été difficiles, l'arrivée de la bactérie pourrait être dramatique pour les producteurs.
La Xylella Fastidisosa en Provence-Alpes-Cote-d'Azur
- En 2015 elle apparaît pour la première fois en Corse et en PACA sur des plans de polygales à feuilles de myrte puis sur une quarantaine d'autres végétaux.
- En 2016 la souche "pauca" a été identifiée pour la première fois en Provence-Alpes-Côte-d'Azur
- En 2018, un plan majeur de surveillance est mis en place avec plus 40 000 inspections sur l’ensemble du territoire.
- Les végétaux infectés sont soit détruits soit soumis à un protocole strict de surveillance comme certains oliviers multi-séculaires de Menton. Ainsi ils sont isolés pour les protéger de tout insecte vecteur de la bactérie.