La location de bateaux entre particuliers est une pratique de plus en plus répandue sur la Côte d’Azur ou sur les lacs de la région. Face à ce nouveau marché, les professionnels de la navigation s’estiment lésés et demandent davantage de contrôles.
Du côté de Mandelieu-la-Napoule dans les Alpes-Maritimes, alors que l’été joue les prolongations, certains se frottent les mains tandis que d’autres grincent des dents.
Du côté du port Marina, c’est un vent d’amertume qui souffle. Certains propriétaires de bateau n’hésitent pas à louer leur embarcation sur le modèle des locations via le site Airbnb et s’en réjouissent. Grâce à son annonce sur un site spécialisé, Eric Heyberger a réalisé un bénéfice d’un peu plus de 2 800 euros cette année.
Ce bateau est en location ponctuellement. Ce qui nous permet de pallier les frais engagés pour sa maintenance et pour son entretien.
Eric Heyberger Propriétaire de bateauà France 3 Côte d'Azur
Une simplicité de réservation qui agace de plus en plus les professionnels du secteur.
Un montant qui varie du simple au triple
200 euros pour les propriétaires de bateau qui louent à des particuliers, de 130 à 980 euros pour une location classique. Cette année, le chiffre d’affaires de Jean-Bernard Meunier qui propose une trentaine de bateaux sur les rives de Siagne a encore diminué de 20%.
Nous n’avons pas augmenté nos prix depuis 4 ans parce que nous avons affaire à la concurrence sauvage des loueurs particuliers qui louent leur bateau au prix qui leur convient, à n’importe quel prix.
Jean-Bernard Meunier; gérant de Sud-Est Nautique.à France 3 Côte d’Azur
La situation de Jean-Bernard Meunier n'est pas un cas isolé.
Une redevance supplémentaire pour les propriétaires de bateaux
Alors que le phénomène touche l’ensemble du littoral azuréen, certains ports ont même décidé d’agir. Aujourd’hui à Saint-Laurent du Var les propriétaires qui souhaitent louer leurs bateaux à des particuliers doivent payer une redevance supplémentaire au port et justifier de leur comptabilité en tant qu’entreprises.
On est arrivé à une centaine de bateaux alors qu’il n’y en avait que 30 qui appartenaient à des professionnels. Cela prenait le dessus de manière inéquitable par rapport à ceux qui faisaient leurs métiers dans des conditions normales.
Bernard Leporati PDG Yacht Club de Saint-Laurent-du-Varà France 3 Côte d’Azur
Et d'ajouter : "je trouve que ce n’est pas normal. Nous, nous avons été contrôlés. On paie la TVA, on paie les salariés et les charges sociales. On paye intégralement tout ce que l’on doit. Je ne sais pas si ces leurs particuliers déclarent bien leurs revenus ou s’ils s’en foutent."
Un sentiment d'injustice largement partagé.
"Pour eux, c'est de l'argent direct qui rentre"
Depuis deux ans, seules 20 autorisations ont été accordées. Loin de représenter une réelle avancée dans cette problématique, pour les professionnels de la Marina ce n'est juste une goutte d'eau.
On ne peut pas lutter contre des gens qui ne paient pas de charges. Ils ne prennent pas en compte les révisions des bateaux et leurs coûts. Ils ne respectent pas les règles de sécurité. Il faudrait davantage de contrôles de police portuaire et de gendarmerie maritime.
Isabelle Locboat Saint-Laurent-du-Varà France 3 Côte d'Azur
En France, la location de bateaux de particulier à particulier représente un chiffre d’affaires de plus de 28 millions d’euros déclarés en 2023.
(Avec David Da Meda).