Une quarantaine de d'enfants, de petits-enfants de harkis et de représentants associatifs sont venus de toute la région ce dimanche sur l'île Saint-Marguerite, à Cannes, pour rendre hommage aux nombreux musulmans enterrés sur place.
A chaque pas sur cette île, ils s'enfoncent un peu plus dans leur passé. Un karki de 90 ans, des enfants de harkis et des petits-enfants sont venus rendre hommage à l'émir Abdelkader, héros de la nation algérienne, dont la "smala", femmes, enfants et serviteurs, ont été prisonniers au fort de l'île Sainte-Marguerite en 1843.
Cette île se situe au large de Cannes comme le montre cettte carte.
Les Harkis étaient des supplétifs musulmans engagés pendant la guerre d'Algérie par l'armée française, environ 40 000 à 50 000 harkis sont venus en France à la fin de la guerre comme réfugiés.
La quarantaine de personnes venue sur l'île revit l'histoire de l'Algérie et des soldats musulmans de l'armée Française. En 1817. En France, les royalistes expulsent les Mamelouks, soldats africains de l'armée Napoléonienne ont été eux aussi prisonniers sur cette île qui fait partie des îles de Lérins.
Découvert grâce aux Harkis
Des harkis, devenus ouvriers forestiers sur cette île après la guerre d'Algérie vont, sans le savoir, ramener à la lumière l'histoire de ces prisonniers musulmans restée enfouie dans la végétation dense pendant 150 ans en découvrant un cimetière.
Au bout du chemin, les enfants et petits-enfants de harkis découvrent ces cercles de pierre, sépultures traditionnelles musulmanes.
"C'est émouvant et très impressionnant. Quand on arrivé on sent que c'est un lieu de paix et de sérénité", explique Khaled Benferhat, maire de Saint-Etienne-Les-Orgues (04).
Il pourrait s'agir du plus ancien cimetière musulman de France. Des sépultures anonymes, signe d'une mémoire amputée.
Plus qu'un pèlerinage, cela ressemble à une marche de la réconciliation, en hommage aux combattants de la nation algérienne et de la nation française. Un pas vers l'autre, pour apaiser les mémoires, toutes les mémoires.
Un Harki demande à l'Etat français de céder une partie de l'Île Sainte-Marguerite aux associations d'anciens supplétifs
Quand il s'agit d'honorer la mémoire des harkis, Ahmed Alexandre Dakiche n'a pas peur des paris un peu fous.
Le dernier en date : demander qu'une partie de l'Ile Sainte-Marguerite, au large de Cannes, soit cédée aux associations qui honorent la mémoire de ces supplétifs de l'armée française pendant la Guerre d'Algérie.
L'annonce a été faite hier, lors d'une marche de la réconciliation. Une promenade sur les traces des prisonniers musulmans retenus sur l'ïle, héros de la nation algérienne, comme Abdelkader, dont la "smala" (femmes, enfants et serviteurs) fut emprisonnée dans le Fort, ou héros de la nation française, comme les Mamelouks (ces soldats africains de l'armée napoléonienne chassés par les royalistes français).
Ce sont d'ailleurs leurs sépultures qu'ont découvert, par hasard, les harkis, dans les années 70. Devenus ouvriers forestiers, ils ont, en élaguant les arbres, mis au jour ce qui pourrait être le plus ancien cimetière musulman français. Il se trouve sur l'Ile Sainte-Marguerite et reste encore méconnu des visiteurs, car les sépultures, simples cercles de cailloux, passent presque inaperçues.
Apaiser et réconcilier ces mémoires, c'était le but de cette marche.
Mais Ahmed Alexandre Dakiche ne veut pas s'arrêter là. Il espère que les harkis "sans identité ni pays" puissent trouver sur l'ïle Sainte-Marguerite un lieu de recueillement et de mémoire, et espère a minima l'installation d'une stèle pour rappeler le dur labeur des anciens combattants de l'Armée française, devenus ouvriers forestiers.