Une condamnation assortie d'une peine de sûreté de 22 ans. Depuis ce lundi, Amin Mimouni, le petit ami de la victime, était jugé devant la cour d'assises des Alpes-Maritimes, à Nice, pour "meurtre par concubin".

À l'énoncé du verdict, Amin Mimouni, le compagnon de Salomé Garnesson, n'a eu aucune réaction. Celui qui avait battu à mort, avant d'abandonner le corps de sa victime sous un tas de détritus un soir d'août 2019, à Cagnes-sur-Mer (Alpes-Maritimes), va donc retourner en prison.

Quelques heures avant, ce jeudi matin, il s'est exprimé une dernière fois en lisant des notes qu'il avait préparées. "Je sais que vous me détestez, c'est normal", a-t-il dit en direction de la famille de Salomé. "Si je pouvais vous la rendre, je n'hésiterais pas une seconde."

Puis, "l'accusé dérape", raconte Hélène Maman, notre journaliste présente sur place à l'audience.

Est-ce que A. (une des amies de Salomé) est là ? Je l'accuse de non-assistance à personne en danger car elle n'a rien fait pour l'aider alors qu'elle savait qu'elle était en danger de mort.

Amin Mimouni, accusé

"Vous voulez la vérité en face ?", dira ensuite Amin Mimouni à trois reprises, sans "jamais présenter ses excuses", précise notre journaliste Hélène Maman.

Silence et sidération dans la salle d'audience, à tel point que l'accusé sera interrompu par Me Sophie Rebaudengo, une de ses avocates.

"Ça m'a fait disjoncter"

"Il a reconnu le faits et assumé ses actes odieux", a plaidé la défense, rappelant la violence d'un père qui appelait son fils "Staline". "Il est devenu un adulte agresseur." Un passé qui aurait été le déclencheur des violences quand Salomé a dit à son petit ami qu'il ressemblait à son père.

"Il vous l'a dit : 'J'ai perdu le contrôle, ça m'a fait disjoncter'", a expliqué Me Rebaudengo.

Il n'a pas volontairement donné la mort à Salomé. Ce n'est pas une exécution pure et simple. L'écarter définitivement de la société n'est pas une solution, il a cruellement besoin de soins.

Me Sophie Rebaudengo, conseil de Amin Mimouni

"Pour le juger justement, cherchez chez Amin Mimouni sa part de lumière", conclura l'avocate de la défense à l'attention des jurés.

Des jurés qui ont finalement condamné l'homme de 29 ans à une peine de prison à perpétuité assortie d'une peine de sûreté de 22 ans.

L'accusé et ses conseils ont 10 jours pour interjeter appel.

Verdict conforme aux réquisitions

Ce jeudi, peu avant 10h30, s'est donc terminé le quatrième et dernier jour d'un procès éprouvant pour la famille et les proches de la victime. La violence de ce meurtre, le 100e féminicide de l'année 2019, avait été telle que le père de Salomé, venu témoigner mercredi, n'avait "pas pu reconnaître (s)a petite fille tellement elle était détruite".

Au total, "46 traces de coups" avaient été dénombrées sur le corps de la jeune femme de 21 ans. Seule une comparaison ADN avait permis de confirmer son identité.

Mercredi, l'avocat général avait demandé à l'encontre de l'accusé la peine maximale : la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une période de sûreté de 22 ans.

Face à "l'exceptionnelle gravité des faits, vous ne pouvez pas envisager une autre peine", a réclamé Fabien Cézanne, pour qui "la dangerosité sociale de l'accusé existe bel et bien" et qualifiant le meurtre d'"exécution".

Relation sous emprise

Durant cette troisième journée du procès, qui coïncidait avec la Journée internationale des droits des femmes, la mère de Salomé est venue apporter un témoignage poignant, entrecoupé de sanglots, disant toute sa "culpabilité" face à ce drame qu'elle n'a pu éviter.

"Elle était libre, on l'avait élevée dans la liberté", a-t-elle confié, avouant son "incompréhension" face à l'emprise qu'exerçait son concubin sur sa fille, qu'il avait forcée à arrêter ses études d'anthropologie puis son emploi de vendeuse, qui la privait de téléphone et qui avait piraté ses réseaux sociaux.

C'était une magnifique jeune femme, aussi bien intérieurement que physiquement. Cela a été un changement radical dès le moment où elle s'est mise avec cet homme qui l'a coupée de nous.

Maman de Salomé Garnesson

"La culpabilité, s'il doit y en avoir une dans cette salle, ce n'est certainement pas de votre côté", a tenté de la rassurer la présidente. Candice, la sœur de Salomé, 16 ans au moment des faits, a, elle, expliqué sobrement que, depuis ce drame, elle est "sous-antidépresseurs, ne peut plus avancer".

Après avoir nié toute violence pendant près de quatre ans, Amin Mimouni, lui-même victime de violences de la part de son père durant son enfance et consommateur régulier de cannabis, avait reconnu le meurtre ce lundi, mais une responsabilité a minima.

(Avec AFP)

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