A l'occasion du Festival de Cannes, le Cineum ouvre ses portes aux festivaliers et projette des longs-métrages en compétition. Visite de ce lieu pluriculturel singulier dans le quartier de La Bocca, avant son ouverture officielle "fin juillet".
Du béton brut, des écrans géants hautes technologies et des sièges plus confortables que des nuages. Lorsque les quelques bouts de scotch oranges et les fils électriques gisant encore au sol seront enlevés, il y aura même des restaurants, un pôle réalité virtuelle ou encore une salle d'arcade.
Le Cineum, gros iceberg flottant au milieu du quartier de la Bocca, détonne dans le paysage cannois.
Le complexe cinématographique a ouvert ses portes le 3 juillet dernier. Douze salles, 2 450 places ... dont il n'est pas encore possible de profiter totalement. L'ouverture officielle attendra "fin juillet" (sans plus de précision) et la fin complète des travaux, qui durent depuis trois ans.
Pour l'heure, le Cineum ne projette que les longs-métrage en compétition au Festival de Cannes. L'occasion, tout de même, de découvrir cet édifice singulier qui se veut être un véritable lieu de vie culturel.
"Des œuvres d'art à l'intérieur d'une œuvre d'art"
Lorsqu'on franchit les portes du Cineum la première fois, il peut être difficile de s'imaginer qu'il s'agit d'un cinéma. Ici, nous sommes loin du traditionnel cliché du complex cinématographique recouvert de moquette. Ambiance industrielle, décoration minimaliste... Philippe Borys-Combret, président de la Compagnie Cinématographique de Cannes et de Cineum, voulait créer un endroit "magique","qu'on aura nulle part ailleurs".
Pierre Lescure, président du Festival de Cannes, est formel : "Pour que le cinéma reste une culture populaire, les cinémas doivent être beaux".
Ainsi, c'est l'architecte Rudy Ricciotti qui s'est occupé de la conception du Cineum (dans ses faits d'armes, nous pouvons notamment noter le Mucem à Marseille ou encore du pont de la République à Montpellier).
Résultat : nous avons"un cinéma qui est une œuvre d'art, où se trouvent à l'intérieur d'autres œuvres d'art", se félicite Philippe Borys-Combret, "c'est une véritable boîte de Pandore du cinéma".
Au rez-de-chaussée, une galerie accueillera des expositions, en fonction des thématiques des films projetés. En entrant dans certaines salles, des scénographies lumineuses nous donnent l'impression de pénétrer dans un parc d'attraction futuriste.
Les néons ponctuent le voyage dans le Cineum jusque dans les salles. A l'intérieur, tout a été pensé pour que les spectateurs profitent d'un "moment privilégié", pour les yeux comme pour le corps. Dans le Lodge, salle VIP et intimiste, les sièges se déplient jusqu'à ce que l'on soit presque allongé. La salle IMAX offre une qualité d'image incroyable. Le Cineum s'enorgueillit d'ailleurs de pouvoir offrir une complète immersion sonore dans toutes ses salles, avec des haut-parleurs des murs jusqu'au plafond.
La grande fierté de l'équipe du Cineum reste la salle Aurore. Surtout son écran. En temps normal, les toiles de cinéma sont perforées pour laisser passer le son des haut-parleurs, qui se trouvent derrière.
Dans la salle Aurore, l'écran ne l'est pas. L'onde sonore est produite devant l'écran, grâce à une technologie née de l'entreprise franco-américaine Delair Labs, la société américaine DTS et le mixur son Didier Lozahic.
Pour autant, "nous voulions rester modestes et aller à l'essentiel", assure Philippe Borys-Combret, tout en étant "à la hauteur de la renommée de la ville de Cannes".
Coût modeste de cette opération : 33 millions d'euros.
Objectif de 700 000 visiteurs par an
"C'est une belle et grande nouvelle pour le septième art. Un rêve que l'on voit se concrétiser", abonde David Lisnard, maire de Cannes. Une bonne nouvelle aussi pour le quartier de la Bocca : "Avant, à la place du Cineum, in avait des terrains pollués, des usines à gaz, un no man's land. Le quartier est en plein renouveau".
Alors que la pandémie mondiale a remis en cause l'avenir du cinéma, David Lisnard l'assure : les Cannois viendront au Cineum. "Le cinéma a un avenir à condition que l'on apporte aux spectateurs une émotion que l'on ne retrouve pas chez soi".
Philippe Borys-Combret espère que le Cineum attirera 700 000 visiteurs chaque année. "Nous voulons que les Cannois y passent la journée", ajoute-t-il, précisant qu'il n'est pas obligatoire de visionner des films pour profiter des restaurants et des espaces de jeu. Un vrai lieu de culture, qui pourrait faire revenir les cinéphiles qui ont déserté les salles cannoises aux profit des niçoises.
Les faire venir à La Bocca :
Mais le vrai cœur de cible du Cineum, c'est les jeunes. "Nous voulons les toucher, les sortir de leur iPhone", continue Philippe Borys-Combret. Ce qui explique l'idée d'une salle d'arcade et de réalisté virtuelle, et même l'invitation de Marina Correia, la Niçoise championne du monde de longboard dancing, dans leur futur teaser. Concernant le côté écologique du projet, sujet que les jeunes ont à cœur : les projections laser consomment moins d'éléctricité que les projections traditionnelles.
Et les pop-corns sont bio et made in France.
Le Cineum veut mélanger les genres et les gens, jusque dans sa programmation. Philippe Borys-Combret fait le pari de mélanger le cinéma généraliste à celui d'art et d'essai. Il conclut : "Cette mixité est complexe à gérer. Mais la richesse des échanges fait la richesse d'une société".